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Lundi, 29 Avr. 2024

Mort de Marc Blondel, syndicaliste franc-maçon

Auteur : Egalité & Réconciliation | Editeur : Stanislas | Mardi, 18 Mars 2014 - 16h36

Marc Blondel est décédé des suites de troubles cardiaques dimanche 16 mars dans la soirée, à l’hôpital du Val de Grâce à Paris.

Ce fils d’un mineur laïc et socialiste devenu militaire était né le 2 mai 1938 à Courbevoie (Seine). Reconnaissable à ses bretelles, ses gros cigares et son écharpe rouge, il s’était rendu populaire dans les milieux syndicaux grâce à ses saillies inoubliables contre la CFDT et Nicole Notat au milieu des années 1990, telles que : « Moi, je ne couche pas avec les Premiers ministres », ou encore : « Pourquoi Mme Notat prend-elle ses vacances en Espagne ? Parce que là-bas, les taureaux ont des plus grosses couilles » (Le Canard enchaîné, 19 novembre 1997). Malgré les apparences, Marc Blondel n’était pourtant pas en reste pour ce qui est de la collaboration syndicale avec le « patronat ».

Ayant rallié « la collaboration de classe et les bouffeurs de curés », il avait été initié au Grand Orient de France en 1961. Il fut plusieurs fois vénérable de loge, notamment celle de l’Avant-Garde maçonnique, bénéficiant du soutien de deux anciens Grands Maîtres, dont Michel Baroin (père de François), chiraquien et patron de la FNAC-Garantie mutuelle des fonctionnaires. Mais c’est surtout Fred Zeller, ancien secrétaire de Trotski et grand maître du GODF (1971-1973) qui fut son parrain en franc-maçonnerie (il lui avait légué son importante bibliothèque et Blondel deviendra président des Amis de Fred Zeller, tant leurs liens étaient étroits). Avec Patrick Kessel (Grand Maître de 1994 à 1995) et l’avocat chiraquien Francis Szpiner, Blondel avait fondé la Loge République le 16 mai 1992. C’est par le biais d’une étrange alliance, associant maçons chiraquiens et trotskistes, qu’on apprit après huit ans et un procès (avec le magazine Capital), que, durant onze années, le propre chauffeur et garde du corps de Marc Blondel était en fait payé par la Mairie de Paris.

Exclu de la SFIO en 1958, Blondel avait adhéré au PS en 1972. Ancien membre de l’UNEF, ce militant laïc, anticlérical et anticommuniste avait en effet participé à la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Sur cette époque, il déclarait : « L’indépendance de l’Algérie a été ma première grande erreur politique. Nous pensions que l’Algérie serait le premier État socialiste. Bien sûr, je ne suis pas allé aussi loin que les trotskistes. » Tout en admettant : « Il est fort probable que j’aie porté des armes [...]. Je fréquentais des gens qui voulaient passer à l’acte en France aussi. »

En fait, comme l’a établi Christophe Bourseiller, Blondel était passé par de nombreuses organisations contrôlées par les trotskistes (Jeunesses syndicalistes FO, Mouvement de jeunesse du Parti socialiste autonome, etc.). Nombre de petites revues d’extrême gauche ont toujours affirmé qu’il appartenait à la direction clandestine du PCI-Mouvement pour un parti des travailleurs. Il s’est toujours appuyé, dans les sections syndicales qu’il a animées, puis dans les syndicats qu’il a dirigés, sur le noyau qui a soutenu son ascension, les lambertistes. Comme l’indiquait Libération (29 janvier 2004) : « Lambert a mobilisé ses militants infiltrés à FO pour faire l’élection de Blondel. Grâce à quoi, l’OCI a étendu son influence et Blondel a pu disposer de troupes disciplinées. » C’est ainsi qu’il avait été élu à la tête de Force ouvrière en 1989. Il était entré à la commission exécutive et au bureau confédéral du syndicat en 1980.

Par la suite, il devait être réélu avec des scores « staliniens », totalisant par exemple 98 % en 1992. Marc Blondel aura du moins réussi à stopper l’hémorragie et à maintenir sa centrale au troisième rang des syndicats français, obtenant grossièrement 20 % des voix aux diverses élections (20,5 % aux élections prud’homales de décembre 1997). En 2000, Blondel s’était fait réélire pour un quatrième et dernier mandat avant de quitter la tête de FO en 2004.

Visionnez la vidéo de l’analyse d’Alain Soral sur les syndicats (extrait de l’entretien du mois d’avril 2010)


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