Les décors sont de Mélenchon, la réalisation de TF1...
Les détracteurs de Jean-Luc Mélenchon y voient une nouvelle occasion de critiquer le leader du Front de gauche. Depuis quelques heures, circule sur les réseaux sociaux un montage photo de l'interview réalisée par l'eurodéputé dimanche 1er décembre dans le JT de 13h de TF1 avant sa grande marche sur Bercy.
On y voit Jean-Luc Mélenchon répondant aux questions de Claire Chazal, en duplex du 13e arrondissement de Paris, devant une banderole du Front de Gauche derrière laquelle des militants agitent des drapeaux. En direct, il en ressort une impression de masse militante. Mais un autre cliché montre une toute autre réalité: il n'y avait pas plus de quelques dizaines de personnes, bien rangées derrière Jean-Luc Mélenchon.
"Ce que je note c'est que ce montage a très vite été monté en épingle par des sites d'extrême-droite", se désole un proche de Jean-Luc Mélenchon. Si effectivement, on trouve trace de ces photos sur de tels sites dès dimanche soir, la véracité du montage a été confirmée par le journaliste Stefan de Vries, correspondant en France de RTL Pays-Bas et chroniqueur pour France24 et La Croix, qui affirme être l'auteur de la photo prise depuis son balcon. Dès 13h07, dimanche, il twittait les deux photos prises, dit-il, à dix secondes d'intervalle.
Interrogé lundi 2 décembre par l'AFP, Stefan de Vries a précisé les conditions dans lesquelles il a pris les photos. "J'ai été surpris de voir des manifestants arriver là alors que la manifestation commençait plus loin, place d'Italie, à environ 150 mètres. Puis j'ai vu que Mélenchon arrivait, c'était clairement une mise en scène, c'était flagrant. En plus ils ont utilisé un zoom, ce qui donne l'impression que Mélenchon est entouré d'une énorme foule, alors qu'il s'agissait de 20 à 30 personnes. Quand j'ai vu qu'on faisait une interview avec des caméras, j'ai zappé sur la télé et j'ai vu que c'était en direct sur TF1. Alors j'ai pris la photo depuis mon balcon, puis j'ai photographié l'écran de ma télé", précise-t-il.
Une chose est certaine, l'interview n'a pas été réalisée pendant la manifestation mais quelques dizaines de minutes avant le départ de celle-ci. De même, elle n'a pas été faite sur le parcours, mais dans une rue voisine. "Pour des questions de sécurité", précise l'entourage de Jean-Luc Mélenchon.
En fin d'après-midi, Jean-Luc Mélenchon a lui-même réagit via son compte Twitter:
"Aucun montage de #TF1. Diversion grotesque. Le vrai trucage, c'est #Valls. Journalistes, au lieu de régler des comptes, enquêtez."
Il n'en reste pas moins que l'image tombe mal pour les deux protagonistes. Pour TF1 d'abord qui pourrait être accusé de mise en scène, quelques jours après une polémique sur des huées lors d'un déplacement de François Hollande à Oyonnax. La chaîne n'a pour l'heure pas souhaité faire de commentaires.
"Une dimension militante aux images"
La distorsion entre les images diffusées à la télévision et la réalité pourrait également jeter un trouble sur la crédibilité de Jean-Luc Mélenchon quand il annonce la présence de 100.000 personnes à sa marche tandis que la préfecture de police n'en a annoncé que 7.000.
"C'est une opération qui vise à nous nuire. Que voulez-vous que je vous dise, je comprends que nos opposants veuillent faire feu de tous bois", explique au HuffPost Alexis Corbière, un proche de Jean-Luc Mélenchon. "Je suis très à l'aise sur le fait qu'il y avait beaucoup de monde à la manifestation et même plus que je l'imaginais", se défend-il.
Sur l'interview proprement dite, voici la ligne de défense du Parti de gauche: "Les images ont une dimension politique, nous le savons bien. Pour présenter une manifestation, on n'allait pas faire l'interview dans une rue déserte. Il est donc logique d'avoir voulu donner une dimension militante aux images", explique le conseiller de Paris.
"Il n'y a jamais eu d'intention de faire croire qu'il y a avait du monde, ni de notre part ni de celle de TF1", abonde une proche conseillère de Jean-Luc Mélenchon. "Seulement pour un duplex censé illustrer une manifestation, il nous semblait plus sympa qu'il y ait des militants derrière pour faire une belle image en situation", ajoute-t-elle.
Pour le parti socialiste, la réponse est déjà toute trouvée: "Cette marche n'est pas une réussite", a taclé ce lundi matin le président du groupe PS à l'Assemblée, Bruno Le Roux.
- Source : Huffington Post