Chômage : le pari perdu de François Hollande
Le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 10.200 fin décembre et 177.800 en 2013. Un record. L'exécutif parle désormais de stabilisation.
Chômage 1 - Hollande 0! Le chef de l'État a perdu son pari, maintes fois répété l'année dernière, d'inverser la courbe du chômage à la fin de l'année 2013. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie A à Pôle emploi a en effet encore une fois bondi (de 10.200) à la fin décembre, pour dépasser 3,3 millions. Un niveau jamais atteint dans l'histoire du chômage en France. En un an, la facture est très lourde: + 177.800 demandeurs d'emploi (et même + 278.700 si on inclut les chômeurs en activité réduite des catégories B et C), soit 106.000 de moins certes qu'en 2012 mais le quatrième pire résultat, en matière de chômage, depuis 1997.
Pas question toutefois, pour l'exécutif, de reconnaître sa défaite, ou alors à demi-mot: «L'année 2013 aura été marquée par un net mouvement d'amélioration», a en effet immédiatement réagi Michel Sapin. Et le ministre du Travail, comme Jean-Marc Ayrault depuis la cour de Matignon, d'affirmer que «cette amélioration globale au cours de l'année permet une quasi-stabilisation du chômage fin 2013». Et ce malgré le record du nombre de demandeurs d'emploi recensés en métropole, et aussi France entière (DOM inclus) avec près de 5,9 millions de chômeurs inscrits dans les cinq catégories.
«Stabiliser ne suffit pas»
«L'inversion de la courbe du chômage pour l'ensemble des classes d'âge ne s'est pas encore réalisée sur le dernier trimestre, même si nous en sommes très proches», a encore ajouté Michel Sapin. «Stabiliser, c'est ce que nous avons fait, ne suffit pas», a quant à lui sommairement commenté François Hollande, depuis la Turquie, un mois après s'être publiquement félicité que «l'inversion de la courbe du chômage, sur laquelle je me suis engagé, est bien amorcée».
Le ralentissement de la hausse du chômage - on parlait du temps de Nicolas Sarkozy de «baisse de la hausse» - est, il est vrai, indéniable sur l'ensemble de l'année: de + 33.000 en moyenne chaque mois au premier trimestre 2013, le nombre de nouveaux inscrits à Pôle emploi est tombé à + 2500 au dernier, après + 18.000 au deuxième et + 5500 au troisième.
Mieux, l'inversion a réellement eu lieu pour les chômeurs de moins de 25 ans qui sont moins nombreux fin 2013 à pointer à Pôle emploi qu'un an auparavant. Une baisse de 1500 au total sur douze mois - le premier recul enregistré depuis 2010 - qui porte à un peu plus de 535.000 le nombre des jeunes demandeurs d'emploi enregistrés dans les fichiers. «C'est un résultat très significatif, fruit d'une intense mobilisation pour l'emploi des jeunes depuis vingt mois», a commenté Michel Sapin.
Il faut dire que l'exécutif a ouvert grandes les vannes des subventions publiques pour tenir son engagement auprès de la jeunesse: 100.000 emplois d'avenir, 10.000 «garanties jeunes», 20.000 contrats de génération, des milliers de formations… ont ainsi été proposés aux jeunes, notamment chômeurs, pour les rapprocher un peu plus du monde du travail. «Cette mobilisation ne fléchira pas en 2014, et la priorité à la jeunesse s'affirmera plus que jamais: il y va du moral et de l'avenir du pays», a encore promis le ministre du Travail.
Seniors et longues durées, les oubliés de l'exécutif
Les chômeurs seniors (de plus de 50 ans) ou de longue durée (inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi) n'ont pas eu cette chance. Ces deux catégories, en hausse de 81.100 et 241.300 sur un an, ressortent véritablement comme les parents pauvres, voire même les oubliés, de la politique gouvernementale de lutte contre le chômage en 2013. Ainsi la hausse du nombre de demandeurs d'emploi seniors représente 45,6% de la progression enregistrée sur douze mois en catégorie A, soit un taux 2 à 4 fois plus élevé qu'une année jugée «normale» de montée du chômage. «Cela rend d'autant plus nécessaire d'activer davantage la mobilisation des actions les concernant», s'est borné à préciser Michel Sapin, qui promet d'inclure les seniors dans les contreparties à exiger du patronat lors de la mise en œuvre du pacte de responsabilité.
Quant aux chômeurs de «longue durée», ils ont été encore moins bien lotis en 2013 par les dispositifs gouvernementaux de lutte contre le chômage car ils représentent 86,6% de la progression constatée dans les catégories A, B et C (inclus les demandeurs d'emploi en activité réduite), soit une croissance de 1,5 à 3 fois plus forte qu'à l'accoutumée. Et même 41,9% des chômeurs inscrits dans les catégories A, B et C, un niveau là encore record, tout comme leur ancienneté moyenne à Pôle emploi, qui culmine désormais à 511 jours...
- Source : Le Figaro