La Commission européenne a employé un ton rassurant, en ce 15 février, en déclarant que le scandale de la viande de cheval faussement estampillée bœuf tient avant tout de l’étiquetage et non de la menace sanitaire. Il n’empêche. L’Agence britannique de sécurité des aliments, la Food Standards Agency, a découvert que des carcasses de chevaux contenant un médicament anti-inflammatoire, la phénylbutazone, ont été exportées du Royaume-Uni vers la France. Le hic, c’est que selon les mêmes experts cet anti-douleur impropre à la consommation a pu entrer dans la chaîne alimentaire. Alors que la polémique enfle, le site Natura Sciences s’est de son côté intéressé de manière globale aux impacts sanitaires liés à la consommation de la viande et à la présence de micropolluants dans les produits carnés.
Les lasagnes au cheval, un scandale sur le point de devenir sanitaire ? Le ministère britannique de la Santé l’a révélé le 14 février dernier : 206 carcasses de chevaux ont fait l’objet de tests, et huit présentaient des traces de phénylbutazone, un anti-inflammatoire utilisé en médecine vétérinaire (et en médecine humaine jusqu’en 2011). Et il y a donc infraction, puisque, comme le rappelle la réglementation européenne, la présence de ce médicament rend la viande impropre à la consommation. Car il y a un risque, certes faible, pour la santé humaine.
Comme le rappelle Bernard Bégaud, professeur de pharmacologie à l’Université de Bordeaux, dans les colonnes du journal Le Monde « la phénylbutazone, un produit non stéroïdien, présente d’une part des problèmes de mauvaise tolérance à différents niveaux et, d’autre part, un risque probablement rare de réactions allergiques aiguës avec des lésions dermatologiques bulleuses ». Et comme l’ajoute le Docteur Pascal Gustin, expert en pharmacologie-pharmacothérapie-toxicologie à la Faculté de Médecine Vétérinaire de la Faculté de Liège, en Belgique, « il peut y avoir des effets beaucoup plus graves tels que l’anémie, une réduction de la production des plaquettes, des effets sanguins assez graves mais fort heureusement rares ».
Certes, aucune trace de ce médicament n’aurait été détectée dans les produits de la marque Findus au Royaume-Uni. Mais l’hexagone est concerné. Car, comme le note la FSA, « six carcasses seraient entrées dans le circuit français, et nous travaillons avec les autorités françaises pour sortir la viande de la chaîne alimentaire ». Et selon la FSA, « la viande de cheval contenant de la phénylbutazone a pu être exportée et vendue à des consommateurs en France et en Belgique depuis un certain temps ». Sally Davis, l’experte des questions médicales au ministère de la Santé britannique, précise pour sa part qu’« au regard des quantités de phénylbutazone découvertes, une personne devrait consommer 500 à 600 hamburgers contenant 100% de viande de cheval par jour pour s’approcher de la dose quotidienne limite pour l’homme. Par ailleurs, le produit passe assez rapidement dans le système et il est peu probable qu’il s’accumule dans le corps ».
Le contexte est tout trouvé pour le site Natura Sciences, qui s’est livré à une analyse sur les dangers que représente la consommation de viande dans son ensemble. Car si la consommation régulière de viande accroît les risques de maladies et cancers, « il existe aussi un consensus scientifique sur le fait que de nouveaux virus se transmettant des animaux d’élevage à l’Homme constituent une menace sanitaire mondiale ». Les épizooties, telle que la grippe aviaire ou la grippe porcine, en sont une illustration redoutée. Autrement préoccupante, une étude américaine a montré que près de la moitié de la viande aux Etats-Unis est contaminée par des staphylocoques dorés (et dans plus de la moitié des cas, les staphylocoques étaient résistants à au moins trois types d'antibiotiques différents). Amateurs de viande, attention à vos assiettes !