Destitué par le parlement ukrainien Viktor Ianoukovitch dénonce un "coup d’État"
L’élection hier à la tête du Parlement ukrainien du bras droit de l'opposante Ioulia Timochenko, Olexandre Tourtchinov, a eu comme première conséquence de destituer le président Viktor Ianoukovitch, qui a refusé toute idée de démission tout en criant au “coup d’État”.
Peu après avoit voté une loi ouvrant la voie à la libération d’Ioulia Timochenko, le Parlement ukrainien a adopté par 328 voix, sur les 450 députés qui le composent, une motion destituant le président Viktor Ianoukovitch. Celui-ci est déclaré “dans l'incapacité constitutionnelle d'exercer ses fonctions”. Le texte, lu par le nouveau président de la Chambre, Oleksander Tourchinov, un allié de l'opposante Ioulia Timochenko, souligne que le chef de l'État, qui a quitté Kiev, “a abandonné ses responsabilités constitutionnelles, ce qui menace le fonctionnement de l'État, l'intégrité territoriale et la souveraineté de l'Ukraine”. “Viktor Ianoukovitch a essayé de prendre un avion à destination de la Russie, mais il en a été empêché par des garde-frontières.
Il se cacherait actuellement quelque part dans la région de Donetsk”, région pro-russe dans l'est de l'Ukraine dont il est originaire, a déclaré le président du Parlement Olexandre Tourtchinov. Quelques instants auparavant, Viktor Ianoukovitch a déclaré dans une interview accordée à la télévision ukrainienne UBR, qu’il excluait de démissionner, dénonçant un “coup d'État” et rejetant la légalité des décisions prises par les députés. “Ce qui se passe aujourd'hui est du vandalisme, du banditisme, un coup d'État”, avait-il lancé. “Je n'ai pas l'intention de quitter le pays”, avait-il alors souligné, affirmant que sa voiture avait été visée par des coups de feu à Kiev. “Mais je n'ai pas peur”, avait-il ajouté. Ceci étant, les défections se sont multipliées hier matin dans le camp du président Viktor Ianoukovitch après le bain de sang qui a coûté la vie à près de 80 personnes en 3 jours dans le centre de la capitale ukrainienne.
En effet, le chef de l’État ukrainien, qui se trouvait hier à Kharkiv, ville de l'est du pays, est de plus en plus isolé, notamment après le communiqué de la police ukrainienne, publié hier au nom de l'ensemble des effectifs du ministère de l'Intérieur sur son site officiel. Elle a déclaré dans ce communiqué être “aux côtés du peuple” et partager ses aspirations “aux changement rapides”. “La police est au service du peuple et partage entièrement ses aspirations aux changements rapides”, souligne le texte, qui ajouté : “Nous rendons hommage aux morts” dans les violences cette semaine à Kiev. De son côté, l’opposante et ex-Premier ministre, Ioulia Timochenko, battue de justesse par Viktor Ianoukovitch à l'élection présidentielle d'avril 2010, a salué ses partisans à sa sortie de l'hôpital pénitentiaire de Kharkiv, dans le nord-est du pays, où elle était emprisonnée depuis trente mois. “Ioulia libérée !”, scandaient des centaines de personnes près du centre pénitentiaire. L'ancienne égérie de la “Révolution orange” de 2004, arborant sa tresse emblématique, les a saluées de la main, et son entourage a annoncé qu'elle se rendait à Kiev, sur Maïdan, la place de l'Indépendance occupée depuis trois mois par des milliers d'opposants. “La dictature est tombée non grâce aux hommes politiques et aux diplomates, mais grâce aux gens qui sont sortis dans la rue, qui ont réussi à protéger leurs familles et leur pays”, s'est-elle félicitée sur le site Internet de son parti.
L’ancienne égérie de la Révolution orange pro-occidentale en 2004 avait été condamnée en 2011 à sept ans de prison pour abus de pouvoir.
- Source : Liberté (Algérie)