Comment commémorer dix ans de massacre en Irak ?
Il y a dix ans l’humanité hébétée assistait au déchainement de violence dirigé par une coalition imposante montée contre un petit peuple ostracisé – mis au ban de la « communauté internationale » omnipotente, qui finalement s’avéra être un rassemblement de criminels de guerre (1).
Nul peuple au cours des vingt dernières années n’a subi un tel assaut, ni encaissé un tel déluge de feu, ni enduré un tel chambardement de son tissu social collectif – dont les souffrances sont toujours palpables, dix ans après le commencement des évènements funestes – en n’oubliant pas que ces assassinats collectifs (1 450 000 assassiné(e)s ; 5 millions d’orphelins ; 1 million de disparu(e)s ; 3 millions de veuves) a débuté des années auparavant – par des sanctions lâches de la part de l’auxiliaire Conseil de sécurité de l’ONU commandées expressément par l’impérialisme français et américain (2).
À compter du 20 mars 2003, un tueur en série, psychopathe, malencontreusement commandant en chef d’une machine de guerre meurtrière, fit débuter sur cette Terre millénaire 3650 journées de feux croisés des forces coalisées dirigées par ce pestiféré, récidiviste assassin, chef de guerre d’une meute de chevaliers d’Apocalypses : Royaume-Uni, Arabie, Allemagne, Pays-Bas, Canada – souteneur hypocrite malgré les démentis de ses dirigeants asservis – et la Syrie dont c’est aujourd’hui le tour de passer au pilori (3).
Le 20 mars 2013 ne marque pas une « fête », comment pourrait-on fêter le calvaire d’un peuple meurtri (4,7 millions de réfugiés) – l’anniversaire d’un assassinat collectif – 3650 fois répétées et pas encore terminé (4) ? Un Requiem serait plus approprié. Il y a tout juste dix ans, du ventre de l’enfer s’expurgeait un déluge de fer sur la terre de Babylone, la cité sumérienne magnifique – joyau précieux de la civilisation mésopotamienne, berceau de l’écriture et des mathématiques – l’une des plus brillantes civilisations d’Orient – devenue arabe et musulmane par le hasard de l’histoire, pleinement assumée sous la dynastie des Omeyyades siégeant à Damas, revenue à Bagdad sous la dynastie des Abbassides. Cité étincelante qui renferme encore les artefacts de populations venues d’Afrique en migration vers l’Asie – Pacifique, puis vers l’Amérique (5).
Justement, l’Amérique était de retour dans le Golfe Persique ce 20 mars 2003, non pas pour apporter son tribut de reconnaissance pour cette magnificence – mais plutôt pour bombarder et défigurer cette perle d‘éternité. Honte à tous ceux qui ont comploté et trempé dans cette forfaiture, 3650 fois proférées. Ce peuple admirable, d’un courage inégalable, même mutilé, occupé, bombardé, fusillé, strangulé, ensanglanté, c’est tristement vrai, n’est toutefois pas défait. Il lui reste par-dessus tout des réserves de force – d’altruisme et malgré les apparences et quoi qu’on en pense, un trésor de cohésion sociale pour resurgir à la face de ce monde impuissant à stopper le bras séculier de l’oligarchie impérialiste de Bush à Obama.
Nous étions pourtant des millions dans les rues de par le monde (225 000 à Montréal – la plus grande manifestation de l’histoire du Canada) à nous objecter – à hurler – à pleurer aussi, notre rage impuissante contre le bourreau d’une nation saine et sereine. Nulle force au monde ne pourra éradiquer cette nation de 30 millions d’individus refusant de disparaître.
Ce délit concerté – ce crime contre l’humanité ne restera pas impuni. Ce pays et ce peuple renaîtront de ces sévices. L’Irak est endeuillé, c’est exact, mais il a conservé l’essentiel de ses forces vives, sa classe ouvrière tranquille, pugnace, créatrice de plus-value, source de toutes les richesses. Il faudra du temps cependant et de la bravoure pour reforger l’unité ainsi qu'une forte dose d’ardeur et d’abnégation autour du leadership de la classe prolétarienne irakienne pour refonder ce pays sur de nouvelles bases économiques, politiques et idéologiques.
- Source : Robert Bibeau