L’UE : y aura-t-il toujours la queue ?
Selon le journal DiePresse, publié à Vienne, la Société autrichienne de la politique européenne ÖGfE a engagé le sondage consacré à l’attitude des citoyens du pays envers l’élargissement de l’UE. Le résultat est éloquent : la plupart des sondés se sont opposés à la politique de Bruxelles envers l’admission de nouveaux membres au club principal des puissances européennes.
Le sujet de l’élargissement est, semble-t-il, « éternel » pour l’UE depuis sa fondation jusqu’à nos jours. L’Europe unie a subi plusieurs vagues d’élargissement. La récente qualifiée dans la presse de « Grande explosion » a eu lieu en 2004 lorsque dix pays ont été admis à la fois à l’UE. Sept d’entre eux appartenaient à la dénommée « communauté socialiste » des Etats avec à leur tête l’ex-URSS.
Ce fut pour une large part une décision conjoncturelle. Les nouveaux membres n’étaient pas prêts au plan économique et institutionnel à adhérer à l’UE. Plusieurs politiciens et experts signalent de plus en plus souvent la « fatigue » des Européens.
Après l’admission en 2007 de la Bulgarie et de la Roumanie à l’UE les leaders politiques européens ont envisagé une pause dans l’élargissement de l’UE. La Croatie et devenue en juillet 2013 le 28è me membre du Club. Selon la plupart des experts, il faut s’arrêter. Qui plus est, Jean-Claude Juncker a promis lors de l’approbation au poste de chef de la Commission européenne en juillet une « trêve » de cinq ans dans l’élargissement de l’UE pour « digérer » l’admission de nouveaux membres.
D’après le communiqué officiel, la Commission européenne a adressé ces derniers jours au Parlement européen, au Conseil européen, au Comité pour l’économie et les problèmes sociaux et au Comité des régions de l’UE un document volumineux intitulé « La stratégie d’élargissement et les principaux défis de 2014-2015 ». Le professeur de l’Institut des régions d’Europe de Salzburg Franz Schausberger doit présenter en avril 2015 le compte rendu de la part du Comité des régions, organe consultatif sérieux de l’UE, reflétant les intérêts des formations politiques locales.
La Stratégie suppose la perspective d’admission à l’UE des pays des Balkans occidentaux. Comment le représentant de l’Autriche où deux tiers des citoyens ont décliné l’admission à l’UE de la Serbie, de la Macédoine et du Monténégro et 80% - la participation de l’Albanie et du Kosovo appréciera la nécessité de nouvelles « vagues » d’élargissement ?
Il est peu probable que le professeur jette le gant à Bruxelles. D’autant plus que pour reprendre l’expression employée sur le portail Bürgerstimme in Weltpolitik (La Voix civile dans la politique mondiale), l’apparition d’un ennemi imaginaire: la Russie aggressive et la crise ukrainienne inspirée sous la pression directe des Etats-Unis donnent une nouvelle impulsion à l’«expansion » de l’UE vers l’Est. Le chef du département des pays et des régions de l’Institut de l’Europe Vladislav Belov a constaté la politisation de l’élargissement de l’UE.
La décision de l’UE de s’élargir vers l’Est provient des motifs politiques, c’est-à-dire à l’aspiration à terminer la répartition géopolitique des forces sur le continent européen en admettant les pays de l’ancien camp socialiste dans l’orbite de l’intégration ouest-européenne à laquelle aucun de ces pays n’était prêt.
Le commentaire de la stratégie de l’élargissement de l’UE diffusé sur le portail Bürgerstimme in Weltpolitik est intitulé Le glouton n’en a jamais assez. Une expression pas très recherchée mais exacte.
- Source : Oleg Severguine