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Pourquoi n'a-t-on pas encore coupé la connexion Internet de Daech?

Auteur : Sputnik (Russie) | Editeur : Walt | Samedi, 23 Janv. 2016 - 15h47

Le web est souvent perçu comme un outil clé permettant à Daech d'endoctriner les jeunes étrangers, financer ses opérations grâce à la crypto-monnaie et échanger des messages impossibles à intercepter. Mais pourquoi ne coupe-t-on pas Internet à Daech? Est-ce vraiment possible?

Primo, l’organisation terroriste est très présente sur le web, notamment via des blogs et les réseaux sociaux pour enrôler de jeunes étrangers.

Secundo, l'Etat islamique utilise de la crypto-monnaie pour financer ses opérations. L'une des plus importantes caractéristiques de la monnaie cryptographique est qu'elle ne peut être censurée à la demande d’un tiers.

Tertio, les combattants de Daech utilisent des messageries notamment Telegram ainsi que d’autres applications sur Google Play qui sont supprimées quelques temps après leur apparition, pour communiquer sans être interceptés.

Pourquoi alors l'accès de Daech à Internet n'a pas encore été bloqué? Et est-ce vraiment possible? Si oui, qui peut le faire?

En principe, les treize Serveurs racine du DNS (Système de noms de domaine) sont gérés par l’ICANN (la Société pour l'attribution des noms de domaine et des numéros sur Internet) qui est une autorité de régulation d'Internet basée en Californie.

L’ICANN est chargé d'attribuer des adresses Internet numériques aux sites web et aux ordinateurs et de les traduire en adresses web pour les gens entrent dans leurs navigateurs.

Et puisque l’ICANN a vraiment un énorme pouvoir, celui qui contrôle la base de données ICANN pourrait contrôler tout Internet, d'après une information qui n'est pas du tout secrète et est très bien détaillée par The Guardian, Internet est en réalité contrôlé par 14 personnes possédant 7 clés bien réelles. En cas de catastrophe, ces personnes travaillant pour l'ICANN pourront reconstruire ou bloquer la base de données. Pour ne pas confier le contrôle sur Internet à une seule et unique personne, l’ICANN a sélectionné sept agents détenant chacun une clé et sept autres pour les contrôler, soit 14 personnes.

Là une question se pose, est-ce que les États-Unis ou ces 14 personnes sont capables de couper Internet à un pays ou une ville?

Mais même s'il est d'aventure impossible de couper Internet de l'extérieur, il reste toujours la possibilité de couper Internet aux groupes terroristes de l'intérieur, et ce sont les autorités du pays qui peuvent le faire.

Et plus encore, le gouvernement irakien l'a déjà fait en 2014. D’après le bimensuel américain Foreign Policy, Bagdad avait décidé de couper Internet dans les régions occupées par Daech.

Mais puisqu'il est impossible de couper Internet aux seuls combattants de Daech cette initiative a été très vite bannie pour ne pas porter atteinte aux civils vivant dans les zones occupées. Un argument répandu mais plus que douteux, est que des civils sunnites pourraient le percevoir comme une mesure contraignante à leur encontre de la part du gouvernement chiite de Bagdad, et finalement adhérer à Daech. C'est grâce à cet argument que les autorités américaines ont contraint Bagdad à rétablir la connexion.

Un autre argument qui n'est pourtant pas plus solide est que même à Raqqa, la “capitale de Daech”, il existe plusieurs groupes d'activistes qui fournissent des informations sur des blogs ou des sites sur ce qui se passe dans cette ville assiégée par les terroristes.

Mais quelle est l'utilité des informations venues de ces territoires occupés si le monde est déjà bien conscient des barbaries de Daech et que la propagation de nouveaux cas ne ramènera pas à la vie les victimes et ne rendra pas les fils et les filles tués aux mères en deuil? Pourtant, la coupure du web compliquera la vie aux combattants de Daech sur des territoires précis et rendra plus difficile l'accès à ces territoires à de nouveaux adeptes.

En attendant, il ne reste aux hackivistes du groupe Anonymous qu’à pirater les comptes liés à la propagande de Daech sur les réseaux sociaux.

Mais une source proche d’Anonymous cherchant et piratant les comptes liés à la propagande de Daech a confié à Sputnik que dans cette guerre, bien qu'utile, les batailles sont sans limites.

"Quand on pirate des comptes, des dizaines d'autres apparaissent sur le net, chacun d’eux étant libre d'être enregistré sur Twitter", déplore le hacker.

Finalement, tant que la liberté d'expression illimitée, assurée dans ce cas par Intern?t est appréciée plus que la liberté de vivre, tous les efforts sont bons mais ne suffisent pas pour vaincre dans la cyberguerre contre Daech.


- Source : Sputnik (Russie)

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