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ReOpen911 soutient l'Initiative européenne pour le Pluralisme des Médias

Auteur : ReOpen911 | Editeur : Stanislas | Mardi, 16 Avr. 2013 - 12h02
D'après l'Unesco, "la démocratie ne peut s’exercer que si les médias sont indépendants, pluralistes, libres de toute emprise gouvernementale et de toute pression politique ou économique, et s’ils peuvent accéder aux ressources matérielles et aux infrastructures nécessaires pour produire et diffuser leurs produits et leurs programmes". Pourtant, chacun d'entre nous peut constater régulièrement que ce principe de pluralisme est loin d'être appliqué, et plusieurs pays européens dont la France ont été pointés du doigt pour leurs lacunes dans ce domaine.
 
Or deux journalistes italiens viennent de lancer une initiative européenne qui ne peut que recueillir notre soutien. D'autant qu'elle émane de personnalités que nous connaissons bien pour leur participation à l'organisation d'une soirée autour du film Zero au parlement européen de Bruxelles. Nous avons donc interviewé Giovanni Melogli, co-auteur d'une des premières « initiative citoyenne européenne » par pétition qui vient d’obtenir son certificat de conformité et le soutien officiel de M. Martin Schulz, président du Parlement européen. Elle vise à donner aux Etats de l’UE, un cadre législatif (mécanismes antitrust, ressources publicitaires, redevance, accès du citoyen, aides publiques, nominations…) garant du pluralisme de la pensée et de son expression démocratique dans les médias de l’UE. 
 
Rappelons à cette occasion à ceux des journalistes qui ont tendance à nous considérer comme des extrémistes d'autres engagements de notre association, comme en témoignent de nombreux articles : ReOpen911 soutient la liberté d’expressionl’accès des minorités aux moyens d’expression, les organisations pacifistes ou non violentes, et les organisations pour le désarmement nucléaire. Au travers de sa ligne éditoriale, ReOpen911 se positionne en faveur d'une armée de défense et un Exécutif qui n’outrepassent pas le Législatif et le Judiciaire et qui ne s’invitent pas dans les affaires de peuples souverains (Afghanistan, Irak, LibyeSyrie, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, Algérie, Somalie, Rwanda…). Rappelons aussi que ReOpen911 est favorable à l'abandon du vote électronique interdit en Hollande et suspendu en Allemagne alors que notre pays continue à l’étendre au prix de fraudes dénoncées par nos élus et même reproduites par des ingénieurs mandatés par ces élus.
 
Sans oublier que le caractère international du « Mouvement pour la vérité sur le 11/9 » crée de facto en Europe et aux USA, un réseau polyglotte de citoyens décidés à agir concrètement, notamment par pétitions. ReOpen911 souhaite plus que jamais par son action faire apparaitre et respecter plus de vérité sur des événements politiques majeurs qui en sont privés. Soutenir l'initiative européenne en faveur du pluralisme des médias peut contribuer à atteindre cet objectif.
 
Si vous êtes convaincu du bien fondé « réformateur » de cette initiative, alors relayez et surtout signez cette pétition. 55 500 français et 16 500 belges doivent signer pour que leur pays figure parmi les 7 pays requis a minima pour valider sa recevabilité auprès de la Commission européenne.
 

 
Initiative européenne pour le pluralisme des médias (EIMP, European Initiative for Media Pluralism)
 
Rencontre avec son co-fondateur Giovanni Melogli
 
Interview par téléphone réalisée par Corto le mardi 26 février 2013 pour la Rédaction de ReOpen911
 
 
CORTO - Bonjour Giovanni. Depuis votre mission d’attaché parlementaire de Giulietto Chiesa au Parlement européen, et votre suivi du travail de ce journaliste ex-eurodéputé socialiste pour sensibiliser le Parlement aux terribles manquements procéduraux et médiatiques de l’enquête américaine sur le 11/9, vous développez de nombreuses actions vers les médias. Comment est née votre « Initiative Européenne pour le Pluralisme des Médias », dans quel contexte et milieu professionnel ?
 
