Marseille 2013, année capitale... pour les municipales
Un an avant l'échéance électorale, la scène politique de la 2e ville de France est déjà en surchauffe.
Consacrée officiellement à la capitale européenne de la culture, l'année « Marseille 2013 » tourne beaucoup autour Vieux Port. Ou plutôt du quai du Port, siège de l'hôtel de ville occupé sans discontinuer par Jean-Claude Gaudin depuis 18 longues années. Une longévité inédite pour un maire de droite dans la 2e ville de France que le gourmand édile semble bien tenté de prolonger. «J'en ai envie, mais je ne veux pas faire la campagne de trop», minaude le sénateur auprès des visiteurs qui le questionnent. Et qu'il renvoie à quelques mois après l'été, date officielle de l'annonce de sa décision, qui coïncidera sans doute avec la parution de ses mémoires... et à un éclaircissement du champ de bataille.
Une seule place est encore disponible sur le fronton de l'ancienne salle du conseil municipal où sont inscrits les noms de presque tous les maires de Marseille. Un espace vide, que beaucoup souhaitent remplir avec leur nom. Quatre candidats sont d'ores et déjà déclarés au Parti socialiste. Une sorte d'épidémie de candidatures - auxquelles les médias souhaitent ajouter celle du nouveau copropriétaire de La Provence, le quotidien régional: Bernard Tapie.
Voyage dans le temps
Un hommes d'affaires, parfois politique, aux commandes d'un journal, Marseille n'avait plus connu cela depuis 30 ans, et les derniers instants de Gaston Defferre. Vingt ans après sa chute Nanard revient sur les terres de ses exploits passés. Avec la même ambition? Pas sûr. Le voyage dans le temps que son retour dessine fait rajeunir tous les acteurs, hommes politiques et journalistes. Peut-être une explication à l'engouement de la presse et des médias, et à la multiplication des unes, reportages et enquêtes consacrés à son humble personne depuis le début de l'année. Homme clé de ces articles, son ancien attaché parlementaire, le fidèle Marc Fratani, ne se cache pas de rencontrer des élus. Son repas avec Christophe Masse, conseiller général resté proche de Jean-Noël Guérini et président de 13 Habitat, a fait le tour des rédactions. Son passage par le 9e étage l'hôtel du département a été moins ébruité. « Oui il fait le tour de tout le monde, confie un proche de Guérini. On a toujours dit qu'il était les yeux et les oreilles de Tapie. Mais est-il aussi sa parole? Pas évident». Si l'homme est hâbleur, rien dans son discours ne laisse croire à un retour en politique. Au moins au premier plan. « Franchement, s'il me le demande, je lui dirai qu'il serait le dernier des cons à vouloir refaire de la politique, il n'a que des coups à prendre là-dedans».
Tapie, Guérini, des ennemis communs
Demeure la possibilité de jouer au trouble fête, en poussant un candidat, par exemple - ou en torpillant un autre…. Les bravades de Patrick Mennucci, qui ont conduit à l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur les conditions du rachat de La Provence, ont fort agacé Tapie, tout comme les manoeuvres du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg pour empêcher Nanard de racheter le journal. Deux noms, deux élus, deux ennemis en commun avec un autre épouvantail de la politique marseillaise, Jean-Noël Guérini. Quoique empêtré dans les soucis judiciaires, éreinté par les pépins de santé, le sénateur-président du conseil général n'a pas renoncé à jouer un rôle dans la campagne municipale à venir.