www.zejournal.mobi
Jeudi, 25 Avr. 2024

ZERO % MONNAIE

Auteur : Morpheus | Editeur : Stan | Dimanche, 14 Avr. 2013 - 13h43

En dehors des différentes propositions visant à réformer le système monétaire, il existe également une idée forte, que l'on pourrait résumer, pour la définir, en un « zéro % monnaie » (en opposition aux termes « 100 % monnaie »), mais qui porte plus précisément le nom d'économie basée sur les ressources. Je sais qu'il y a encore de fortes résistances à cette idée, parce que beaucoup sont apparemment tellement accrochés au seul système que nous connaissons qu'ils ne parviennent pas à concevoir un monde sans argent. Cela semble, à leurs yeux, relever dans le meilleur des cas de l'utopie, dans le pire d'une vue de l'esprit aberrante. À les entendre, un monde sans monnaie, une civilisation sans argent, est tout simplement impensable. C'est bien regrettable, car lorsqu'on développe quelque peu la réflexion sur ce sujet, et que l'on découvre tous les avantages qu'il y aurait à vivre dans un monde sans monnaie, on reste impressionné par l'étendue des bouleversements positifs que cela induit. C'est peut-être justement l'étendue de ces bouleversements — qui a de quoi donner le vertige — qui provoque une telle résistance. Essayons juste, fut-ce comme un simple exercice intellectuel sans conséquence, d'imaginer une civilisation sans monnaie. Qu'est-ce que cela apporterait comme changement ?

 

D'abord, qui dit absence de monnaie dit évidemment absence de commerce. Pas nécessairement absence d'échanges (au vrai sens du terme), c'est-à-dire de troc (un objet contre un autre, un service contre un autre), mais absence de commerce basé sur la monnaie. D'aucun y voient une régression et arrêtent donc là leur réflexion, par manque d'imagination et de perspective. Qu'est-ce qu'implique un monde sans commerce ni monnaie, un monde non marchand ? Énormément de choses. Tout d'abord, cela change complètement la donne sur le plan de la criminalité.

 

LE PROFIT (donc la monnaie), CARBURANT DU CRIME

Toute activité criminelle repose sur un seul objectif : faire des profits. Déjà, on peut observer que l'objectif des criminels n'est pas différents de l'objectif des hommes d'affaires et de toute personne ou société exerçant dans le domaine du commerce : l'objectif est de faire du profit, et si possible, de gros profits. La seule différence étant que les uns s'affranchissent des lois, tandis que les autres préfèrent rester dans le cadre de celles-ci (quitte à faire en sorte de se hisser à une position sociale leur permettant de modeler les lois, ou de les faire écrire à leurs profits). Notons au passage que dans la mythologie grecque (et romaine), Hermès (Mercure chez les romains) est à la fois le dieu des marchands ET des voleurs... Ce n'est sans doute pas par hasard. Sans doute les anciens avaient-ils déjà perçu le caractère néfaste de la logique marchande. Aujourd'hui, c'est peu de dire que le monde est entièrement dominé par Hermès.

Si la monnaie représente le moyen par lequel vous pouvez obtenir des biens et des services, alors la monnaie devient aussi le moyen par lequel vous obtenez le pouvoir. Avec l'argent, nous pouvons acheter les objets de nos désirs, mais aussi acheter les services des gens, obtenir d'eux qu'ils travaillent pour nous, acheter leur loyauté, leur silence, bref : d'une manière ou l'autre, les soudoyer. Qui dit monnaie, dit corruption. Quel que soit le système que nous imaginions, nous n'échappons pas à cette équation : MONNAIE = CORRUPTION.
À présent, revenons à notre monde sans monnaie. S'il n'y a plus de monnaie, comment un parrain de la pègre — mettons un leader du trafic de drogue — peut-il :

  • acheter la loyauté de tueurs zélés ?
  • acheter le silence de fonctionnaires ?
  • acheter le travail de paysans et ouvriers qui produisent la drogue ?
  • acheter et payer les services de dealers ?
  • etc.

Sans argent, c'est la chaîne entière qui maintient cette activité qui saute. Nous pouvons étendre cette réflexion à tous les domaines qui nous interpellent : prostitution, pornographie, trafic d'armes, trafic d'être humains, paris illégaux, ... Dans une société qui ne reposerait pas sur la monnaie, ces activités n'auraient plus autant d'intérêt que de nos jours, car elles ne généreraient pas de profits.