G.MELOGLI - Bonjour à votre équipe. Notre initiative est née en 2009, des échanges que j’entretiens avec mon ami Lorenzo Marsili (photo ci-contre), qui dirige « European Alternatives ». . Je suis quant à moi membre depuis 2009 de « L’Alliance Internationale de Journalistes » (ICE) et même responsable des relations européennes. Nous sommes complémentaires. Ensemble, nous avons décidé dès cette époque de créer l’Initiative EIMP, mais sa mise en œuvre a pris du temps. Plusieurs conférences ont précédé son lancement, notamment à Bologne en mai 2011 et à Bruxelles en mars 2011 et en juin 2012. Pour la France, étaient présents entre autres Heather Blake de RSF, et Edwy Plenel de Mediapart. Quant à l'officialisation de la possibilité offerte aux citoyens européens de pétitionner pour obliger statutairement Bruxelles à examiner une question de société ou d’intérêt général, elle date du traité de Lisbonne en 2009 aussi, mais ses modalités pratiques ont été longues à harmoniser et à voter. Par exemple pour la France, si vous signez notre initiative, vous verrez que vous devez inscrire votre numéro de carte d’identité. Pas en Belgique. La protection des données personnelles a pris du temps aussi à être garantie et adaptée à chaque pays. Les informations sont sécurisées sur les serveurs de l'UE, pas sur les nôtres. Pour toutes ces raisons, ce n’est que depuis avril 2012 que cette procédure de pétition transnationale est réellement possible.
 
C - Expliquez-nous en quoi consiste votre initiative ?
 
G - Tout le monde peut constater, et les journaux eux-mêmes le font, que certains pays européens, en particulier la Hongrie avec Viktor Orban (photo), la Bulgarie, la Roumanie, mais aussi l’Angleterre, l’Italie, et dans une moindre mesure la France, font face à une concentration des médias et à de nombreuses collusions de fait entre le pouvoir politique et économique, et le pouvoir médiatique. Mais les instances européennes ont un problème majeur à résoudre en interne : La Commission s’est toujours déclarée incompétente en matière de législation pour défendre la liberté des médias. Elle laisse les États membres résoudre leurs problèmes, ou pas. Et ce n’est pas un hasard si l’initiative a été lancée par deux Italiens ! L’ « Empire Berlusconi » défie l’imagination du citoyen lambda !
 
Il nous faut donc avant tout montrer à la Commission que, contrairement à ce qu’elle dit depuis 20 ans, elle est bel et bien compétente pour légiférer et émettre des directives capables d’assurer l’indépendance et le pluralisme des médias. Nous voulons attirer son attention sur le fait que c’est le marché européen lui-même qui est directement menacé par la concentration des médias qui génère de l’opacité, des conflits d’intérêts, de la corruption, de la perte de crédibilité institutionnelle, de la méfiance populaire, et in fine menace toute la construction européenne !
 
C - Avez-vous un calendrier ?
 
G - L’initiative EIMP a été approuvée par la Commission Européenne le 7 octobre 2012. Depuis, nous construisons un réseau européen d’équipes de campagne qui communiquent sur les réseaux sociaux et par exemple sur Agoravox. L’autre grande étape aura été la signature de l’Initiative mardi 5 février 2013 dernier, par Martin Schulz, actuel président du Parlement Européen, ancien président du groupe socialiste.
 
La date limite pour déposer la pétition est le 1er novembre 2013. Nous avons donc encore 7 mois pour rassembler le million de signatures en provenance de 7 pays a minima. Pour la France, les coordonnées de l’équipe qui recherche des bénévoles pour faire circuler la pétition sont : [email protected]
 
Le simple mécanisme de validation populaire du texte de la pétition créera une dynamique de propositions par consultations publiques entre protagonistes au sens le plus large possible (associations, experts, parlementaires, lobbyistes, juristes), aboutissant à présenter au Parlement un projet de directive qu’il devra voter. Bien sûr notre groupe fait partie de ces personnes consultables.
 
C – Quelles sont les sources de cette Initiative ?
 
G - Une base de travail existe pour l’Audiovisuel. C’est la directive SMA sur l’Audiovisuel dans sa dernière version 2011. La Commission se repose sur elle. Et le "directeur de l’Unité Opérationnelle pour le Pluralisme des Médias" / "Head of Unit from the Commission’s task force on media pluralism" au sein de la Commission, Adam Watson Brown (ci-contre), reste très prudent. C’est normal. Les enjeux industriels et financiers sont énormes.
 
