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Lundi, 23 Déc. 2024

Moyen-Orient : à quand une voix française discordante ?

Auteur : Christian Vanneste | Editeur : Walt | Dimanche, 31 Août 2014 - 15h21

Le président de la République française n’est plus que l’ombre du président des États-Unis, qui n’est plus que l’ombre du personnage fabriqué par les médias il y a sept ans.

Le président de la République française n’est plus que l’ombre du président des États-Unis, qui n’est plus que l’ombre du personnage fabriqué par les médias il y a sept ans. Pendant que les islamistes pataugent dans le sang, […] monsieur Obama étudie des options, envoie quelques drones, mais ne fait pas la guerre aux extrémistes sunnites, les cousins dévoyés des riches alliés du Golfe.

Bien sûr, la temporisation se veut morale : on ne choisit pas entre deux barbaries, celle du dictateur syrien et celle du calife de Mossoul. L’écho s’est immédiatement propagé à Paris où Hollande a répété servilement la leçon. Mais si on flaire de près la démarche, un fort relent de pétrole s’en dégage. Les racines du mal se trouvent en Afghanistan lorsque les Américains ont intelligemment utilisé les fanatiques de l’islam financés par les Saoudiens, aidés par le Pakistan pour vaincre les Soviétiques. Ils ont réussi, mais comme d’habitude, une fois l’objectif atteint, ils sont passés à autre chose, ont laissé s’installer la guerre, les talibans, Al-Qaïda et ont été tout surpris un certain 11 septembre 2001. Les alliés étaient devenus des « aliens ».

|…] Alors, pas de leçon de morale : les alliances avec le diable, les États-Unis connaissent. Leur problème n’est pas moral, il est compliqué. Il ne faut surtout pas ébranler les monarchies islamiques et néanmoins pétrolières en poussant les extrémistes vaincus en Irak et en Syrie à mettre le feu au cœur de la terre d’islam. Les répercussions énergétiques et financières seraient trop graves. Les mamours de Hollande à l’islam modéré et les discours belliqueux envers Assad ne sont pas étrangers, non plus, aux relations fructueuses que notre pays entretient avec le Golfe et ses riches États qui sont, comme chacun sait, des modèles de démocratie et des sanctuaires pour les droits de l’homme. Il ne faut pas confondre la barbarie syrienne ou les assassinats sanglants de « l’État islamique » avec la tradition éminemment respectable des décapitations au sabre dans le royaume wahhabite.

[…]

Aujourd’hui, la France devrait faire entendre sa propre musique. Il est prioritaire que la paix et l’ordre soient rétablis en Syrie et en Irak. L’exemple libyen montre que le plus court chemin est celui de la consolidation du pouvoir en place. […] Ce changement d’orientation suppose aussi la volonté d’entretenir des relations plus ouvertes avec l’Iran et la Russie, qui ne menacent en rien notre pays. Si la France avait ce courage, elle pourrait jouer un rôle décisif en Ukraine et au Moyen-Orient plutôt que de mêler ses timides aboiements à ceux de la meute américaine. La France retrouverait sa vraie place qui n’est pas celle d’un comparse comme elle l’était du Royaume-Uni à Munich. L’ordre du monde y gagnerait et il s’agit là de politique plus que d’intérêts économiques. Enfin, la morale elle-même y trouverait son compte, car la passivité des Occidentaux devant les horreurs commises par « l’État islamique » est le véritable scandale.


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