La criminalité, la violence et les mœurs choquants ne disparaîtraient pas du jour au lendemain (leurs causes ne sont pas uniquement dues à la recherche du profit), mais le moteur principal, qui est le profit, n'aurait plus de carburant. Il en résulterait inévitablement une diminution importante de la criminalité, de la violence et des mœurs choquants. Si on parle de régler les problèmes à leur racine, je vois dans le profit une belle grosse racine à trancher !

 

LE DEVELOPPEMENT ET L'INNOVATION

De la même manière, tout ce qui, aujourd'hui, dans notre système économique basé sur la monnaie, est freiné par le manque d'argent, comme : la recherche fondamentale, la réalisation d'engins et de technologies durables, solides, fiables, modulables, le développement d'énergies renouvelables, de techniques de production non polluantes et économiques en matériaux — j'en passe et des meilleures — pourrait enfin être mis en œuvre. D'une part, les puissants lobbys et intérêts industriels privés n'ayant aucun intérêt à voir, par exemple, un système d'énergie libre, advenir, n'existeraient plus, et n'auraient plus les moyens d'empêcher les chercheurs de chercher (et de trouver), ni les développeurs de développer ce que les chercheurs ont trouvé, mais en outre, les chercheurs et les développeurs n'auraient plus à ce soucier de trouver des financements.

Les problèmes seraient donc à un autre niveau : dans une économie basée sur les ressources, ce sont bien entendu les ressources qui sont au cœur des problèmes. Les ressources constituent les véritables richesses. L'argent (la monnaie) n'est pas une richesse, on ne peut rien en faire en tant que tel (du papier et des rondelles de métal, ou des chiffres virtuels inscrits dans des livres de compte ou sous forme de code informatique).

 

A QUI VONT LES RESSOURCES ?

Vient alors la question cruciale : à qui appartiennent les ressources ? La réponse la plus censée et la plus évidente qui m'apparait est simple : les ressources de la planète Terre appartiennent à part égale à tous les êtres vivants sur Terre.

Dans le cadre d'une économie basée sur les ressources, la première démarche à mettre en œuvre est de convenir et de déclarer que l'ensemble des ressources produites par la planète constituent le patrimoine commun de tous les êtres vivants de la planète. De déclarer, conséquemment, que le devoir le plus sacré de toute civilisation digne de ce nom, de toute population responsable, de toute société humaine est de veiller à préserver ce patrimoine, et de gérer l'exploitation de ces ressources de telle sorte à en faire profiter chacun tout en veillant à ne pas détruire la source de ces richesses, de telle sorte que nos descendants puisent eux aussi en jouir dans les générations à venir.

La seconde étape consistera à évaluer l'ensemble de ces ressources, en quantité et en qualité, puis évaluer l'ensemble des besoin des êtres vivants. Une tâche qui peut paraître impossible, mais qui, compte tenu de l'état d'avancée de nos connaissances et de notre technologie, est parfaitement envisageable : nous disposons des moyens techniques et des connaissances nécessaire à réaliser ces évaluations. Seule la volonté politique demeure problématique, et si on y pense, c'est seulement le domaine politique — combiné aux résistances psychologiques déjà évoquées — qui constituent le seul aspect utopique de cette entreprise.

La troisième étape consisterait à développer des cités modernes, conçues de telle sorte qu'elles optimisent l'exploitation, la transformation et la distribution des ressources, de façon à répondre à l'ensemble des besoins des uns et des autres. Rappelons une fois encore que nous ne sommes plus dans une économie basée sur la monnaie, et que toutes les questions de : budgétisation, rentabilité, marge de profit, etc. n'existent plus. Les seules questions et problèmes qui demeurent sont d'ordre technique. Comment employer au mieux les multiples ressources qui sont à notre disposition, sans tarir ni détruire leur source (veiller à l'équilibre dynamique de reproduction des espèces, veiller à préserver l'écosystème, veiller à préserver l'environnement naturel, gérer les déchets de façon optimale sans polluer l’environnement, favoriser les méthodes de renouvellement des déchets, etc.).