D’autre part il y a le travail énorme et encore mal connu du « Centre pour le Pluralisme des Médias », basé à Florence et financé par l’UE. Ce Centre est comme intégré à l’UE. Il ne peut donc pas statutairement, déclencher une procédure. Ils nous aident cependant beaucoup. Notamment parce qu’ils ont accepté de partager avec nous les conclusions d’une étude interne (anglais) qui établit le chemin juridique permettant de donner à la Commission autorité en matière de réglementation des médias. Nous bénéficions ainsi des résultats d’une démarche purement institutionnelle et académique, pour la transformer en action citoyenne puis nous l’espérons parlementaire.
 
Mais pour ce qui nous concerne directement, il y a surtout le travail de 3 juristes exceptionnels (ci-dessus dans l'ordre des citations) que je remercie encore ici, Roberto Mastroianni (référent à la Cour européenne de Justice, spécialisé dans les médias, intervenant au CSA) Peter Molnar (Université d’Europe centrale de Budapest) et Peggy Valcke (Université catholique de Louvain, lire sa contribution universitaire finale), qui ont rédigé en pesant chaque mot et chaque virgule, la proposition de l’Initiative EIMP à la suite des rencontres de Bruxelles et Bologne, et qui suivent le développement de l'initiative.
 
C – Pas de risque de « technocratisation » de votre cause ?
 
G – Ce n’est plus seulement notre cause, désormais c’est celle des peuples européens, et nous sommes une équipe soudée et réactive. Nous devons être attentifs à ce que les problématiques soulevées le soient en termes de fonctionnement des médias européens, bon ou mauvais, et non en termes de jugements. La corruption par exemple est un signe de mauvais fonctionnement, mais aborder ce dysfonctionnement en particulier nécessite un cadre administratif et juridique qui sort de notre compétence. Et le dossier est suffisamment complexe à médiatiser comme cela !
 
C – Subissez-vous des pressions ?
 
G – Non, sauf peut-être de la Commission elle-même au travers de son attentisme. 15 ans d’inaction, ça suffit ! L’heure est à la mobilisation de l’opinion publique, même si elle a besoin d’être remotivée. Mais notre débat soulève des questions juridiques et techniques qui passionnent beaucoup de monde à Bruxelles et nous recevons des témoignages de soutien et des aides au sein même des institutions européennes. Le thème est sensible, mais pas tabou.
 
C – Le cas de la France ?
 
G – La situation est bien pire et plus urgente dans les pays d’Europe que je vous ai cités. En France, il nous faut au moins 55 500 signaturespour l’intégrer aux 7 pays signataires minimum requis. Notre équipe française démarre juste, avec des partenariats importants, dont celui d’Agoravox où nous publions aussi.
 
C - Aujourd'hui Agoravox est souvent cité par la presse professionnelle grand public et les « éditocrates » (réactionnaires et corporatistes ?) comme un relais de ceux "qui voient des complots partout" et d'opinions jugées radicales (donc fausses, irréalistes et dangereuses). N'est ce pas risquer de se couper d'autres partenaires ?
 
G – Mais on s’en fout ! (rires) Nous ne portons pas de jugement sur les entités ou citoyens intéressés par notre démarche. C’est contraire à notre cause qui doit fédérer des entités diverses telles que partis politiques, organes de presse, syndicats, associations, universités… Vous me posez simplement la question du « journalisme malade ». Je me souviens en France, il y a 4 ans je crois (Ndlr. le 28 octobre 2009 dans « l’Objet du Scandale » animé par Guillaume Durand sur France2), Mathieu Kassovitz s’était exprimé de façon raisonnable sur le 11/9, mais il avait été attaqué comme si c’était Hitler en personne ! Ce n’est plus du journalisme, c’est de la schizophrénie qui fait débiter des slogans absurdes à des journalistes en plein déni de sens. Encore une fois, nous ne jugeons pas des positions idéologiques, nous partons de constats factuels étayés par la presse elle-même. Il ne s’agit pas de changer le monde, mais de faire évoluer des pratiques, des compétences, des lois, des règles de travail. Et notre démarche n’est en aucun cas extrémiste ! La question politique n’est même pas à l’ordre du jour. Nous voulons réformer les mécanismes des institutions européennes et pratiquons le « politiquement correct ». Il s’agit selon nous avant tout de retourner aux fondements de la démocratie, c'est-à-dire à la séparation du politique et de l’économique, d’avec les médias. Et encore une fois nous n’en sommes pas à évaluer des contenus politiques. Ce sera à la Commission de statuer lorsqu’elle émettra ses propres directives. Nous espérons d’ailleurs rester dans la course à ce moment-là, et être consultés ! Il s’agit pour l’heure de mettre à l’épreuve la compétence de l’UE.
 
