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Seuls les journalistes harcèlent les gays à Sotchi

Auteur : New Re^public (traduction Egalité & Réconciliation) | Editeur : Stanislas | Dimanche, 23 Févr. 2014 - 13h54

Sotchi possède un club gay, appelé Mayak, ou « le phare » qui se trouve derrière une porte discrète juste à côté de l’un des parcs luxuriants de la ville. Vous devez sonner pour pouvoir y entrer.

Une fois à l’intérieur, vous êtes tout aussi susceptible de rencontrer un journaliste étranger qu’un client lambda.

Durant la montée en puissance des préparatifs olympiques et maintenant que les jeux sont en plein essor, Mayak a été assailli par des journalistes étrangers désireux de saisir la manière dont les gays du coin vivent maintenant que la Russie a adopté une loi interdisant la propagande gay chez les mineurs et est maintenant connue internationalement pour « haïr les gays ». Les journalistes étrangers cherchent des révélations autour de cet endroit. « Avez-vous déjà été à Mayak ? » demandent-ils aux uns et aux autres.

« Beaucoup trop ! » dit Zhanna la caissière en roulant des yeux quand je lui demande combien de journalistes étrangers sont passés par ici. « Des questions, des caméras. Et toujours les mêmes questions. Est-ce que les homosexuels sont persécutés ? Battus ? Je leur dis toujours que nous observons toutes les lois. Personne ne nous embête et nous n’embêtons personne. »

Le seules personnes qui semblent les ennuyer, semble-t-il, ce sont les journalistes étrangers. Zoom des caméras sur leurs visages, questionnements incessants. « Les gens sont contrariés parce qu’ils ne veulent pas être à l’écran », explique Zhanna. Bien que certaines personnes ne réalisent pas qu’elles sont filmées, comme cet homme ivre qui dansait lors d’une soirée d’anniversaire et qui s’est retrouvé récemment dans des journaux télévisés aux États-Unis.

« Sommes-nous agaçants ? » ai-je demandé au directeur.

« Oui » dit-il d’un ton glacial. Puis, il ajoute : « Si vous voulez une interview, prenez rendez-vous avec mon personnel pour en planifier un. »

Le samedi soir, j’ai décidé de vérifier avec des amis qui travaillent pour The Guardian, Time, et The Independent. Un troupeau de reporters d’Associated Press était déjà là, dégustant des mojitos. Dans le couloir, un journaliste de télévision interviewait deux filles en tenue léopard. À proximité, une journaliste de la télévision danoise nommée Mathilde m’a dit qu’elle était intéressée à l’idée de faire un sujet « qui ne serait pas dans le registre de la victimisation ». « C’est un sujet important, car les droits des homosexuels sont des questions graves en Europe. ». « Le propriétaire du bar », dit-elle, « est occupé à donner des interviews dans une chambre privée. Nous avons appelé la semaine dernière pour planifier une entrevue et nous avons eu droit à 15 minutes entre les Finlandais et les Suisses. »

« Nous avons donné plus de 200 interviews durant le dernier mois », explique le propriétaire du Mayak, Andrey Tanichev. « Chaque pays a envoyé ses correspondants » dit-il, « à l’exception des Espagnols, que Dieu les bénisse ! »

Ce sont les Américains qui ont envoyé le plus de journalistes, mais la BBC a établi un record : ils sont venus quatre fois.

Tanichev dit que la nouvelle loi n’a affecté le club en aucune manière. « La loi s’applique à la propagande à l’intention des mineurs, nous n’avons jamais laissé entrer des personnes de moins de 21 ans » (en raison d’une loi locale qui instaure un couvre-feu pour les mineurs. « Les affaires étaient beaucoup plus difficiles quand le Mayak a ouvert il y a près d’une décennie » dit Tanichev. « Il n’y avait tout simplement pas beaucoup de gays, les gens étaient gênés de venir ».

« L’Union soviétique était un pays fermé, il avait ses propres usages. Les mœurs changent lentement, la tolérance se développe lentement. Il y a beaucoup plus de tolérance maintenant qu’il y a dix ans ».

Le spectacle du cabaret débute à 01h30 avec l’hymne national russe chanté bruyamment pendant qu’un drapeau arc-en-ciel ondule sur un écran géant. Les Cameramen se précipitent. Une femme brune sort une tablette. Un homme met en place précipitamment un trépied.

Après son entrée en scène et avoir chanté I Will Survive, Zaza Napoli a décidé de répondre aux nouveaux et très occupés invités.

« N’ayez pas peur des cameramen, mes amis ! Détendez-vous ! » dit-elle aux clients réguliers du Mayak. « Ce sont nos partenaires internationaux ! »


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