Pourquoi la grève du 18 octobre va vraiment mettre Macron en grande difficulté
La France est-elle en route vers une grève générale dont l'amorce commencerait le 18 octobre ? Il est trop tôt pour le dire, et l'on peut penser que toutes les conditions ne sont pas réunies pour qu'elle ait lieu. En revanche, la grève annoncée pour ce mardi devrait être singulièrement complexe à gérer pour Emmanuel Macron, et constituer une vraie épine dans le pied du gouvernement. Voici pourquoi.
La grève du 18 octobre pourrait réserver de très mauvaises surprises à Emmanuel Macron, qui n’en a pourtant pas besoin en ce moment. Elle interviendra en effet au lendemain du déclenchement du 49-3 utilisé pour faire voter le budget 2023. À ce titre, elle devrait bénéficier du “coup” de fouet donné par cette annonce toujours impopulaire.
Une grève qui se répand
De ce point de vue très politique, la grève du 18 octobre pourrait donc bénéficier (ou pâtir, pour Emmanuel Macron) d’une mauvaise conjonction astrale.
Pour l’instant, cette grève interprofessionnelle est organisée par la CGT. Le syndicat Sud Rail a rejoint le mouvement, de même que la CFDT Santé. De leur côté, les syndicats CGT et FO de Total appellent au maintien de la grève dans les raffineries.
Dans cet ensemble, on sent bien que des étincelles éparses pourraient mettre le feu aux poudres. Rien n’est acquis, mais le climat de grogne est porteur de nombreuses incertitudes pour le gouvernement. L’inflation et les annonces de pénurie créent un terreau favorable à une très désagréable sortie de route.
La manifestation de la NUPES ouvre le bal
Ce climat d’instabilité sera accru par une première manifestation, dimanche, organisée par Jean-Luc Mélenchon. Le mot d’ordre est de protester contre l’inflation et pour le pouvoir d’achat.
Nul ne sait quel sera le succès de cet événement organisé sans les organisations syndicales. Nul ne sait non plus quel sera son impact à gauche.
Mais cette manifestation effraie suffisamment le gouvernement pour que Macron ait décidé de ne pas recourir au 49-3 avant qu’elle n’ait eu lieu. La crainte du Président est d’attiser la colère et de faire “boule de neige” en annonçant une décision autoritaire…
Beaucoup pronostiquaient une annonce du 49-3 lundi. La grève du 18 octobre complique encore un peu plus l’exercice.
Un 49-3 qui devient urgent
Le recours au 49-3 pour voter le budget est annoncé depuis cet été. Il ne constitue donc pas une surprise.
En revanche, il va devenir urgent… La majorité présidentielle prend l’eau, en effet, mal conduite par une Présidente de l’Assemblée nationale qui fait face à de nombreuses critiques pour son autoritarisme, et par une présidente de groupe elle-même critiquée.
En l’état, les députés ont rejeté l’article sur le déficit, et multiplient désormais les amendements incontrôlables. Cette perte totale de boussole, qui constitue un naufrage complet pour le parti présidentiel (où l’on voit des députés MODEM voter contre l’avis du gouvernement…) souligne à la fois l’urgence qu’il y a à reprendre la situation en main… et la difficulté à le faire quand la rue se mobilise.
Il n’est pas sûr que la situation soit, à ce stade, sans issue pour le gouvernement. Mais il est sûr qu’elle est désormais dangereuse, risquée, et qu’elle franchit une nouvelle étape dans la décomposition du régime.
- Source : Le Courrier des Stratèges