C - RSF fait partie de votre plateforme de soutiens. Or RSF est souvent critiquée notamment sur Agoravox. Elle est souvent accusée d'accepter des financements et parrainages venant d'associations ou de fondations paravents des services de renseignements et de lobbyistes américains tels que la NED. N'est ce pas là une contradiction dans la démarche qui appelle à l’indépendance ?
 
G- RSF était présente en mars 2011. Nous les avons depuis rencontrés à Paris. Leur accueil a été très neutre. A priori ils sont favorables à l’initiative, mais doivent soumettre leur participation et soutien à un vote du bureau qui tarde. Ils sont « en cours de processus de décision ». Ceci dit quelle que soit leur décision, nous publierons leur position aux côtés des autres associations européennes de journalistes que nous avons contactées.
 
C - Avez-vous contacté les auteurs du film "Les Nouveaux Chiens de Garde" ? (cliquer sur l'image de l'affiche pour voir le film)
 
G – Le comité belge est en contact avec LIBERATION FILMS et projette une tournée nationale de conférences-information-signature. Nous envisageons la même chose avec EPICENTRE FILMS, le distributeur français de Gilles Barbastre, Yannick Kergoat et Serge Halimi avec qui nous sommes en contact.
 
C - Vous écrivez "les minorités sont victimes d'une marginalisation croissante". Pourtant en France, les Femens ou les Pussy Riots par exemple, bénéficient d'une très bonne couverture médias. A quelles minorités faites-vous allusion ?
 
G – Ce sont des parties de la société qui ne peuvent pas avoir accès à une vraie visibilité de par l’organisation même des médias. Les Femens, les Pussy Riots, se sont adaptés au langage médiatique moderne. Ils font des coups d’éclat et attirent la lumière des médias sur eux.
 
C – Si c’étaient des militants pour la Vérité sur le 11/9, ils ne bénéficieraient pas de cette couverture, sauf circonstances exceptionnelles. Je pense à cette jeune femme qui a tagué « AE911 » sur le célèbre tableau de Delacroix au musée du Louvre-Lens. Qu’en pensez-vous ?
 
G – Ce militantisme là est beaucoup plus compliqué. Le dossier du 11/9 est d’abord et c’est vrai, un tabou journalistique, un vrai « trou noir éditorial ». Très vite, les médias se sont contentés de rapporter les déclarations et publications officielles américaines. Les objections furent balayées sans suite. Le problème, c’est que les médias savent que les implications morales, économiques, financières, politiques de ces événements dépassent leur capacité d’analyse et la puissance de leurs réseaux, et que le dossier est toujours d’actualité, donc brûlant.
 
Pour conclure sur la question des médias face au 11/9, et du tabou qu’il représente, prenez ne serait-ce que l’exemple du Rapport de Claudio Fava, qui dès 2007 a dénoncé les vols secrets de la CIA via l’Europe, qui concernent, sur 13000 captifs recensés, un nombre encore inconnu de prisonniers torturés simplement parce qu’il étaient suspectés par les agences américaines d’avoir appartenu au réseau qui a organisé les événements du 11/9. Le rapport Fava n’a pu présenter des preuves, mais s’appuie sur de nombreux témoignages et une enquête qui a mis à jour un autre vrai réseau de logistique aérienne et pénitentiaire occulte. Eh bien savez-vous que ce rapport a certes été voté et approuvé par le Parlement, mais qu’à ce jour, il n’a jamais été mis à l’agenda du Conseil ?
 
C – Le Conseil Européen, la Commission, le Parlement, ont donc organisé un « complot du silence » autour du rapport FAVA ?
 
G – Oui, tout à fait. Nous l’avons vécu de l’intérieur. Le problème vient de l’absence d’une Europe politique. La prise de décision impliquant un positionnement politique est impossible. Le cas cité des « extraordinary renditions » est l’exemple type de cette impasse politique (ndlr. les « restitutions extraordinaires » sont un programme de représailles post 11/9 mis en œuvre par l’administration Bush qui a impliqué des États européens qui ont accueillis de 2002 à 2006 sur leur sol suite à des accords bilatéraux hors cadre européen, 1226 vols civils secrets affrétés par la CIA, sans que l’on sache le nombre de vols militaires, et des équipes étrangères pratiquant les « techniques avancées d’interrogatoires »).
 
