Le président de Google souhaite une Europe débarassée des régulations nationales
La commissaire européenne aux nouvelles technologies, Neelie Kroes, qui va bientôt quitter ses fonctions, a décidé d’ouvrir son blog à des personnalités politiques mais également du monde économique et culturel afin qu’ils exposent leur « vision » d’une « nouvelle Europe digitale ».
Après le vice président de la commission, ce fut donc au tour d’Eric Schmidt, l’ancien patron de Google, d’exposer sa « vision » de la future « Europe digitale ». Sans surprise, c’est en patron de multinationale pour qui les législations nationales sont d’insupportables freins au développement et aux profits que ce dernier a encouragé à « lever les régulations » afin de faciliter l’accès des entreprises « à un demi-milliard de consommateurs européens ».
Tu m’étonnes. Cependant, rassures-toi Eric, TAFTA est précisément fait pour ça et va te déréguler un bon coup tout ce qui restait des outils barbares de protection des consommateurs. En effet, il faut que l’accès au consommateur soit le plus large possible, comme le dimanche et les jours fériés, par exemple, afin de ne pas contrarier l’exploitation de tous les gisements de profits.
Mais ce n’est pas tout : après avoir ouvert l’accès le plus large possible au consommateur (au moyen d’un entonnoir peut-être ?) il faudrait également, toujours selon Eric, « encourager ceux qui prennent des risques ». Parce que c’est vrai que des entreprises comme Google, Apple ou Microsoft ne sont pas assez encouragées je trouve, par rapport aux services qu’elles rendent à l’humanité ou aux risques hallucinants qu’elles prennent lorsqu’elles lancent, par exemple, l’Iphone 6 ou Windows8. Et d’ailleurs ce n’est pas comme si elles étaient en situation de quasi monopole et se faisaient des marges pharaoniques…
Il faut donc également « faciliter l’accès au capital », ben tiens, comme si les taux d’intérêts n’étaient pas déjà à 0%, comme si la FED et la BCE ne faisaient pas déjà du Qantitative Easing et distribuaient de l’argent gratuit aux banques… Ce n’est pas non plus comme si Google dormait sur une gigantesque montagne de cash de 56 milliards de dollars de trésorerie, dont du reste elle ne sait pas quoi foutre (tiens, pourquoi pas financer des start-up ou des entreprises humanitaires Eric ?). Que le capital est cher et difficile à accumuler, tout cela mérite donc des « mesures volontaristes », comme par exemple, « des incitations fiscales ».
C’est sûr que l’ensemble de ces mesures respire l’innovation, d’ailleurs les incitations fiscales et le démantèlement des régulations nationales c’est du jamais vu, révolutionnaire, ce n’est pas comme si on se bouffait de la déréglementation, de la mondialisation et de l’harmonisation européenne depuis 30 ans, ce n’est pas non plus comme si nos pauvres entreprises qui ont les pires difficultés à « avoir accès au capital » avaient reversé près de 40 milliards d’euros de dividendes à leurs actionnaires en 2013, mais quand même, en lisant de tels poncifs éculés présentés comme des « nouveautés révolutionnaires » de la part d’un des papes des nouvelles technologies, je me demande si Eric Schmidt n’a pas passé ces dernières années en état d’hibernation artificielle dans une cuve d’azote liquide…
La commissaire européenne chargée des nouvelles technologies, Neelie Kroes, quittera ses fonctions le 31 octobre 2014. Pour finir son mandat en beauté, elle ouvre les colonnes de son blog à 40 personnalités des mondes politique, de l’entreprise et des arts pour y faire part de leurs suggestions afin de créer « une nouvelle Europe ». Après le vice-président de la Commission européenne, c’est au tour d’Eric Schmidt d’imaginer l’Europe de demain.
Eric Schmidt appelle les 28 à lever les entraves dues aux régulations nationales qui empêchent l’avènement d’un marché unique numérique en Europe. « Si les barrières en matière de régulation sont levées, les start-up pourront avoir accès directement à un demi-milliard de consommateurs européens, un marché plus grand que celui des Etats-Unis », souligne-t-il notamment.
Pour combattre un chômage « qui semble stagner à un niveau deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis », l’Europe doit « encourager ceux qui prennent des risques » et faciliter l’accès au capital, « à travers des incitations fiscales et d’autres mesures volontaristes qui facilitent l’accès des start-up au financement », ajoute-t-il.
Accepter les perturbations liées aux innovations
Eric Schmidt appelle aussi l’Europe à « accepter et accueillir les perturbations » apportées par la plupart des innovations, et cite en exemple le service américain de voiturage Uber, qui fait concurrence aux services de taxi traditionnels, et dont Google est un des actionnaires.
Neelie Kroes a pris plusieurs fois la défense d’Uber, qui se heurte à des difficultés d’ordre réglementaire dans plusieurs pays européens comme la France ou l’Allemagne.
La tribune d’Eric Schmidt intervient alors que Google est sous les feux de l’actualité européenne dans le cadre de l’enquête ouverte par la Commission à son encontre pour abus de position dominante sur le marché des moteurs de recherche.
Dans les prochains jours, Vint Cerf, l’un des pères fondateurs d’internet, l’architecte Rem Koolhaas ou encore des membres de l’administration Obama feront à leur tour part de leurs idées pour « une nouvelle Europe ».
- Source : 01net