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Vénézuela: L'opposition a la responsabilité des violences

Auteur : Presse Océan | Editeur : Stanislas | Mercredi, 17 Avr. 2013 - 11h14

Le pouvoir et l'opposition se sont renvoyés mardi la responsabilité des violences au Venezuela, après des manifestations contre l'élection de Nicolas Maduro qui ont fait sept morts et une soixantaine de blessés, selon les autorités, plongeant ce pays dans une de ses plus graves crises depuis une décennie.

Le candidat de l'opposition Henrique Capriles, qui réclame un nouveau comptage des bulletins de vote de la présidentielle de dimanche, a accusé le gouvernement d'être "derrière ces épisodes de violence", tout en lançant un appel au "dialogue".

"Nous sommes disponibles pour ouvrir un dialogue, afin que cette crise soit réglée dans les prochaines heures", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à son quartier général.

Par souci de "responsabilité", M. Capriles, gouverneur de l'Etat de Miranda (nord), a de plus appelé ses partisans à renoncer au rassemblement prévu pour mercredi à Caracas, afin de ne pas faire "le jeu du gouvernement" qui veut qu'il y ait "plus de morts dans le pays".

Depuis lundi soir, les manifestations contre l'élection de M. Maduro ont fait au moins sept morts, dont un fonctionnaire de police de l'Etat de Tachira (ouest) et 135 personnes ont été interpellées, ont annoncé les autorités.

"Ils ont été tués par des hordes fascistes", a réagi mardi M. Maduro, reprochant à son adversaire d'orchestrer "un coup d'Etat", 11 ans après celui qui avait brièvement écarté du pouvoir son défunt mentor, le dirigeant socialiste charismatique Hugo Chavez.

Dans une allocution télévisée, il a annoncé qu'une enquête avait été ouverte à l'encontre d'un "petit groupe de militaires", soupçonnés d'avoir été contactés par l'opposition.

Auparavant, il avait pris un bain de foule à Caracas et averti qu'il interdirait la manifestation de l'opposition de mercredi, jour où le gouvernement a lui-même convoqué un rassemblement de masse dans la capitale. "S'ils veulent me renverser, qu'ils viennent me chercher. Je suis là avec un peuple et une armée", a-t-il dit.

Auteur du meilleur score jamais réalisé par l'opposition, M. Capriles continue de reprocher au Conseil national électoral (CNE) d'avoir proclamé président M. Maduro, vainqueur d'une courte tête (50,75% contre 48,97%), avant d'avoir procédé à un nouveau comptage des bulletins de vote.

"Quand quelqu'un crie +bingo+, il faut montrer sa grille", a-t-il ironisé.

Les Etats-Unis ont aussi mis en cause mardi l'officialisation de la victoire de M. Maduro, tout en appelant les Vénézuéliens à "cesser les violences", à l'instar de l'Organisation des Etats américains (OEA).

Appelés à manifester mardi devant les centre régionaux du CNE et à poursuivre les concerts de casseroles, les "caprilistes" se sont rassemblés dans plusieurs Etats, tout comme des groupes de fidèles "chavistes", portant des chemises rouges.

Le veille, des véhicules avaient été incendiés dans l'Etat de Barinas, dont est originaire M. Chavez, et le siège du parti au pouvoir a été partiellement détruit dans l'Etat de Tachira (ouest).

Plusieurs médecins cubains travaillant dans des quartiers pauvres, dans le cadre de la coopération avec le Venezuela, ont en outre été agressés, tandis que des groupes motorisés s'en sont pris aux sièges de télévision publique VTV et de la chaîne internationale Telesur, financée par le Venezuela.

Des membres du gouvernement ont aussi accusé des manifestants d'avoir attaqué le domicile de la présidente du CNE, Tibisay Lucena, ainsi que plusieurs bureaux du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV), dont l'un a été incendié.

Cible de l'opposition, Mme Lucena a assuré que le système de vote électronique était infaillible et a suggéré à M. Capriles d'utiliser les "voies légales" en déposant un recours au lieu de brandir des "menaces".

"Il va y avoir des manifestations, qui vont devoir cesser à un moment", mais "Maduro doit aussi commencer à gouverner et à faire des gestes", a estimé le politologue Inacio Avalos, interrogé par l'AFP.

"Fraude !" ou encore "Maduro, tu m'as volé mon vote !", pouvait-on lire sur les murs à Caracas.

"Il y a au Venezuela un cri pour demander un nouveau comptage des votes", a confié à l'AFP Deivis Vielma, une étudiante de 20 ans, sur la place Altamira, dans le quartier d'affaires de Chacao, où se sont réunis plusieurs centaines de personnes mardi après-midi.

"Ils veulent rejeter la responsabilité des victimes sur l'opposition, alors que cela ne les dérange pas qu'il y ait des morts chaque week-end", a-t-elle ajouté, dans une allusion à l'insécurité record dans le pays (16.000 homicides en 2012).

"Cela a été un peu irresponsable d'appeler à sortir manifester en disant qu'il y a eu fraude. Si tout le monde descend dans la rue, cela peut déboucher sur le chaos", a dit à l'AFP Luis Alvarez, un cuisinier de 26 ans.


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