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Turquie : Erdogan se place entre le marteau syrien et l'enclume de ses opposants. Le bilan des attentats de Reyhanli serait de 177 morts

Auteur : Dario S. via Alter Info | Editeur : Stanislas | Jeudi, 16 Mai 2013 - 10h42

Pour éviter la fronde intérieure, Ankara minimise l’attentat de Reyhanli En effet, Ankara continue d’évoquer 49 morts dans les explosions de Reyhanli, attribués à un groupuscule turc d’extrême gauche, lié au services syriens. C’est le même groupe qui serait responsable des crimes commis dans la région de Banias et Al-Baïda, début mai, faisant plus de 700 morts. Un acte qualifié « d’épuration confessionnelle visant à nettoyer le territoire du futur Etat alaouite ». Mais d’autres sources, comme la radio russe « La Voix de la Russie » avance le chiffre de 146 morts. L’agence « APA » basée en Azerbaïdjan cite de son côté le journaliste turc Ferdi Ozmen, qui a répertorié 177 morts, se basant sur les registres des hôpitaux de la région : « 26 corps ont été emmenés à l’hôpital Defne, 44 à l’hôpital public d’Antakya, 18 à l’hôpital Kirikhan, 6 à l’hôpital Akademi, 3 à l’hôpital Akdeniz, 30 à l’hôpital de la recherche et 50 à l’hôpital de Reyhanli ». Le plus inquiétant est que Ferdi Ozmen a été arrêté après avoir publié ces données sur les réseaux sociaux.

Alors que les médias révèlent, peu à peu, l’ampleur des attentats, le gouvernement turc semble revenir sur ses premières accusations désignant les services syriens. Le numéro deux du gouvernement, ainsi que le ministre de l’Intérieur, avaient confirmé l’arrestation de neuf turcs, liés à la Syrie. La police avait quant à elle affirmé que les voitures et les explosifs ont été acheminés depuis la Syrie, et préparés dans un garage à Hatay. Mais le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a affirmé, ce lundi, que la Turquie doit être prudente dans l’approche de ces questions.

Pour les spécialistes de la question turque, « le premier ministre cherche à éviter la fronde de son opinion publique et celle de l’armée. Car il s’est impliqué dans le dossier syrien sans pouvoir ou vouloir en assumer les conséquences ». « En juillet 2012, un avion F-4 avait été abattu au large de la Syrie et les deux occupants, éjectés en parachute, auraient été arrêtés puis exécutés par les Syriens, sans que le gouvernement d’Ankara ne réagisse », regrette un expert. Il ajoute :« ce lundi, Ankara attribue la perte d’un F-16, près de la frontière syrienne, à une défaillance technique. Pourtant, le journal « Hurriyet » croit savoir sur son site que l’avion a été accroché par un radar, le pilote a annoncé à sa base qu’il s’éjectait, avant que le contact ne soit coupé. Il a été retrouvé mort et martyrisé. A-t-il atterri en territoire syrien ? A-t-il été capturé et tué par les forces du régime ? »

« Ankara ne veut pas accuser Damas d’être à l’origine de ce crash, ni d’avoir commandité les attentats de Reyhanli, et cherche à les minimiser, pour ne pas avoir à réagir », accusent les opposants d’Erdogan. Pour eux, « le premier ministre est soit complice avec Assad, soit impuissant face à la menace terroriste syrienne. Par son inaction il s’est placé entre le marteau du terrorisme syrien et l’enclume de la politique intérieure. Il a ainsi avalé des couleuvres et multiplié les gesticulations sous l’œil sans doute très amusé de Bachar Al-Assad ».


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