Débâcle du 25 mai : l'UMP et le PS ont eu beaucoup de chance !
Les élections européennes se sont soldées le 25 mai par un désastre pour un PS qui a atteint son plus bas historique et par un camouflet pour l’UMP, rétrogradée au rang de deuxième parti d’opposition. Le système politique français reposait depuis trente ans sur un duopole dont les deux piliers sont, l’un effondré, l’autre fragilisé ; sur deux partis qui sont l’un à la ramasse, l’autre à la dérive. L’ampleur du vote Front national, le niveau de l’abstention, tous les indices qu’accumulent les plongeurs professionnels qui vont sonder les profondeurs du peuple – déception, écœurement, dégoût, rejet, désespoir, révolte - vont dans le même sens.
C’est pour une fois avec raison que les médias qui donnent si volontiers dans l’exagération, l’hyperbole et le sensationnel ont parlé de séisme sans pouvoir prédire pour autant – parce que la vulcanologie politique n’est pas plus exacte dans ses prévisions que la vulcanologie géologique – si cette secousse en annonce de plus fortes ou si elle ne sera suivie que de répliques moins impressionnantes.
Pourtant, alors que huit jours seulement se sont écoulés, il est d’ores et déjà permis de dire que les deux vaincus du scrutin ont de la chance dans leur malheur. Si le vote de l’autre dimanche avait eu lieu hier, il aurait encore plus sévèrement puni deux formations qui ont trouvé moyen de fournir en l’espace d’une seule semaine des preuves supplémentaires de leur incapacité et de leur indignité. Le 25 mai, on ne disposait pas encore des chiffres qui ont révélé une nouvelle « avancée » du chômage ; le 25 mai, l’arrestation du tueur roubaisien de Bruxelles n’avait pas encore mis le gouvernement devant les conséquences de sa politique irresponsable dans le drame syrien ; le 25 mai, on n’avait pas encore pris la mesure de la corruption de l’ex-parti majoritaire de la droite, machine électorale dont la teneur idéologique est proche de zéro, dont le niveau de moralité est en dessous de zéro, et qui n’est pas seulement minée par les querelles de clans et de personnes mais tout bonnement pourrie jusqu’à la moelle. La solidité des institutions sauve un président déjà condamné par l’histoire. Le gong a sauvé l’UMP. Mais pour combien de temps ?
Parti sans chef, sans boussole, sans projet, l’UMP n’est plus qu’un canard sans tête et sans cœur. Est-elle en état de se rénover et de se reconstruire ? On ne peut qu’en douter, et douter de la capacité de Zorro Sarkozy à faire des miracles. Quant au président de la République, il aura beau tergiverser, multiplier les voyages d’agrément, les commémorations, compter sur l’open de Roland-Garros, la Coupe du monde et les miséricordieuses vacances d’été pour gagner un sursis, on n’attend plus de lui que deux décisions : la dissolution ou la démission. Si l’on n’ouvre pas ces soupapes à une marmite en pleine ébullition, c’est à bref délai l’explosion garantie.
- Source : Dominique Jamet