Des plantes au service du sol: pour une «agriculture de conservation»
Cultiver des plantes dans le but de protéger le sol est le rôle largement reconnu des engrais verts. Développer des plantes pouvant rendre une multitude d’autres services, telle est la plus-value visée par les nouveaux couverts végétaux. Ils contribuent à lutter contre la perte de fertilité des sols observée à l’échelle mondiale. Agroscope étudie leur intégration dans des systèmes de culture innovants, favorisant ainsi le développement d’une agriculture de conservation. Ils seront présentés le 17 septembre à Changins.
La perte de fertilité du sol à l'échelle mondiale est préoccupante. Les causes les plus connues sont l'érosion éolienne des grandes plaines, l'érosion hydrique des climats humides et la dégradation des sols issus de défrichements. « En Europe, le souci prédominant est une perte de matière organique du sol due à la spécialisation des exploitations de grandes cultures qui conduit à son tour à l'abandon du bétail et des engrais organiques, à la simplification de la rotation des cultures ainsi qu'à un travail du sol profond et régulier », rappelle Raphaël Charles, responsable du groupe de recherche Systèmes de grande culture et nutrition des plantes à Agroscope.
Des couverts végétaux comme remède
De récents tests portant sur une cinquantaine de couverts végétaux ont permis de décrire une large diversité de comportements agronomiques. Semées en été après moisson, certaines espèces couvrent le sol pour moitié après 20 jours déjà, offrant une protection du sol contre l'érosion et une concurrence efficace contre les adventices. Ces effets sont renforcés par une importante biomasse aérienne. Elle peut atteindre 4 à 6 t/ha de matière sèche avant l'hiver et constitue un enrichissement potentiel de la matière organique du sol. Parallèlement, la biomasse souterraine représente quelque 2,5 t/ha, soit 100'000 km de racines favorables à la structure du sol, à la circulation de l'air et de l'eau, aux organismes du sol. Ces racines prélèvent des substances, dont le nitrate exposé au lessivage ou le phosphore partiellement immobilisé dans le sol. La conservation des éléments nutritifs dans la couche arable et leur disponibilité pour les cultures suivantes permettent de réduire l'utilisation d'engrais. Cette économie peut être majorée par l'azote fixé symbiotiquement par les légumineuses. Leur biomasse aérienne est capable d'accumuler 30 à 50 kg/ha d'azote du sol et de fixer 100 à 150 kg N/ha de l'air. Jusqu'à 100 kg N/ha sont encore contenus dans les racines.
Réduire les intrants, préserver les sols
Un choix ciblé de couvert végétal peut donc permettre d'éviter tout herbicide (tel que le glyphosate) durant l'interculture, de procéder à un semis direct de la culture suivante (betterave, maïs), de réduire sa fumure minérale, et de préserver les multiples fonctions du sol. Des associations d'espèces cultivées en mélanges permettent d'offrir d'autres services encore, en jouant sur leur complémentarité: phénologie, architecture, floraison, sensibilité au gel.
Ce nouvel intérêt pour les couverts végétaux s'inscrit dans le cadre du développement d'une agriculture de conservation qui réunit un ensemble de techniques culturales favorables au potentiel agronomique des sols. Ces techniques culturales revisitent 3 composantes clés des systèmes de culture en visant une rotation diversifiée, une réduction du travail du sol et une couverture du sol systématique.
Journée dédiée aux techniques de conservation du sol
La Confédération et plusieurs cantons allouent des contributions pour des techniques d'exploitation préservant le sol. La mise en place de ces mesures nécessite un accompagnement. Dans cette perspective, Swiss No-Till (Association suisse pour une agriculture respectueuse du sol), ProConseil (Vaud) et Agroscope, ainsi que leurs partenaires, organisent une journée dédiée aux techniques de conservation du sol : semis direct, couverts végétaux, couverts associés, compost. Les dispositifs expérimentaux d'Agroscope à Changins (Nyon) seront présentés le 17 septembre après-midi (début des visites à 14h00). Cette journée s'adresse aux agriculteurs, aux professionnels du monde agricole ainsi qu'à toute personne intéressée par la conservation des sols.
- Source : AGROSCOPE