Les printemps arabes à la dérive
Les peuples arabophones d’Afrique du Nord qui ont provoqué puis répandu le mouvement qualifié de jasmin avant de devenir le Printemps Arabe, ont entraînés, sans le vouloir et sans s’en rendre compte, leurs nations dans la dérive. Pour la bonne raison que dans cette région devenue soudain explosive, il y a avait eu révolte et non révolution d’une part et que d’autre part et dans leur énorme majorité les « citoyens » concernés n’en n’étaient pas, plongés depuis des siècles dans l’ignorance des règles de la « cité » et encore moins politiques par les califes, les colonisateurs, les dictateurs et surtout une religion omniprésente.
Attentats à la bombe visant des représentations occidentales en Lybie, à Tripoli mardi pour la France avec deux blessés, et quelques mois auparavant, à Benghazi où il y a eu mort d’hommes chez des diplomates américains. Dans un pays voué à l’anarchie la plus totale depuis la chute de la dictature. Les milices armées y pullulent au nez et à la barbe d'un soi-disant gouvernement central incapable de sécuriser un territoire où les lois tribales ont resurgi et où, il est de notoriété publique, que des camps de futurs « rebelles syriens » ont été implantés aux confins des frontières avec la Tunisie.
C’est là, que pour une poignée de dollars – environ 3000 par individu – des centaines de jeunes tunisiens et libyens, voire quelques milliers, désœuvrés ou chômeurs dans leur quasi-totalité, sont entraînés au combat après avoir été recrutés pour le "djihad contre les infidèles" au grand jour par des prédicateurs radicaux, venus en nombre de l’Arabie et d’Egypte et reçus comme des princes, notamment en Tunisie. Il se confirme qu’à ce jour pas loin de 5000 jeunes gens, dont des filles pour « le repos du guerrier » ont été enrôlés et conduits vers la Syrie à travers des filières passant par le Liban et la Turquie..
Ce sont du moins les informations qu’a données récemment au quotidien de Tunis la « Presse » le président de l'Institut tunisien des relations internationales et membre de la commission des observateurs arabes en Syrie, Ahmed Manaï. Ce dernier a ajouté que cet enrôlement massif s’appuyant sur des financements très importants, avait été décrété à Tripoli il y a plus d’un an lors d’une réunion autour « …du Gouverneur militaire de Tripoli, djihadiste convaincu, des leaders rebelles syriens issus des Frères Musulmans, du chef du parti tunisien religieux radical au pouvoir, et du ministre des affaires étrangères du Qatar. »
Compte tenu des violents affrontements, politiques comme confessionnels, parsemés de mort d’hommes, qui secouent l’Egypte engoncée dans un pouvoir issu des Frères Musulmans, de l’incapacité de la Tunisie, où se sont bien installés salafisme et corruption, de se trouver une Constitution et un pouvoir qui fassent l’unanimité et le cahot qui règne en Lybie, une contagion est à craindre. Et si celle-ci gagne toute la bande arabophone nord-africaine, Egypte comprise il en est de la responsabilité - du laxisme ou la volonté démoniaque ? - des Etats Unis, de ses alliés objectifs européens et de leurs marionnettes « islamistes rigoureuses » de la péninsule arabique qui se sont engouffrées dans la région.
En laissant le pouvoir à des religieux bien organisés, dits "modérés" (un mot qui ne veut rien dire en la circonstance), à l’issue d’élections dont s’étaient détournés par ignorance plus du tiers des peuples concernés, il y avait risque d'y introduire la chienlit capable de s’élargir aux rives européennes du sud. A moins que tel aurait été le but, inavoué et inavouable, des puissants protecteurs en conseils et surtout en dollars, qui avancent masqués afin de faire échouer les printemps arabes. Ils éviteraient ainsi de « gangréner » le Moyen Orient et la fusion éventuelle d'Etats méditerranéens du Sud en une fédération indépendante car immensément riche en ressources minières dont beaucoup ne sont pas encore exploitées. Celles-ci auraient été repérées dans les profondeurs du bassin méditerranéen, surtout dans sa partie orientale. D'où la menace permanente exercée par cette autre marionnette qu'est Israël, la guerre actuelle en Syrie, la "mise sous tutelle" de Chypre et l'attitude équivoque de la Turquie.
Seul dans ce contexte « le Géant », l’Algérie, observe un silence « assourdissant » Il ne signifie pas pour autant qu’il soit « inattentif ».
- Source : Henri Diacono