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Emmanuel Macron : inapte à l’action publique, il s’attaque au privé

Auteur : Christophe Servan | Editeur : Walt | Lundi, 24 Nov. 2014 - 20h02

Emmanuel Macron veut partir en guerre contre les retraites chapeau des grands PDG. La belle affaire que voilà ! Mais quelle mouche a bien pu piquer notre jeune ministre de l’Économie ?

Les retraites chapeau sont l’affaire du secteur privé. Les entreprises sont en droit de rémunérer leurs dirigeants comme bon leur semble. Que les sommes en jeu puissent paraître choquantes, c’est certain, mais cela ne regarde que les actionnaires de l’entreprise, et si, après tout, ceux-ci sont assez stupides pour appointer grassement et à vie un individu qui ne fait plus rien, c’est leur affaire.

En 2005, l’ancien patron de Carrefour, Daniel Bernard, quitta l’entreprise avec une pension annuelle de 1.240.000 euros. Les actionnaires estimant la chose infondée portèrent l’affaire devant la justice et, en 2008, la cour d’appel de Paris annula purement et simplement sa retraite chapeau. Dans ses attendus, elle estimait que Daniel Bernard n’avait pas rendu à l’entreprise des « services particuliers » justifiant une « rente viagère ». Rien à rajouter.

Ces « super rémunérations » sont aussi une aubaine pour l’État puisqu’elles sont imposées, par le jeu de l’impôt progressif, à un taux moyen très proche du taux marginal d’imposition, soit plus de 50 %. Au total, cela ne représente pas une somme énorme puisque le nombre de personnes concernées est très faible (à peine un millier), mais rapporté à l’assiette c’est l’un des impôts les plus rentables, si ce n’est le plus rentable. Et puis, les heureux bénéficiaires de ces super-retraites ne sont pas fous : en général, ils prennent soin d’en négocier le montant au moment de leur nomination. Supprimez-les et ils trouveront autre chose, qui se révélera forcément moins avantageux pour le fisc.

Chacun a pu observer qu’Emmanuel Macron aime faire parler de lui. Avec la relance de l’autocar, il a fait chou blanc : tout le monde a cru que c’était aux dépens du train alors que c’était en fait la voiture qui était visée. Revenir aux 39 heures (payées 35) est sa grande idée, une potion amère qu’il va bien falloir ingurgiter. Et quoi de mieux qu’une bonne réforme sur les retraites chapeau pour endormir le petit peuple et donner des gages de populisme aux amis de Jean-Luc Mélenchon.

Monsieur le Ministre, laissez les actionnaires s’occuper de cette affaire et mêlez-vous plutôt de ce qui regarde l’État, singulièrement de faire rentrer l’argent dans les caisses. Déployez plutôt votre énergie à sanctionner le délit d’initié (durcissez les sanctions et renforcez les moyens de surveillance), à limiter les stock-options (qui lèsent l’actionnaire puisque l’augmentation du nombre d’actions dilue la valeur de chacune d’elles), à poursuivre le travail au noir et l’évasion fiscale (plus de 30 milliards de manque à gagner fiscal par an), mais cessez de gesticuler avec des idées à l’emporte-pièce qui n’ont pas d’autre effet que de trahir votre inexpérience des affaires publiques.


- Source : Christophe Servan

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