Aquilino Morelle, Mediapart et le Crif : la connexion surprise
Le journaliste à l’origine de la démission d’Aquilino Morelle est proche d’une organisation dans laquelle siège l’ennemi juré de l’ex-conseiller de François Hollande: le Conseil représentatif des institutions juives de France. Décryptage.
L’effet politique de son scoop ne manquera pas d’égayer son anniversaire célébré ce soir: Michaël Hajdenberg, journaliste à Mediapart qui fête aujourd’hui ses 36 ans, peut pavoiser. Son article publié hier a déjà provoqué la démission de l’homme auquel il s’est attaqué et qu’il va jusqu’à qualifier d’« imposteur » sur Twitter.
En mettant en lumière un conflit d’intérêt dans le parcours antérieur d’Aquilino Morelle, à la fois juge et partie auprès d’un laboratoire pharmaceutique, Michaël Hajdenberg (par ailleurs directeur général de la société des salariés de Mediapart) a déclenché la chute du conseiller politique du chef de l’État. En déplacement en province, François Hollande a confié ce matin à Manuel Valls le soin de convoquer son adjoint discrédité afin de lui faire acter sa démission.
Un autre jeune homme peut aujourd’hui célébrer, non son anniversaire mais sa victoire: Paul Bernard.
Ce normalien était, jusqu’en décembre, la plume de François Hollande « sous l’autorité » d’Aquilino Morelle. Contrairement à plusieurs tandems d’écriture des discours présidentiels, le duo Morelle-Bernard était reputé inefficace en raison des relations exécrables qu’entretenaient les deux hommes. Avant son départ, compensé par une nomination par décret présidentiel -le 31 janvier- au Conseil d’État, Paul Bernard avait même été rattaché à la directrice de cabinet de François Hollande afin de ne plus être sous la coupe sévère de Morelle.
Particularité de l’homme aujourd’hui probablement satisfait par la démission déshonorante de son ancien tuteur: Paul Bernard, adhérent choyé du Mouvement juif libéral de France et ex-conseiller du PDG ultra-sioniste de Publicis, est également membre -depuis 2011- du comité directeur du Crif.
Au sein du Bureau exécutif du Crif, deux hommes, Patrick Klugman et Yonathan Arfi (tous deux anciens présidents de l’Union des étudiants juifs de France), sont liés d’amitié avec Michaël Hajdenberg si l’on en juge par le compte Facebook de ce dernier. De simples contacts professionnels? Pourquoi pas, même si sa liste de 335 amis comporte plusieurs figures d’une mouvance idéologique que l’on pourrait aisément caractériser comme emblématiques de la "gauche sioniste hexagonale".
Coïncidence? Dans l’histoire du Crif, deux frères- dont l’un avec succès- ont voulu en briguer la présidence: Henri et Serge Hajdenberg. Le premier a présidé le Crif de 1995 à 2001 avant de prendre la tête du Congrès juif européen tandis que le second, candidat malheureux à l’élection, demeure un homme de médias réputé en raison de sa fondation-direction de Radio J (où travaille d'ailleurs un certain Frédéric Haziza).
C’est d’ailleurs le point commun entre Bernard, Klugman, Arfi et les frères Hajdenberg: leur ancrage dans un sionisme dit libéral et proche du Parti socialiste.
Journaliste à Médiapart (site qui a ménagé Manuel Valls en passant sous silence la problématique de ses allégances sionistes), Michaël Hajdenberg, qui a le même âge que Bernard et qui est en relation avec le tandem Klugman/Arfi, est-il également lié familialement à l’ex-président du Crif et son illustre confrère de Radio J? Dans tous les cas de figure, la ressemblance du journaliste avec Henri Hajdenberg est frappante.
Notons également que le journaliste, issu de la promotion 2003 du CFJ et ancien de Libération, fut à l’origine de l’affaire -alors relayée par la LICRA (association dont les frères Hajdenberg sont des membres historiques)- des « coups et blessure antisémites au lycée Montaigne » de décembre 2003: deux élèves d’origine maghrébine avaient été exclus dans la foulée du tintamarre médiatique provoqué par son article avant d’être finalement réintégrés grâce -notamment- à une contre-enquête menée par la Ligue des droits de l’homme. Détail intéressant: le scandale gonflé du lycée Montaigne est né d’un article rédigé par un journaliste anciennement élève de ce même lycée.
Rappelons ici qu’Henri Hajdenberg s’était distingué antérieurement, en tant que président du Renouveau juif, pour appeler les électeurs juifs à sanctionner -en 1981- Valéry Giscard d’Estaing en s’appuyant sur une photographie détournée présentant l’ancien Président comme un homme méprisant Israël (cette désinformation a d’ailleurs été reprise sans sourciller par Manuel Valls lors de son discours de 2011 -révélé par l’auteur de ces lignes- au cours duquel il déclama son désormais célèbre « lien éternel avec la communauté juive et Israël »).
Michaël et Henri Hajdenberg: si une telle connexion familiale devait être avérée, comme le suggèrent les liens amicaux particulièrement nombreux de l'enquêteur dans la sphère sioniste, cela n’enlèverait rien au mérite de l’affaire du conflit d’intérêt dévoilée par Mediapart mais jetterait un doute sur l’origine de la démarche du journaliste. Curieusement, celui-ci affirme -cet après-midi, sur LCI- avoir commencé son investigation de « six semaines », non sur la question de l’industrie pharmaceutique mais « suite à des échos sur le comportement abusif » imputé à l’ex-conseiller politique de François Hollande. Quelles sont ces « personnes intéressées » qui lui ont rapporté ces « échos » au caractère négatif et entièrement à charge? Un homme garde un souvenir douloureux de son passage, de mai 2012 à décembre 2013, auprès d’Aquilino Morelle: Paul Bernard.
L’affaire Morelle, une vendetta feutrée de la mouvance du Crif pour venger le traitement et l’éviction de Paul Bernard? Rien ne permet de l’affirmer catégoriquement aujourd’hui. Mais, au regard des connexions du journaliste de Mediapart, rien n’autorise, non plus, de balayer d’un revers de la main une telle possibilité.
- Source : Panamza