La Russie ambitionne d'installer une colonie sur la Lune pour 2030
Selon des documents que s’est procurés le journal russe Izvestia, le kremlin envisage de faire alunir un vol habité au plus tard en 2030 pour installer une colonie sur la Lune, et il souhaite mettre en place des missions d’exploration vers la Lune en 2015 afin de mener des études approfondies sur le satellite naturel de la Terre.
Les documents, qui proviennent de l’Académie des Sciences russe, de l’agence fédérale de l’espace russe Roscosmos, de l’Université d’État de Moscou et de plusieurs autres instituts spécialisés dans les recherches spatiales, décrivent une proposition de programme en 3 étapes pour partir à la reconquête de la Lune. Moscou envisage ainsi d’envoyer un premier engin robotisé sur la Lune en 2016, et une mission habitée pour 2028. Au dernier stade de ce programme, en 2030, des cosmonautes utiliseraient les ressources locales pour bâtir les infrastructures d’une première base lunaire, suivie de la construction d’observatoires qui permettraient de faire des recherches sur la Terre et l’espace.
Le mois dernier, Dmitri Rogozine, le Vice Premier ministre de la Fédération de Russie, avait évoqué de tels projets dans un article dans le journal du gouvernement :
« Nous irons sur la Lune pour toujours », avait-il dit, expliquant qu’il « n’est guère rationnel de faire des dizaines ou des vingtaines de vols sur la Lune, puis de tout arrêter, et de décider de voler vers Mars ou sur des astéroïdes. Ce processus a un commencement mais pas de fin ».
Les ambitions spatiales de la Russie ne manqueront sans doute pas de fournir un nouvel argument pour tous les analystes qui évoquent un retour de la Guerre Froide depuis l’escalade de la crise ukrainienne. Le document exprime une certaine urgence à mener ces projets avant les autres nations, estimant que « les nations leaders dans le domaine spatial étendront et établiront leurs droits sur des bastions lunaires commodes pour s’assurer de futures opportunités d’utilisation pratique » dans les 20 à 30 prochaines années.
La course à la Lune à laquelle se sont livrés les États-Unis et la Russie dans les années 1960 est précisément l’un des symboles de la Guerre Froide. La course à la conquête de l’espace entre les deux grandes puissances avait débuté en 1955. Mais la première fois que la Russie a ambitionné d’explorer la Lune, c’était en 1964, à l’époque soviétique. Il avait alors été question d’envoyer une mission habitée sur la Lune pour 1968. Un peu avant, les Russes avaient pris une avance considérable sur les Américains en faisant effectuer le premier vol habité dans l’espace par Youri Gagarine en 1961. Mais suite à des problèmes techniques, les Russes ne parviendront jamais à concrétiser l’envoi d’une fusée Soyouz sur la Lune. Après la réussite de la mission américaine Apollo en 1969, qui a permis d’envoyer les premiers hommes sur la Lune, le projet est abandonné en 1974.
Ironiquement, le dernier vol d’une fusée Soyouz est intervenu le mois dernier à destination de la Station Spatiale Internationale, et il embarquait deux cosmonautes Russes et un astronaute américain… au plus fort de la crise ukrainienne, alors que le torchon brûlait entre la Russie et les États-Unis.
Le nouveau programme lunaire russe envisage la possibilité d’une coopération internationale, mais il souligne que « l’indépendance du programme lunaire doit être garantie quelques soient les conditions et l’étendue de la participation qu’y prendront les partenaires étrangers ».
Selon la NASA, la Lune pourrait receler des « trésors » de minerais et de matières d’importance stratégique, mais aucune recherche n’a été entreprise pour les localiser avec précision. La Lune pourrait également servir de station de lancement pour des vols dans l’espace lointain.
La Russie n’est pas la seule à envisager d’aller sur la Lune : les agences spatiales de la Chine, de l’Inde et du Japon travaillent également sur des programmes d’exploration, tandis qu’une firme privée californienne, Moon Express, envisage d’envoyer un premier vaisseau spatial automatisé dès l’année prochaine. Quant à la NASA, malgré d’importantes coupes budgétaires, elle a jeté son dévolu sur Mars...
- Source : Audrey Duperron