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Lundi, 23 Déc. 2024

Villepin-Sarkozy : prêts à tout pour exister, même à se réconcilier !

Auteur : Marie Delarue | Editeur : Walt | Dimanche, 15 Juin 2014 - 13h18

Quiconque fréquente d’un peu près les politiques sans en être vous le dira : le plus difficile à suivre est le jeu des alliances. Un véritable gymkhana dont le sens échappe au commun des mortels et parfois aux intéressés car les règles du jeu en sont en permanence bouleversées, même et surtout en cours de partie.

Pour s’y retrouver, il nous faudrait un trombinoscope d’un genre particulier, un « tableau des brouilles et des alliances » qui serait mis à jour chaque semaine – que dis-je, chaque jour ! – afin qu’on s’y retrouve. Si possible.

En effet, qui aurait pu imaginer un Dominique de Villepin appelant aujourd’hui au retour de Nicolas Sarkozy, d’abord en patron de l’UMP puis, faisant foin des primaires actées par les militants, en sauveur de la nation ?

Car s’il est bien une image de la haine en politique, elle porte le visage de ces deux-là. Le grand et le petit. Le littéraire à la blanche crinière, jouant de sa mèche et de son nom à charnière, et le bling-bling grimaçant et noiraud tout excité sur ses talonnettes. Celui qui rejouait Alerte à Malibu sur la plage de La Baule pendant que l’autre trépignait en l’attendant devant sa potion amère. Celui qui crachait son mépris sur « Naboléon » et l’humilié qui rêvait d’accrocher son rival à « un croc de boucher », même s’il lui fallait pour cela monter sur un banc. Vingt ans durant, une haine de mâles dominants, terriblement féroce, dont les échos résonnent encore au seuil des tribunaux tel le fracas des cerfs en rut dans la forêt de Chambord.

Et puis voilà qu’avec la déconfiture de l’UMP Villepin réapparaît, malade d’être resté si longtemps silencieux. C’est que la France des tweets et des selfies se fout bien de L’Empire de la solitude, du Soleil noir ou de L’Esprit de cour ; elle se fout bien de savoir si Dominique Marie François René Galouzeau de Villepin a hérité de Chateaubriand plus qu’un prénom, un talent littéraire. Villepin n’existe plus sur le devant de la scène, n’existe plus tout court. La France l’a oublié. Alors il se ramène, la ramène, le ramène.

Au forum LCP-Le Monde-France Info , il fait son grand retour en appelant au retour de « l’autre » : faisons ami-ami, notre haine n’est qu’un mauvais souvenir, embrassons-nous, Folleville !

« Incroyable », « Impensable », « Inimaginable », dit la presse. C’est tout cela et d’autres choses encore pour le commun des mortels. Pas pour les politiques. En effet, qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est pas que la sagesse ou l’intérêt supérieur de la nation les aient convertis l’un à l’autre, non, c’est l’appât du pouvoir et l’appât du gain qui leur fouaillent les tripes plus encore que la cervelle, et pour lesquels ils sont prêts à tous les renoncements, toutes les compromissions. Prêts à retourner leurs vestes et leurs costumes, même leurs chaussettes et jusqu’à leurs caleçons pour un poste, un mandat, un maroquin peut-être.

L’intérêt de la France ? La belle affaire. Elle s’en remettra comme elle s’en est toujours remise, pensent-ils. Les gouvernements passent, elle demeure – jusqu’ici – tandis qu’eux voient leurs cheveux blanchir et les rides se creuser. Ne rien lâcher, jamais, c’est leur devise. À n’importe quel prix.

Et l’on s’étonne, après cela, que les Français n’aillent plus voter ?


- Source : Marie Delarue

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