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Attentat de Boston : le mystère s'épaissit (1/3)

Auteur : Backchich | Editeur : Stanislas | Samedi, 11 Mai 2013 - 20h43

L’oncle des auteurs présumés de l’attentat a été un moment l’époux de la fille d’une pointure controversée de la CIA…

Il devient trivial d’affirmer que l’attentat perpétré lors du marathon de Boston le 15 avril, recèle de nombreuses zones d’ombre de nature à alimenter, une fois n’est pas coutume, les thèses conspirationnistes les plus farfelues.

Sauf que cette fois-ci, il y a des preuves pour les étayer.

Depuis le 26 avril Dzhokar Tsarnaev 19 ans, le frère cadet survivant de Tamerlan tué par la police lors de la chasse à l’homme du 19 avril, est détenu dans une prison-hôpital proche de Boston. Il y a 8 jours, il s’est vu signifier par un juge fédéral qu’il encourait la peine de mort. 

Depuis, le FBI se hâte d’étayer son dossier contre les frères Tsarnaev. Un dossier un brin discrédité par son communiqué penaud du 19 avril qu’il faut avoir en mémoire pour comprendre la suite :

La Fratrie Tzarnaev sur les radars russes

 (« …..Une fois connue l’identité des deux frères, le FBI a consulté ses dossiers et a découvert que début 2011, un gouvernement étranger a interrogé le FBI au sujet de Tamerlan Tsarnaev. La requête précisait qu’elle reposait sur des informations selon lesquelles il était un adepte de l’Islam radical dans lequel il avait une foi profonde, et il avait changé du tout au tout depuis 2010 alors qu’il se préparait à quitter les USA pour voyager dans la région du pays requérant, pour y rejoindre des groupes clandestins.

En réponse à cette requête, le FBI a vérifié le contenu de bases de données gouvernementales et d’autres informations comme ses communications téléphoniques, s’il s’était connecté à des sites associés à la promotion d’activités radicales, s’il était en relation avec des personnes surveillées, l’historique de ses déplacements et de ses activités, et le contenu de sa formation. Le FBI a également interrogé Tamerlan Tsarnaev et des membres de sa famille. Le FBI n’a trouvé aucune trace d’activité terroriste, dans le pays ou à l’étranger et ces conclusions ont été transmises au gouvernement étranger au cours de l’été 2011. Le FBI a demandé audit gouvernement des précisions plus spécifiques sans les obtenir. »).

En d’autres termes, « la cellule terroriste » présumée animée par Tamerlan Tsarnaev, boxeur amateur de bon niveau à ses heures perdues et grand voyageur, était donc réellement sur l’écran-radar du Bureau depuis qu’il a été sollicité par le gouvernement russe en 2011, sans que les contrôleurs n’observent la moindre activité suspecte. Premier sujet d’étonnement. 

Ajouté au dispositif policier et para-policier inhabituels sur le trajet du marathon, aux rumeurs d’un exercice d’alerte précédant de peu les deux explosions d’après plusieurs participants à l’épreuve, ça commence à faire beaucoup…

D’autant qu’est rapidement apparu à l’écran des médias US allant même jusqu’à en occuper tout le champs de vision pendant plusieurs jours à la suite de l’attentat, l’oncle des auteurs présumés du crime, un certain Ruslan Zaindi Tsarni, qui ne s’est pas fait prier pour faire passer les experts du Bureau pour des tocards.

L’Oncle Ruslan, citoyen américain bien sous tous rapports malgré une absence d’explication sur les circonstances dans lesquelles il a été amené à modifier son nom, s’est en effet consciencieusement employé à noircir le pedigree de ses deux neveux (« des losers solitaires ») qu’il prétend ne pas avoir revu depuis décembre 2005, et de leur famille.

Pour planter le décor, il a commencé par affirmer qu’il avait pris ses distances avec la famille de son frère Aznor, après avoir constaté que l’épouse de ce dernier, Zubeidat Tsarnaeva la mère des présumés auteurs du feu d’artifice du 15 avril, devenait une fanatique religieuse.

Tonton balance

«Bon client» des journalistes qui faisaient en permanence le siège devant la porte de sa résidence de Montgomery Village dans l’attente d’un nouveau scoop, Ruslan leur a vendu une salade russe sans doute un peu trop épicée au goût du FBI qui s’est retrouvé dans l’embarras pour n’avoir officiellement rien vu venir.

Ruslan Tsarni est en effet à l’origine de l’information des médias yankee selon laquelle Tamerlan Tsarnaev a quitté les USA il y a deux ans pour faire une virée au Daguestan, ancienne « république » soviétique d’Asie Centrale où son père réside aujourd’hui. De là, Les Tsarnaev père et fils, se seraient rendus en Tchétchènie, haut lieu du tourisme mondial et de la douceur de vivre comme chacun sait. Pour y faire Dieu sait quoi. Comment l’Oncle Ruslan qui affirme ne plus avoir de contact avec ses neveux depuis 2005 le sait-il ? Mystère…

A son retour, Tamerlan aurait exigé que son épouse se convertisse à l’Islam et aurait commencé à poster des vidéos jihadistes sur sa page Youtube. Plus étrange encore aux dires de son oncle, il aurait attiré l’attention de la Task Force anti-terroriste de Boston il y a trois mois, après qu’il se soit fait jeter dehors d’une mosquée de la ville pour y avoir publiquement tenu des propos jugés inacceptables par ses responsables religieux.

