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Lundi, 23 Déc. 2024

Le problème n’est pas les institutions de la Ve République !

Auteur : Paul-Marie Andreani | Editeur : Walt | Lundi, 12 Mai 2014 - 10h57

L’affaiblissement du pouvoir politique n’est pas le produit du fonctionnement institutionnel, mais la conséquence de la perte de notre souveraineté dans l'Union européenne...

C’est l’une des marottes de la gauche. En couverture cette semaine, Marianne lance un appel à « en finir avec la Ve République », et réclame la remise en cause des « pleins pouvoirs » accordés au président de la République. Cette accusation faite au Président de concentrer tous les pouvoirs n’est pas nouvelle. Dès 1964, François Mitterrand fut l’auteur d’un essai resté célèbre (Le Coup d’État permanent) dans lequel il pourfendait les institutions monarchiques de la Ve République, dont il s’accommodera pourtant très bien lorsqu’il en deviendra à son tour président.

Les institutions voulues par le général de Gaulle ont effectivement un caractère monarchique. Selon les mots de Michel Debré (le rédacteur de la Constitution), elles consacrent le Président comme « la clé de voûte du régime » muni de ses « propres pouvoirs ». Ce renforcement de l’exécutif renoue en partie avec l’Ancien Régime – le président de la République reprend symboliquement la place du roi de France – tout en conservant l’héritage démocratique de la Révolution avec un président élu au suffrage universel direct. Le général de Gaulle, qui connaissait si bien le caractère français, et notamment la « vieille propension gauloise aux divisions et aux querelles », a légué à la France des institutions qui font admirablement la synthèse de son histoire.

La République gaullienne a, depuis, fait la démonstration de son bien-fondé, puisqu’elle garantit au pouvoir, désigné par les citoyens, la stabilité nécessaire à la continuité de son action. Mais la gauche a toujours eu grand mal à accepter son côté monarchique. Horripilés par cette tradition de l’homme providentiel, les adversaires de la Ve République estiment qu’elle est responsable de l’incurie actuelle et que le retour à un régime parlementaire permettrait de régénérer le pouvoir politique.

Cette analyse est doublement inexacte. Le parlementarisme a déjà fait montre de ses insuffisances. Historiquement en France, son principal travers réside dans l’instabilité chronique des gouvernements, faits et défaits par les combinaisons partisanes. Cette faiblesse rend d’autant plus délicat l’exercice du pouvoir que notre histoire est parsemée de morcellements politiques, qui ne trouvèrent en général d’issue que grâce à l’action d’un pouvoir exécutif fort.

L’affaiblissement du pouvoir politique n’est pas le produit du fonctionnement institutionnel, mais la conséquence de la perte de notre souveraineté dans l’Union européenne. Une nation privée, entièrement ou en partie, du droit de faire ses lois, de battre sa monnaie, de contrôler ses frontières et de décider de son budget ne maîtrise plus son destin. Quelles qu’en soient les vertus, son système politique devient alors impuissant.

La situation est paradoxale. La solidité de nos institutions assure la pérennité du pouvoir politique ; lequel pouvoir a été vidé de sa substance par l’appauvrissement de notre souveraineté. Attention donc à ne pas se tromper de diagnostic. Bien sûr que le pouvoir politique a besoin de retrouver du souffle et doit reconquérir la confiance des citoyens. Mais pour ce faire, il est impératif de conserver nos institutions et de restaurer notre souveraineté nationale.


- Source : Paul-Marie Andreani

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