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ITALIE : COMMENT SORTIR DE L'IMPASSE POLITIQUE ?

Auteur : Luc Michel | Editeur : Stan | Lundi, 01 Avr. 2013 - 13h12

Le président italien, Giorgio Napolitano, a décidé samedi de charger "deux groupes restreints de personnalités" de chercher une solution pour débloquer l'impasse politique et doter l'Italie d'un nouveau gouvernement.
 
A l'adresse des partenaires étrangers, M. Napolitano a tenu à souligner que le pays n'est ni à la dérive, ni dépourvu d'un exécutif. "Le gouvernement bien que démissionnaire reste en charge et il n'a pas été mis en minorité au Parlement", a expliqué le président âgé de 87 ans, cherchant visiblement à requinquer le gouvernement de l'ex-commissaire européen Mario Monti. Cet exécutif, a noté le président, est "sur le point d'adopter des mesures urgentes pour l'économie, en accord avec l'Union européenne et avec la contribution essentielle du nouveau Parlement" issu des élections des 24-25 février.
 
M. Napolitano a balayé d'un revers de la main les spéculations sur sa démission avant la fin de son mandat le 15 mai. Il entend "prendre des initiatives jusqu'au dernier jour pour débloquer" la situation. "L'Italie est entre de bonnes mains, la décision du président de rester jusqu'au dernier jour tranquillise le pays, les marchés et l'Europe", a commenté un des responsables de la gauche, Paolo Gentiloni.
 
Même son de cloche de la part de la droite berlusconienne: "aucun doute que dans un moment aussi incertain et dramatique, la présence du président offre à tous un point de référence solide et fiable", a déclaré Sandro Bondi, coordinateur du PDL de Silvio Berlusconi.
 
L'ITALIE DANS UN CUL-DE-SAC POLITIQUE

 
« L'Italie est dans un cul-de-sac » - dixit La Republica - depuis les législatives, avec un centre gauche disposant de la majorité absolue à la Chambre des députés mais pas au Sénat où s'opposent trois forces de poids similaire: la gauche de Pier Luigi Bersani, la droite berlusconienne et les contestataires radicaux – qualifiés de « populistes » par leurs adversaires - de l'ex-humoriste Beppe Grillo.
 
Partisans d’une certaine forme de Démocratie Directe et résolument opposés au parlementarisme, ils ont dit non à toute participation à une coalition de gauche ou de droite. Comme leur programme électoral l’annonçait.
 
Les deux "groupes restreints de personnalités" dont M. Napolitano n'a pas dit par qui ils seront chapeautés seront constitués mardi, a indiqué l'agence italienne Ansa. Un groupe aura "un caractère politico-institutionnel et l'autre économico-social". Ils prépareront un rapport à remettre soit à M. Napolitano soit à son successeur.
 
Le président a donc décidé de prendre son temps.
L'objectif fixé par le président est que les deux groupes de "sages", comme les a déjà surnommés la presse, fassent "des propositions de programme précises" sur lesquelles puissent se retrouver la majorité des forces politiques.
 
La décision du président était très attendue alors qu'il avait reçu toute la journée de vendredi les partis politiques pour tenter de concilier leurs exigences.
"Ces rencontres m'ont permis de constater la persistance de positions très différentes sur les solutions possibles au problème de la formation du gouvernement", a-t-il expliqué samedi.
 
CHACUNE DES FORCES POLITIQUES ISSUES DES ELECTIONS CAMPE SUR SES POSITIONS
 
Chacun campe en effet sur ses positions: le M5S de Grillo, qui a canalisé un vote antipartis et anti-austérité, réclame un gouvernement sous ses propres couleurs, Berlusconi a proposé un pacte "faustien" (sic) à la gauche qui, pour sa part, voulait tenter sa chance au Parlement pour essayer de grappiller des voix des "grillini" (membres du M5S).
 
Et ni la gauche ni la droite n'acceptent pour le moment un "gouvernement du président" qui serait dirigé par une personnalité neutre et adopterait quelques réformes dont celle, essentielle, de la loi électorale, cause de l'impasse actuelle, avant de nouvelles élections à l'automne ou au printemps 2014. Des noms étaient déjà cités, ceux de la ministre de l'Intérieur, Anna Maria Cancellieri, membre du gouvernement Monti, très respectée à droite et à gauche, ou encore de l'ex-commissaire européenne Emma Bonino.
 
"Mission impossible", "paralysie due aux vetos croisés", les journaux dressaient samedi un constat d'échec angoissé face au manque de solution à une crise qui dure depuis plus d'un mois.
"Il n'y a même pas un point de contact entre les trois principaux partis", constatait l'éditorialiste Antonio Polito, du Corriere della Sera. "Grillo ne veut rien faire, Berlusconi veut seulement un gouvernement de grande coalition, ce qui est impossible car le PD (de Bersani) le refuse" pour ne pas s'aliéner un électorat qui déteste le Cavaliere.
 
Reste que si la tentative de la dernière chance lancée par M. Napolitano devait être un flop, son successeur n'aurait plus comme issue qu'une dissolution rapide des chambres pour un retour aux urnes pendant l'été.
Une option caressée avec insistance par Silvio Berlusconi, galvanisé par des sondages qui voient sa coalition en tête en cas de nouveau scrutin, avec 32,5%, devant la gauche, donnée à 29,6%.


- Source : Luc Michel

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