Réforme pénale : Cazeneuve s’inquiète !
C’est peut-être parce qu’il a le physique d’un cachet d’aspirine qu’en « découvrant » la réforme pénale pondue par mama Taubira, le ministre de l’Intérieur est devenu effervescent. Il est « inquiet », nous explique Le Figaro devant le désastre annoncé. Il faut dire que, ce 1er octobre, la réforme entre en vigueur, au désarroi quasi général des forces de l’ordre.
Alors Cazeneuve fait mine de marquer son désaccord, n’hésitant pas à parler des « contraintes administratives et de procédures » pesant sur les policiers et les gendarmes et pouvant « être source de démotivation ». Le ministre s’aperçoit, un peu tard dirons-nous, des conséquences sur le terrain.
« Il est difficile d’arriver à élucider car il faut de la patience, du professionnalisme, des mois et des mois d’investigation pour démanteler des réseaux criminels ou de cambrioleurs [...] Et parfois lorsque le temps de l’investigation se termine et celui de l’élucidation se présente, j’entends comme une forme d’interrogation sur la possibilité d’arriver jusqu’au bout, parce que les procédures sont lourdes et que les contraintes administratives se présentent à vous », a-t-il déclaré, ce mardi, aux responsables police et gendarmerie réunis à l’École militaire.
Le problème pour Bernard Cazeneuve, qui va faire face à une fronde grandissante dans les semaines à venir, est que mama Taubira est littéralement intouchable. Elle peut pratiquement sortir n’importe quelle absurdité sans que le président Hollande n’ose lever le petit doigt pour la freiner un peu.
Pour être en contact assez régulier avec la police, je ne peux que confirmer la désespérance qui guette les fonctionnaires. Leur travail était déjà rendu de plus en plus ardu au fil de réformes sans lien avec la réalité du terrain. La vague de paperasserie, sorte de tsunami soviétoïde gonflé au papier et au dérisoire, va submerger les enquêteurs de plus belle. Comme toujours depuis 40 ans, l’avantage est donné aux voyous et aux pires crapules. Taubira fait dans l’idéologie pure, son objectif – du moins de nombreux policiers et gendarmes le ressentent ainsi – est de freiner au maximum l’action de ceux qui poursuivent les malfaiteurs, violeurs et autres assassins.
Cazeneuve doit jouer maintenant à l’alchimiste fou, savoir doser sa parole et ses actes entre les diktats du garde des Sceaux et la base bouillante prête à entamer une action de protestation. D’autant que les couacs ne manqueront pas d’arriver et d’être médiatisés à souhait…
Le problème, avec les cachets d’aspirine, c’est qu’au bout d’un moment, il ne font plus effet.
- Source : Joris Karl