C – Justement, à propos de cette impasse, les peuples européens accusent souvent les institutions de Bruxelles et leurs fonctionnaires d'être lointains, opaques, de gaspiller et de profiter. Dans ces conditions, sur quoi vous appuyez-vous pour crédibiliser votre démarche ?
 
 
G - En nombre, le personnel de Bruxelles (Commission, Parlement, Conseil) est équivalent à celui de la ville de Londres. Et la chasse au gaspi existe bel et bien, à part cette aberration politique de la dualité spatiale Bruxelles-Strasbourg. Mais la production de cette instance para-gouvernementale est technique et peu médiatisée. Et ce sont des contenus dépolitisés, dont les médias sont beaucoup moins friands. Du coup les instances européennes servent d’exutoire au mécontentement. Les experts de l’UE doivent aussi se battre sur le moyen de mieux communiquer...

C - ... en fait, votre initiative n’a-t-elle pas besoin du soutien des hommes politiques qui eux-mêmes souffrent des mêmes maux que ceux que vous combattez ?

G – Il est certain que nous avons besoin du soutien des politiques. Par contre il est non moins certain que les membres du parti « Il popolo della Liberta » (PdL) de Silvio Berlusconi vont y regarder à 2 fois ! De même, au sein du parlement, notre initiative divise les députés du PPE (Parti Populaire Européen qui rassemble la droite libérale dont l’UMP et le PdL). L’Alliance S&D des sociaux démocrates, l’Alliance ALE des verts, l’Alliance ADLE des libéraux démocrates centristes, et le groupe de la Gauche GUE accueillent le projet avec plus de confiance et d’esprit d’ouverture. Ils étaient présents et co-organisateurs de la conférence de mars 2011 à Bruxelles.
 
C – Vous décrivez "une initiative transnationale avec plus de 100 organismes partenaires". N’y a-t-il pas un risque d’émiettement, d'esprit de chapelle et de dissensions, un peu comme le "Mouvement International pour la Vérité sur le 11/9" qui se heurte au mutisme des autorités et des journalistes et du coup peut se perdre parfois en conflits internes faute de pouvoir avancer ?
 
G - Nous avons eu quelques moments de doute face à la complexité du dossier et de la démarche. Mais nous travaillons sur le long terme. Ce n’est pas un match, c’est tout un championnat ! Ce qui nous encourage à continuer, ce sont les bonnes réponses institutionnelles, un solide panel d’experts sur lequel nous pouvons nous appuyer, et un accueil populaire qui fait son chemin. A nous de communiquer habilement.
 
C – Serez-vous mieux traités par ces mêmes médias qui maltraitent certaines informations contraires à leurs intérêts ?
 
G – C’est une question complexe. Nous ne sommes pas dans le registre de « l’infotainment » (l’information de divertissement). Donc c’est vrai, nous constatons que de nombreux médias militants ont commencé à nous soutenir, et que les grands médias mettent plus de temps. D’autant que nous représentons un sujet difficile à vendre ! Pas de « flash d’agence » avec nous ! Et notre propos va à contre-courant des modes de consommation de l’information en Europe, nous le savons bien. Les grands médias préfèrent le spectacle.
 
C – Quid du net, qui produit de la lecture et de la réflexion avec plus de liberté que la presse traditionnelle ?
 
G – Je ne suis pas si sûr que vous du regain de lecture parmi les internautes. Les chiffres montrent une augmentation de consultation des images en ligne de « 1000% », même dans les pages news des grands organes de presse. La publicité envahit youtube, signe d’efficacité… Et les outils visuels insérés dans les pages web se multiplient et modifient profondément le type de lecture et de lecteur avec qui communiquer. Sans parler des « smartphones » et « tablettes ».
 
C - Un article du PARISIEN constate, d'après leur dernier sondage, que les populations européennes ne croient plus en l'Europe comme "source d'espoir" (2003 / 61% > 2007 /50% > 2013 / 38%). D'autre part, on assiste régulièrement dans les élections nationales, à des percées de courants populistes ou d'extrême droite. Ne pensez-vous pas qu'il est trop tard pour redonner aux institutions européennes telles que nous les connaissons (mal), la crédibilité qu'elles ne cessent de perdre depuis les années 2000 et le refus français et néerlandais du traité de Rome en 2005 ?
 