Toujours selon la même source décidément prolixe, Djohar (Dzokhar) le frère cadet de Tamerlan, aurait commencé il y a peu à faire part lui aussi sur son compte Twitter de sa profonde foi religieuse et à critiquer assez sévèrement ceux qui font l’amalgame entre islam et terrorisme. Le contenu de sa page FaceBook russe comporte même une vidéo montrant les persécutions dont seraient victimes les syriens et affiche des liens vers ses sites favoris dont Salamworld, une version islamique de Facebook…

L’erreur sans doute fatale pour la crédibilité du témoignage d’Oncle Ruslan aura été l’une de ses dernières déclarations fracassantes selon laquelle Tamerlan aurait été endoctriné par un mystérieux exorciste arménien converti à l’Islam prénommé « Misha » totalement inconnu de la communauté arménienne de Boston. L’évocation est d’autant plus troublante selon Hilda Avedissian, directrice du Centre Culturel Arménien de Boston, « qu’un arménien converti à l’Islam doit être moins fréquent encore qu’un trèfle à quatre feuilles en plein milieu d’un champs ». 

Un oncle si bien intégré

C’est sans doute en réponse aux confidences par trop sensationnelles de l’Oncle Ruslan que le FBI en la personne de son agent spécial Scott Cieplik a déposé officiellement le 1er mai devant la juge fédérale Marianne Bowler, une plainte d’une part contre Dias Kadyrbayev et Azamat Tazhayakov, étudiants et amis de Dzokhar Tsarnaev qui ont tenté de détruire un sac à dos contenant des effets personnels compromettants de ce dernier dont des fusées de feu d’artifice vidées de leur poudre et son ordinateur portable, et d’autre part contre un certain Phillipos qui se serait rendu coupable de faux témoignage.

Faut-il y voir un rapport avec la charge de Ruslan Tsarni contre la famille de ses neveux et par voie de conséquence contre l’aveuglement inexplicable du FBI à leur sujet, toujours est-il que son propre CV a fini à son tour sous les projecteurs de l’actualité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il vaut le détour.

A commencer par son parcours professionnel faisant une large place depuis 2005 à Big Sky Energy Corp dont il est vice président et Secrétaire Général. La boite est une fausse barbe d’Halliburton qu’on ne présente plus, titulaire de licences d’exploitation de pétrole du Kazakhstan.

Tonton Ruslan, diplômé en Droit de Duke en 1998, a aussi été avocat chez Salans Hertzfeld & Heilbronn où il conseillait les entreprises ayant des projets en Asie Centrale à la fin des années 90. Sans compter les piges qu’il a faites pendant 2 ans dans ce même Kazakhstan pour USAID qui comme l’affirment les mauvaises langues, entretiendrait des relations de longue date avec la CIA à laquelle elle fournirait une couverture chauffante en cas de besoin.

CIA, Halliburton et des ballades en Asie

Mais la cerise sur le gâteau c’est la révélation que l’homme a été l’époux jusqu’en 1999 de Samantha Ankara Fuller, fille de Graham Fuller, une ex-pointure de la CIA retiré des affaires de l’Agence en 1987 après 20 ans de bons et loyaux services lui ayant donné l’occasion de voir du pays.

Notamment en Turquie, au Liban, en Arabie saoudite, au Yémen, à Kaboul où il fut chef de poste de l’Agence, et à Hong Kong. En 1982, Fuller fut même nommé Responsable national du Renseignement pour le Proche Orient et l’Asie du Sud-Est avant de décrocher le titre de Vice-président du Conseil National du Renseignement en 1986 sous Reagan. 

On affirme même, sans doute à tort, que Fuller a écrit le scénario de « l’IranGate » de triste mémoire, mis en scène par le célèbre colonel Oliver North. C’est dire que Fuller qui possède une maîtrise de Russe de l’Université d’Harvard et enseigne aujourd’hui à l’université Simon Fraser de Vancouver après avoir été analyste politique à la Rand Corporation pendant 10 ans, a forcément conservé quelques contacts privilégiés au sein de l’Agence.

Tout ce que les médias ont pu arracher à l’ancien stratège de la CIA au sujet de son ex-gendre tient en quelques lignes à priori sans intérêt : « Comme tous les Tchétchènes, Ruslan était très concerné par le devenir de son pays de naissance. Je n’ai relevé aucune implication de sa part dans le domaine politique bien qu’il ait tenté de contacter d’autres Tchétchènes réfugiés aux USA. Il avait le mal du pays et est retourné en Asie Centrale après le divorce. Son anglais était approximatif ; nous nous parlions toujours en Russe…De possibles relations entre Ruslan et l’Agence par mon intermédiaire sont absurdes…. J’ai même de sérieux doutes sur le fait qu’il ait pu détenir des informations de valeur autres que la triste histoire de la déportation de sa famille de Tchétchènie en Asie Centrale sous Staline. Chaque famille Tchétchène connaît de telles histoires  ».

Néanmoins, que l’oncle des présumés minables auteurs de l’attentat du marathon de Boston « des losers gagnés à la cause de l’intégrisme islamique radical lors de virées dans le Caucase » ait pu domicilier en 1995 à Rockville Maryland chez son beau-père ex-ponte de la CIA, le siège social du « Congrès des Organisations Internationales Tchétchènes » qu’il a fondé à l’époque, est tout sauf anecdotique…  

(à suivre) prochain article : « Et si le FBI avait reçu l’ordre d’oublier les frères Tsarnaev ? »


- Source : Backchich

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