 

REGLER LES PROBLEMES, NON LES REGULER

Ainsi, les questions et les problèmes qui se posent requièrent donc des compétences et des connaissances techniques, et ne sont plus du ressort de réseaux d'intérêts particuliers ou privés : ils sont du ressort de tous, et requièrent la participation du plus grand nombre. Cette participation, s'exprimant à travers les principes de l'Open Source, est accessible à tous, et est encouragée dans le cadre d'un système d'échange de savoir et de connaissances. La cité et sa gestion — ce qui inclut la gestion du patrimoine commun que constituent les ressources — devient l'intérêt de tous et requiert la collaboration et la participation du plus grand nombre sur base volontaire et/ou via tirage au sort.

Il devient de l'intérêt de chacun que la cité (et ses ressources naturelles, ses moyens de transformation, de production, de distribution, etc.) soient gérée au mieux, puisque mieux elle est gérée, plus la vie y est agréable et les besoins comblés.

 

UNE SOCIETE EMERGENTE

Étant donné la nature changeante de l'environnement, et la nature évolutive du savoir et de la connaissance (en particulier dans une société qui n'est plus freinée par des questions de compétition, d'intérêts privés contraires, etc.), la cité n'est pas une société figée, mais une société émergente : elle évolue sans cesse et s'adapte constamment. Or, une société émergente est le strict contraire d'une société utopique. Une société utopique est une société prétendant avoir trouvé le système idéal. Mais l'économie basée sur les ressources ne prétend pas être le système idéal : seulement un système rationnel fondé sur l'intérêt de tous et l'intelligence de chacun, autant que sur la collaboration. Il ne s'agit plus de gérer la pénurie, mais de gérer l'abondance.

Cette société fondée sur une économie basée sur les ressources n'est de toute évidence pas concevable à une échelle locale, en cela que les ressources nécessaires à l'abondance n'existent pas en tous lieux, mais nécessite la collaboration et l'échange entre tous les lieux de la planète qui fournissent, ensembles, une réelle abondance. Ainsi, une telle société n'est envisageable que si le monde est "fini", c'est-à-dire relié. Or, nous sommes dans un tel monde. Nous pouvons relier tous les coins et recoins de la planète, et même observer celle-ci de si haut (les satellites) que nous pouvons voir dans ses entrailles ce qu'elle recèle comme richesses cachées.

Toutefois, il est évident qu'un tel projet ne peut advenir dans une société fondée sur la monnaie. La monnaie est la réponse à la gestion de la pénurie - le "ticket de rationnement pour temps de paix" - non la réponse à la gestion de l'abondance. Le paradigme de la monnaie EST la pénurie.

 

C'est en outre le manque structurel de monnaie pour tous qui crée, artificiellement, sa valeur. Une monnaie abondante pour tous perd de sa valeur ; une monnaie surabondante perd complètement sa valeur. Il en résulte de façon évidente que pour maintenir sa valeur, la monnaie doit demeurer rare et ne peut être abondante. Si la monnaie ne peut être abondante, les ressources qu'elle permet de se procurer ne seront pas abondantes. Et comme chacun cherche l'abondance, les lois de l'adaptation font que certains s'efforceront de s'accaparer les ressources et la monnaie. Nous ne connaissons cela que trop bien.

C'est pourquoi je persiste à répéter qu'une réforme monétaire ne constituerait, au mieux, qu'une solution transitoire permettant, dans le meilleur des cas, d'allouer les ressources nécessaires à une mutation de la civilisation vers une économie excluant la monnaie de l'équation. Et je prie instamment les esprits les plus brillants de ne pas balayer d'un revers de la main ce sujet, mais au contraire, d'essayer de l'aborder sans a priori.

 

INQUIETUDES CONCERNANT LE "SCIENTISME"

Je suis méfiant vis-à-vis du scientisme. Je tiens à dire que, comme beaucoup de monde, ma première réaction face à ce projet a été celle de la déception : « quoi ? la solution à nos problèmes, c'est la science ? c'est une blague ou quoi ? » Telle fut ma première réaction. Et c'est bien naturel, considérant que, comme l'a très justement écrit Matthieu Ricard dans L'infini dans la paume de la main :

« Certains considèrent que la prétention de la science à tout connaître sur tout est illusoire : la science est fondamentalement limitée par le domaine d'étude qu'elle a elle-même défini. Et si la technologie a apporté d'immenses bienfaits, elle a engendré des ravages au moins aussi importants. De plus, la science n'a rien à dire sur la manière de conduire sa vie. (...) S'adonner pendant des siècles à l'étude et à la recherche ne nous fait pas progresser d'un pouce vers une meilleure qualité d'être, à moins que nous décidions de porter spécifiquement nos efforts en ce sens. »