G – Notre appel est aussi un appel à la profession des journalistes. Ils escamotent, au nom de la rentabilité, de l’efficacité, du sensationnalisme, la technicité nécessaire pour bien approcher les questions européennes. C’est pourtant leur boulot de vulgariser justement. Il n’y a à cette heure aucun lieu public et pédagogique où soient débattues de façon ouverte les questions européennes. Ce n’est pas un complot (rires)… c’est plutôt un système qui génère tout seul des comportements. Une sorte de logique qui écrase tout. Les politiciens entre eux, passent leur vie à comploter, mais les médias sont surtout victimes de leur propre système : redevance, recettes publicitaires, logistique, avènement d’internet… Leur autre talon d’Achille est l’incompétence et la superficialité, dont ils ne se repentent jamais. Et les victimes sont bien sûr les citoyens qui ne connaissent pas le cadre institutionnel ni les travaux en cours.
 
C - L'Europe des médias doit intégrer l’avènement d’internet. Comment vous-même intégrez-vous le développement d'internet et du journalisme en ligne, dans votre démarche ?
 
G – Ce n’est pas une préoccupation prioritaire à notre stade de développement. Je vous renvoie à notre vidéo en ligne « new medias and media pluralism » (colloque intégral du 27 juin 2012 dans l’hémicycle du Parlement de Bruxelles, en anglais et français). Nous avons en projet de développer des actions de formation et un processus de recherche sur l’éthique journalistique. Mais là encore, pour l’instant c’est le projet de directive que nous voulons provoquer par notre initiative qui devra proposer des délibérations sur les contenus et les modèles. Car oui il y a bien en cours la transformation complète, accélérée et irrémédiable du modèle traditionnel.
 
C – Et les agences de presse ? Ne sont-elles pas devenues omnipotentes ?
 
G – Mais les agences de presse aussi ont été décimées ! Seules survivent les plus grosses. Et encore, largement aidées par des fonds publics, ce qui n’est pas sans poser des questions ! C’est un autre énorme débat latent. Chaque État réagit en ordre dispersé. Les stratégies pour conserver une certaine qualité de l’information et une certaine indépendance sont multiples. C’est au service public, mais cela n’engage que moi ici, de tirer les médias privés champions de l’infotainment comme TF1 chez vous, vers la diversité, le pluralisme des expressions, et un niveau de réflexion supérieur.
 
C - Pour "résister" à l'érosion de leur audience, les médias traditionnels grand public se sont appuyés sur des re-financements apportés par des groupes industriels ou financiers qui savent qu'ils investissent à perte. Ce qui est confirmé depuis la vague de rachats du Monde, du Figaro, de Libé, etc. Leur stratégie, malgré les avalanches d'annonceurs-sauveteurs-donneurs de coup de main, n'est donc pas du tout économique. Comment analysez-vous cette perte d'indépendance, et comment voyez-vous leur avenir ?
 
G – Il s’agit là de placements purement politiques. Nous glissons vers un contrôle de l’information avec le risque permanent de dérive propagandiste. Je crois que le film documentaire de Gilles Barbastre et Yannick Kergoat essaye de montrer cette dérive à l’œuvre en France. Elle est utilisée pour se défendre d’attaques potentielles qui nuisent aux intérêts des investisseurs. Par exemple en insistant sur la justification des profits…
 
C - Comment selon vous remobiliser les audiences payantes, seule alternative assurant l'indépendance selon beaucoup d'analystes du secteur, et qui montre des signes encourageants lorsque la ligne éditoriale est forte (Canard Enchaîné, Marianne, Mediapart...) ?
 
G – Cette question est aussi à la marge de notre initiative. Le journalisme payant a un avenir certes. Mediapart en France, The Economist au Royaume-Uni l’attestent. Mais peuvent-ils se hisser au niveau de contre-pouvoirs ? Je rappelle que « l’infotainment de masse » domine de façon écrasante la totalité de la presse européenne. En face, des niches de citoyens plus exigeants s’informent en multipliant les sources, mais ils sont très minoritaires et ne semblent avoir jamais été en mesure d’infléchir cette situation sociale de fond.
 
C - L'indépendance éditoriale doit s'appliquer à chaque maillon de la chaîne des médias. Où se situent les priorités de votre initiative dans cette chaîne de production d'information ?
 
