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Lundi, 23 Déc. 2024

Avons-nous réellement élu le président de la Commission Européenne ?

Auteur : Vindex | Editeur : Walt | Vendredi, 06 Juin 2014 - 22h20

C'était censé être la "grande" nouveauté de ces européennes. Pour plus de démocratie, le scrutin ayant pour but d'élire les députés européens devait influencer le choix du prochain président de la Commission Européenne. Une mesure qui, à défaut de pouvoir faire de nouveau aimer l'Europe à ses citoyens, avait au moins pour objectif d'instaurer une dose plus grande de démocratie dans les institutions européennes et de donner une plus grande légitimité à la Commission qui, même si composée de non élus, a de réels pouvoirs (notamment celui de l'initiative des lois au détriment du parlementaire).

Et cette mesure semblait réaliste, si bien que le débat plus quelque peu européisé par rapport à d'habitude, amenant même les leaders européens candidats à la présidence de la commission pour les plus grands partis à participer à la campagne, notamment par des débats et meetings dans plusieurs pays.

Eh bien malgré tout cela, il semblerait que les dernières actualités européennes contredisent ces faits et cette belle intention. En effet, malgré une majorité de députés du centre-droit (214) aux élections du 25 mai dernier, Jean-Claude Juncker, le candidat du PPE ne sera peut-être pas le président de la Commission car il n'a pas de majorité absolue au sein du parlement. Voyons voir comment la montagne européenne a encore accouché d'une souris sur cette question.

Juncker pas élu ?

En réalité, si les partis européens ont présenté leur candidat à la présidence de la Commission dès les élections européennes, ceux-ci ne sont pas systématiquement candidat en droit. En effet, le traité de Lisbonne impose au Conseil Européen de proposer au parlement un candidat en tenant compte des élections, mais n'impose pas de choisir le candidat dans les rangs du parti vainqueur puisqu'il faut que le candidat puisse obtenir du vote parlementaire une majorité absolue (376 votes) : il faudra donc rassembler au-delà du PPE et même s'appuyer sur le PSE avec une alliance "contre nature" selon certains du Front de Gauche.

Il faut aussi rappeler le Conseil européen et ses chefs d'Etats garde la main sur la nomination, mais certains dirigeants comme David Cameron refusent de soutenir Jean-Claude Juncker, trop fédéraliste pour les britanniques. Aussi, étant co-fondateur de l'euro, Juncker n'apparaît pas comme un bon signal envoyé aux eurosceptiques toujours plus nombreux. Mais à l'inverse, Angela Merkel a réaffirmé son soutien au Luxembourgeois. Plus original, Daniel Cohn-Bendit, qui n'est plus député, a toutefois appelé à voter pour... Jean-Claude Juncker alors qu'il n'est pas du tout de son bord. Il faut dire que cela a au moins le mérite de la cohérence.

La multiplication des candidatures

Comme si cela ne suffisait pas à discréditer la nouvelle mesure pour plus de démocratie, les candidatures se multiplient et cela n'a plus rien à voir avec les candidats d'origine. En effet, les différents chefs d'Etat ayant perdu les élections au niveau national veulent tenir compte des résultats nationaux pour proposer un autre candidat ou pour s'opposer aux candidats déjà proposé (comme David Cameron opposé à Jean-Claude Juncker).

Ainsi, François Hollande verrait bien Pierre Moscovici pour remplacer José Manuel Barroso. Exit Martin Shulz le candidat du PSE qui a pourtant beaucoup soutenu les socialistes français, exit aussi la victoire du Front National, la légitimité serait donc à un candidat représentant la troisième force politique de France a moins de 14 pour cent... Une conception intéressante de la légitimité. Une drôle de manière de prendre en compte le vote national.

Et la liste pourrait s'allonger, certains évoquent même Christine Lagarde, Michel Barnier, à la tête de la Commission, des personnalités qui pourraient être le compromis entre les députés et les chefs d'Etat.

Affaire à suivre

En bref, on balaye les candidats proclamés auparavant et cela ne ressemble plus du tout à une élection ni directe ni même indirecte, mais à un enregistrement par le parlement ce qui rappelle le peu de pouvoir qu'il a notamment dans l'initiative des lois.

Même si rien n'est encore officiel, il semble que le fait de tenir compte du vote pour choisir le président de la Commission meurt petit à petit. On voit bien une fois de plus que les institutions européennes ne résistent pas aux divergences nationales et aux difficultés du compromis. Pour plus de démocratie, on repassera sans doute...


- Source : Vindex

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