Ce que dit Matthieu Ricard est pétri de bon sens, toutefois, son observation néglige un aspect important : il juge l'impact de la science sur nos vies et notre environnement à l'aune de la société dans laquelle nous vivons. Or, la science n'est pas la cause de ses propres dérives : ce sont les choix des humains d'utiliser les sciences et les connaissances techniques et scientifiques d'une certaine façon et avec certains objectifs qui sont en cause. Il n'est pas difficile de comprendre que bon nombre de calamités engendrées par des technologies modernes auraient pu être évitées dans un monde qui n'est pas gouverné par le paradigme du profit. Considérer, dès lors, que c'est la science qui est la cause de ces calamités est erroné. Cet aspect bien compris, il devient facile de comprendre notre propre réaction face à la science, et comprendre que nous sommes trompé par notre propre jugement (comme je le dis parfois « le discernement éclaire ce que nos jugements obscurcissent »).

Pour juger du caractère fantaisiste ou réaliste du projet, il nous faut donc envisager les choses en dehors du carcan étroit des conditions actuelles, sans quoi nous condamnerions la proposition sur des arguments fondés sur les conditionnements mêmes que l'on cherche à changer, ce qui serait le comble de l'absurde.

Dans ce que dit Matthieu Ricard, il ne faut donc surtout pas négliger le passage (...) à moins que nous décidions de porter spécifiquement nos efforts en ce sens.

Ayant compris cela, et tout en restant attentif et méfiant — non pas vis-à-vis des sciences en elles-mêmes, mais des hommes qui les utilisent —, je peux dépasser ma première (mauvaise) impression. J'envisage dès lors les sciences et la technologie sous un nouvel angle. Je l'imagine dans un contexte socioculturel non plus anxiogène, ou règne la pénurie donc la compétition, la cupidité et la violence, mais dans un contexte socioculturel bienveillant, ou règne l'abondance et l'entraide mutuelle, et où le profit, la cupidité et l'avidité n'ont plus de sens. je reste méfiant vis-à-vis des scientifiques, mais ma méfiance demeure pondérée, car je comprends que les scientifiques ne sont pas intrinsèquement fous ou malveillants. Eux aussi agissent en fonction de leur environnement socioculturel. Par conséquent, l'orientation qu'ils vont donner à leurs recherches et leur savoir est fonction de cet environnement.

Il n'est pas étonnant que des milliers de scientifiques et des millions d'ingénieurs dans le monde contribuent à divers degrés aux innombrables causes de catastrophes : ils sont utilisés et requis par un système tourné vers le profit, et ils n'en sont que les petites mains. Ils s'adaptent, comme n'importe qui, à leur environnement. Ils se vendent, tout comme la plupart d'entre nous, à ceux qui leur offrent le plus, qu'il s'agisse d'argent, de renommée, de statut social ou d'opportunité de développer leurs recherches. Ils ne sont pas différents d'un politicien, d'un fonctionnaire ou de n'importe qui.

Le point crucial, c'est donc l'environnement socioculturel, et donc, en définitive, les croyances qui sont véhiculées (notons au passage que croyances = opinions - du latin opinio, -onis "croyances"). Il est difficile de faire évoluer les croyances des gens car, comme le dit je ne sais plus qui « l'Homme est un animal religieux » : ce qu'il recherche, par facilité, ce n'est pas la connaissance, mais la certitude. Il veut être rassuré. Donc, les humains ont tendance à s'accrocher à leurs croyances (opinions).

 

UN PROJET D'AVENIR JUSTE ET DURABLE

L'avantage de ce projet, je trouve, est qu'il ne nous "renvoie pas au moyen âge" (critique stupide faite à l'égard de la décroissance, mais qui rebute hélas beaucoup de gens), mais qu'il renverse le paradigme qui est en cause dans nos errements de civilisation. La "cause des causes" de Jacque Fresco est l'économie basée sur la monnaie, et c'est une alternative à ce système qu'il a donc logiquement édifiée.

