11 novembre : 70 interpellations sur les Champs-Elysées
Les cérémonies du 11 Novembre sur les Champs-Elysées ont été perturbées lundi par des groupes de manifestants venus conspuer François Hollande, provoquant des accrochages avec les forces de l'ordre qui ont procédé à 73 interpellations.
En pleine tourmente politique et sociale, au plus bas dans les sondages - deux nouvelles études le placent à des records d'impopularité, entre 21 et 22% d'avis favorables - le président avait lancé jeudi les commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale en appelant les Français à se rassembler. Les incidents de lundi ont largement gâché sa première sortie dans le cadre de ces cérémonies.
Dans l'après-midi à Oyonnax (Ain), où il rendait hommage aux résistants de 1943, le chef de l'Etat a affirmé que la République ne devait "jamais céder devant les pressions", ne "rien laisser passer face aux haines, aux intolérances".
Des manifestations d'hostilité au chef de l'Etat aussi virulentes que celles qui se sont produites à Paris sont exceptionnelles lors de ce type de commémorations dédiées au souvenir.
Un 11 Novembre marqué par ailleurs par un événement dramatique : à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), un homme visiblement déséquilibré a blessé à coups de couteau le député-maire UMP Bernard Reynès et deux conseillers municipaux.
A Paris, l'hommage, sous un soleil radieux, "à tous les morts pour la France", avait pourtant bien commencé avant d'être bousculé par plusieurs dizaines de manifestants. Militants d'extrême droite en blousons de cuir et manifestants arborant le bonnet rouge des opposants bretons à l'écotaxe ont conspué parfois violemment le chef de l'Etat : "Hollande démission, ta loi on n'en veut pas!"
Manuel Valls, le ministre de l'Intérieur, a aussitôt dénoncé des activistes "liés à l'extrême droite" et qualifié ces incidents d'"inacceptables, insupportables". Une condamnation largement partagée à gauche mais aussi par une partie de la droite, à l'image du patron de l'UMP Jean-François Copé qui a jugé "très regrettable" ce "mélange des genres un jour comme le 11 Novembre".
La loi "doit être la même" pour tous
Selon la préfecture de police, 73 personnes qui s'étaient rassemblées à l'appel "du Printemps français", en pointe contre le mariage homosexuel, et "de groupes d'extrême droite, dont le Renouveau français" ont été interpellées. Quatre personnes ont été placées en garde à vue.
Des badauds venus assister aux cérémonies ont parfois hurlé leur colère contre les manifestants : "Vous n'avez pas le droit d'instrumentaliser le 11 novembre. C'est vous la honte de la France!". Puis le calme est revenu vers midi sur les Champs-Elysées, après le départ du cortège officiel.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, a dénoncé des arrestations "arbitraires" de militants frontistes et rejeté toute responsabilité dans les incidents.
Pour le PS, le premier secrétaire Harlem Désir a condamné "les désordres provoqués par des extrémistes" qui "ont insulté notre mémoire nationale".
A l'issue des cérémonies, le chef de l'Etat a reçu à déjeuner à l'Elysée des familles de militaires français morts en opération dans l'année écoulée. Sept soldats français ont été tués depuis le début de l'opération Serval au Mali, en janvier.
Bleuet à la boutonnière, François Hollande s'est ensuite rendu à Oyonnax pour un hommage croisé aux combattants de 1914-1918 et aux résistants de la Seconde Guerre mondiale.
Le 11 Novembre 1943, 200 maquisards de l'Ain et du Haut-Jura ont défilé jusqu'au monument aux morts de la ville, pour y déposer une gerbe portant l'inscription "Les vainqueurs de demain à ceux de 14-18".
Dans un discours d'un quart d'heure, le chef de l'Etat n'a cessé de faire le lien entre le passé, notamment le haut fait de résistance qu'il était venu commémorer, et les difficultés de la période actuelle.
"La France est toujours capable de se relever, même des pires épreuves", "je n'accepterai jamais qu'elle soit divisée", a affirmé le chef de l'Etat, en martelant que la loi devait "être la même pour tout le monde" et devait être respectée "partout". Allusion appuyée aux conflits sociaux en cours, notamment en Bretagne.
Dans une ambiance chaleureuse - malgré quelques sifflets, notamment à sa sortie de la mairie d'Oyonnax après la cérémonie - François Hollande a serré longuement des mains et salué d'anciens résistants. Agé de 89 ans aujourd'hui, l'un d'entre eux, "Jo" dans la Résistance, regrettait les manifestations hostiles au président : "C'est idiot, il est là, il fait ce qu'il peut. Ce n'est pas un jour à faire des histoires".
- Source : La Dépèche