L’étonnante complaisance des milliardaires de la presse envers le RN

On savait que Vincent Bolloré, désormais propriétaire du Journal du Dimanche, d’Europe 1 et de CNews, oeuvrait activement en faveur d’une grande union de la droite autour du Rassemblement National, preuve que la détention d’un groupe de presse n’est jamais innocente. Mais on peut s’étonner de la complaisance du Parisien, détenu par Bernard Arnault, pour mettre en scène Jordan Bardella en lui évitant les chausse-trappe. On en veut pour preuve l’interview qui vient d’être publiée.

L’interview donnée par Jordan Bardella au Parisien est un modèle parfait de ce que la presse française subventionnée fait de pire : donner une tribune à une personnalité sans jamais chercher à “creuser” ni à explorer ses contradictions.

Ainsi, dans ce texte essentiel à l’approche des législatives, le Président du Rassemblement National a pu déclarer sans être “bousculé” par les journalistes :

"Mon ambition est de remettre de l’ordre à la fois dans les comptes de l’État et les rues du pays. J’ai identifié deux temps dans une potentielle action à Matignon : le premier est celui des urgences autour du pouvoir d’achat, de la sécurité et de l’immigration. Mon action se caractérisera par un retour à la raison budgétaire".

Jordan Bardella dans le Parisien

Donc, voilà un futur Premier Ministre potentiel qui explique dans un même mouvement qu’il va traiter en urgence la question du pouvoir d’achat, et qu’il est pour le “retour à la raison budgétaire”. Et aucun journaliste ne lui demande comment il compte concilier ces deux démarches cet été. Pourtant, il ne serait pas inutile de le savoir, juste histoire de comprendre.

Mais, visiblement, l’objectif de l’interview n’était pas d’informer le public, mais de placer gentiment le discours officiel du Rassemblement National, sans le froisser. Bernard Arnault a l’air bien décidé à ne pas contrecarrer une majorité RN à l’Assemblée.