Cela étant, cela n'enlève strictement rien à l'analyse des causes qui porte spécifiquement sur notre impuissance politique. Or, si l'on considère que l'intérêt collectif ne peut être déterminé que par le collectif lui-même, c'est-à-dire par les citoyens "lambdas" que nous sommes tous, et si l'on considère que les choix à faire pour édifier nos cités et les faire prospérer pour notre propre intérêt, mais aussi celui des générations futures, nous appartiennent, il m'apparaît censé que les deux propositions - celle des Gentils Virus plaidant pour une vrai démocratie (au sens athénien du terme) et celle du Projet Venus plaidant pour une économie sans monnaie, se rejoignent et se complètent, la première offrant une structure démocratique et une référence fondatrice à la seconde.

En outre, il m'apparaît encore plus évident que les deux propositions se rejoignent et se complètent en cela que la conception des cités modernes imaginées par Jacque Fresco coïncide parfaitement avec l'échelle pratique de l'application de la démocratie proposée par Étienne Chouard dans une conception proudhonienne de "fédération de communes libres", c'est-à-dire, en pratique, des cités pouvant accueillir entre 15 000 et 50 000 habitants.

Le fait que, par le principe même de l'économie basée sur le partage des ressources, ces cités sont — et doivent être — reliées entre elles par une sorte de principe fédéral à très grande échelle, renforce encore la chose. Chaque cité serait en partie autonome, dans la mesure où elle exploite les ressources de son environnement direct, mais elle dépendra également de toute une série d'autres cités pour les ressources dont son environnement ne dispose pas. L'interdépendance mutuelle, bien comprise, devrait donc être un facteur de cohésion et d'entraide mutuelle, là où notre système fondé sur le profit et l'avantage différentiel favorise la compétition et l'exploitation, donc la domination.

C'est donc véritablement un projet (r)évolutionnaire, en cela qu'il renverse radicalement le sens des valeurs, en prenant la cause de l'émergence de ces valeurs à leur racine.

Si les valeurs dominantes de notre civilisation sont le profit, la compétition, l'avantage différentiel (ce qui génère violence, pénurie, exploitation, domination, etc.), c'est bien parce que le système monétaire nous renvoie à un paradigme archaïque qui est « il n'y en a pas assez pour tous, nous devons nous battre pour obtenir notre part du gâteau ».

Ma seconde conclusion est encore plus forte (il me semble) : même en supposant que nous parvenions, tôt ou tard, à reconquérir nos droits légitimes et reprendre notre pouvoir, et par là fonder une véritable démocratie, les conditions fondamentales (le contexte socioculturel et économique) dans lesquelles nous aurions à la mettre en pratique nous renverraient tout de même aux questions de profit, de compétition et d'avantage différentiel.

Songez que même avec une allocation universelle et inconditionnelle, les problèmes de propriété des ressources et des moyens de production demeurent (Bernard Friot en parle d'ailleurs lorsqu'il évoque avec pertinence les questions relative à la propriété lucrative, qu'il condamne au profit de la notion de "propriété d'usage"). Le pouvoir resterait entre les mains d'acteurs "privés" s’appropriant les ressources (les véritables richesses), et ceux-ci demeureraient les vrais décideurs. Nous demeurerions dépendant d'eux, et ils resteraient les maîtres ...

 

CONCLUSION

« La rareté et la pénurie sont les deux mamelles d'un mythe mortifère destiné à réduire les créatures faibles d'esprit en esclavage, jusqu'à ce qu'elle soient tellement dociles qu'elles vont jusqu'à craindre l'abondance et la liberté au point de se battre contre leur avènement. A force d'usure, les esclaves en viennent à aimer leurs chaînes. Ils aiment leurs chaînes, parce que c'est tout ce qu'ils ont. Du moins, c'est ce qu'ils croient. Et les hommes sont des animaux de croyances, des animaux religieux plus attaché à des opinions qui les rassurent, parce que même si celles-ci ne leur plaisent pas, ils ne connaissent que ça, et ils ont bien trop peur du changement. Ils sont tellement inconscients et désespérément dépendant du système qu'ils vont jusqu'à se battre pour le défendre. Le subterfuge suprême étant de leur faire croire qu'ils se battent contre le système, alors qu'ils jouent son jeu et le renforce. Les vieux mensonges ont plus d'amis que les nouvelles vérités. »

PS : pour en savoir un peu plus sur le comment, je vous suggère de voir ce film (48 min.) ; dans la seconde partie sont abordé les aspects pratiques de la proposition.


- Source : Morpheus

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...