G - Le problème actuel selon moi est ce mélange permanent entre information factuelle et propagande. Face à cette confusion des genres, la presse militante est dévalorisée, à croire que la propagande ne vaut que lorsqu’elle est cachée ou implicite (parce qu’honteuse ?), par exemple en la masquant sous le sceau de l’évidence ou d’un « consensus universel » qui empêche de réfléchir. C’est particulièrement le cas en politique étrangère qui se traduit par « affaires internationales » dans les médias.
 
C – Ce mélange des genres que vous pointez me rappelle une anecdote sur un autre sujet sensible : lors d’un cocktail de l’association « Democrats abroad » qui fêtait la première investiture d’Obama le 20 janvier 2009, entre champagne et boudoirs, j’ai discuté avec des étudiants d’une (bonne) école de journalisme, et leur ai fait remarquer qu’entre le 25 décembre et le 15 janvier, le service public de Télévision avait diffusé 4 à 5 documentaires et émissions sur la shoah… ceci en pleine opération « plomb durci » qui avait débuté à Noël, et a conduit à la mort de 1200 Palestiniens…. Par le simple fait d'envisager une programmation de diversion, les étudiants horrifiés ont blêmi, m’ont toisé avec dédain, et ont tourné les talons ! Qu’en pensez-vous ?
 
G – Vous avez été confronté à la reproduction d’une forme de stupidité telle qu’elle est véhiculée par le système médiatique. Nos médias et prescripteurs ou relais d’opinion ne nous enseignent pas à penser. Le réalisateur franco-suisse JL. Godard a dit qu’il n’assistait jamais à des débats, car il n’en connaissait pas un seul où il ait vu des débatteurs changer d’avis. Même si le débat que vous soulevez là est complexe et dépasse largement le cadre formel de l’initiative pour le pluralisme des médias, je peux vous dire que nous aussi nous avons affaire au quotidien à des milliers d’étudiants dans ce cas, sur beaucoup de sujets. C’est le problème de la liberté de jugement. Ils ne sont pas capables de déduire une information à partir d’une correspondance entre des faits. C’est un problème d’émancipation intellectuelle et de prise de responsabilité morale. Je conseille à tous mes amis un livre toujours d’actualité qui m’a profondément marqué à ce sujet : Niels Postman « Se distraire à en mourir » (1985, traduit aux éditions Nova en 2010, préfacé par Michel Rocard) ; il montre les effets de l’invasion de l’audiovisuel, et l’omniprésence de l’émotif en lieu et place du raisonnement.
 
C - Rappelez-nous quelle est la valeur d'une directive de Bruxelles, et les délais et processus de sa mise en œuvre au plan national ?
 
G – Une directive a valeur de loi. Une fois votée, chaque État dispose de délais propres pour la traduire dans son propre système législatif. Au-delà du délai autorisé et variable selon les pays, l’État retardataire s’expose à un système de sanctions et d’amendes, parfois renégociées ou contestées bien sûr !
 
C – Je vous laisse conclure Giovanni, merci !
 
G – Merci à vous aussi. Notre Initiative vise à développer un cadre juridique pour renouveler l’exercice de la profession de journaliste en Europe qui doit être entièrement orienté vers l’information du citoyen. Pluralisme et indépendance sont nos 2 mots-clés. Il est du devoir de la classe politique de donner à la démocratie toutes les chances de se vivre bien elle-même. Et c’est par ses médias que ce bien vivre pourra s’exprimer. Nous ne sommes qu’au début d’une immense tâche qui nous attend. Nous espérons qu’au sein de la communauté de citoyens francophones ressortissants de l’UE, bien plus de 55 500 français et 16 500 belges répondront à notre appel.
 
— Corto, pour la Rédaction de ReOpen911 —
 

 
Charte des journalistes français du SNJ :
 
 
Déclaration des droits et devoirs des journalistes, Munich, 1971 :

http://www.snj.fr/spip.php?article201

Programme sur le pluralisme de la presse du CNR français :
 
 
Manifeste pour un autre journalisme de la revue XXI :
 
 
Réflexions de Denis Robert sur le journalisme :
 
 
La presse italienne et l'Initiative EIMP :
 
 
 

 
En lien avec cet article : ReOpen911 face aux médias

- Source : ReOpen911

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