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Communiquer en contournant les autorités et les fournisseurs d'accès? Il y a des applications pour ça

Auteur : Andréa Fradin | Editeur : Walt | Samedi, 07 Juin 2014 - 00h11

Retenez bien cette expression: «réseau Mesh». Car vous risquez d'en entendre parler de plus en plus souvent, en ces temps où nos corps et nos environnement sont de plus en plus connectés, et où l'on digère à peine les conséquences des révélations Snowden sur la surveillance massive que pratiquent les Etats-Unis –et les autres– sur Internet.

Le réseau Mesh est un peu un Internet parfait, totalement décentralisé. Il désigne en effet une infrastructure de communication dont la spécificité est susceptible de totalement bousculer l'écosystème, l'économie et nos usages des échanges en réseau, comme l'expliquait récemment Le Monde:

«Ce réseau local hors-sol ne repose alors plus sur les infrastructures des fournisseurs d'accès ou opérateurs télécom.»

Si elle n'a rien de nouveau, comme le rappelle Forbes, cette technologie est à la base d'applications qui commencent à gagner en popularité.

C'est par exemple le cas de FireChat. Une simple application mobile qui permet «de chatter de façon anonyme avec d'autres utilisateurs», résume encore Forbes, le tout «sans connexion au réseau». Et qui a été téléchargée cinq millions de fois ces deux dernières années.

«FireChat est prévue pour communiquer dans les situations où l'on ne peut habituellement pas», a confié au Monde Micha Benoliel, l'un des créateurs d'Open Garden, la start-up à l'origine de l'application. Ainsi si vous êtes dans un festival de musique bondé où il est impossible de passer un coup de fil, dans un avion ou dans le métro: il suffit «juste d'une autre personne avec l'app, reprend Forbes, dans un périmètre de 70 mètres» et le tour est joué!

Mais FireChat a une autre utilité: contourner la censure. C'est notamment pour cette raison que l'application est si populaire à Taïwan, expliquent de concert Forbes et Le Monde, où l'armée a menacé de bloquer les contenus sur les réseaux sociaux. Même chose en Iran, «deuxième plus gros utilisateur après les Etats-Unis».

C'est aussi ce même genre de réseaux qui ont été déployés du côté de Notre Dame des Landes, ou dans le sud des Pyrénées, raconte encore Le Monde, où «près de 60.000 personnes», vivant parfois dans des zones très reculées, ont été ainsi reliées.

On a testé l'application FireChat. Il suffit de créer un groupe de chat, de le rejoindre et les messages arrivent. Il faut néanmoins être patient: il y a un petit décalage.

C'est peu dire donc que les réseaux Mesh suscitent de l'espoir, particulièrement du côté de ceux qui cherchent à s'émanciper des acteurs traditionnels du Net. Ou de la surveillance des Etats. Mais il n'est pas non plus la solution miracle, rappelle Le Monde:

«Les réseaux Mesh ne protègent pas la vie privée. Ou du moins, ils ne sont pas un garde-fou suffisant. A Berlin, Detroit ou Ljubljana, tous les artisans des Mesh évoquent la nécessité de chiffrer les communications, y compris sur ces réseaux. Mais sans point central, comme les fournisseurs d'accès à Internet, la surveillance du réseau en entier devient plus complexe.»

De même, subsistent encore de nombreux pépins techniques. Et pour réellement accéder à Internet, ces réseaux doivent encore s'appuyer sur le réseau –et ses acteurs– traditionnels.

Ils peuvent être néanmoins une très bonne matière première pour tout ceux qui veulent repenser nos réseaux de télécommunications.

Ou en déployer de nouveaux, dans des zones aujourd'hui encore déconnectées. Et ils sont nombreux à investir ce terrain, à commencer par les géants du Net eux-mêmes: ainsi Google avec son projet Loon ou Facebook, rappelle Forbes, avec ses drones.


- Source : Andréa Fradin

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