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Lundi, 23 Déc. 2024

Toubon, Boone : Hollande toujours plus loin dans l'eurolibéralisme

Auteur : Laurent Pinsolle | Editeur : Walt | Samedi, 14 Juin 2014 - 22h45

La dernière vague de nomination du président a suscité de nouveaux remous, entre la nomination de Jacques Toubon, ancien ministre de droite, et d'une représentante de la finance dont il disait être l'ennemi. Une nouvelle affirmation décomplexée de son cap eurolibéral.

La finance est dans le nid

La nomination de Laurence Boone est stupéfiante. Certes, il n’était pas difficile de comprendre en 2012 que François Hollande ne serait pas un véritable ennemi de la finance, étant donné qu’il avait donné des gages au milieu dans le Guardian. Mais aller jusqu’à donner le poste de conseiller économique à une professionnelle de la finance aux idées clairement libérales qui écrit dans l’Opinion, c’est aller très loin dans la contradiction ! En outre, elle critiquait sévèrement le cap suivi par l’équipe au pouvoir, ce qui permet aux médias de rappeler ses critiques passées. Un choix très discutable sur le fond et qui se révèle porteur de nouveaux couacs pour l’Elysée.

Les sénateurs du MRC, le parti de Jean-Pierre Chevènement, ont dénoncé la nomination « d’une économiste forgée du plus beau métal libéral, au fil d’une carrière allant de Merrill Lynch, l’une des premières banques d’affaires américaine, à Bank of America, en passant par Barclays  ». Le Monde souligne aussi qu’elle a pris position contre les nouvelles règles d’encadrement bancaire, critiquant l’examen des actifs bancaires par la BCE pour vérifier leur solvabilité. Il s’agit donc d’un bon petit soldat eurolibéral qui devrait parfaitement s’adapter à la ligne défendue par François Hollande depuis janvier, et confirmée avec la nomination de Manuel Valls à Matignon.

Ouverture 2.0 ?

Cette vague de nominations créé un nouveau point commun entre Hollande et Sarkozy. Le premier avait nommé Jean-Pierre Jouyet et Bernard Kouchner ministres, puis Michel Charasse au Conseil Constitutionnel et Didier Migaud président de la Cour des Comptes. François Hollande a repris son ami Jean-Pierre Jouyet à l’Elysée, puis nomme Jacques Toubon. Bref, le nouveau président met encore une fois ses pas dans ceux de son prédécesseur, comme il le fait avec le dossier européen, en parlant beaucoup (de croissance, d’euro trop cher), avant de ne rien faire de concret et de s’écraser devant les traités qu’il a soutenus dans le passé, il est vrai.

Néanmoins, ces trahisons idéologiques ont un intérêt : celui de montrer que les différences entre le PS et l’UMP ne sont plus très importantes sur des questions importantes, ce qui fait qu’aujourd’hui, il est parfaitement possible pour un camp d’utiliser les hommes de l’autre camp pour gouverner. Ce faisant, cela montre bien qu’il faut sortir de cette alternance artificielle entre les deux partis qui se partagent le pouvoir depuis trop longtemps, si nous voulons que les choses changent vraiment. En un sens, on peut presque remercier Hollande et Sarkozy d’être allés aussi loin dans l’indécence, dans la mesure où cela pourrait permettre une prise de conscience.

Il y a deux aspects à ces nominations. D’abord, la preuve que Hollande se moquait du monde lors de sa campagne, où il avait fait de la finance son ennemi. Ensuite, par le fait qu’il assume son cap eurolibéral, la possibilité que les Français comprennent qu’il faut sortir du duopole PS-UMP.


- Source : Laurent Pinsolle

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