Aider les autres diminue la douleur physique. Quand l’altruisme fait du bien
Tout récemment, de nouvelles études en neurologie ont permis d’identifier un autre élément de satisfaction dans l’acte généreux, bien plus détaché de considérations morales ou sociales : le ressenti de la douleur physique. Ces études permettent à la fois de faire avancer la recherche sur l’altruisme dans le comportement humain et animal, mais aussi l’étude sur la douleur et comment l’atténuer.
Depuis des siècles, la question de l’altruisme se pose dans l’humanité. Psychologues, philosophes, anthropologues, biologistes, neurologues, se penchent sur les raisons qui poussent un individu — humain et non humain — à aider un autre individu. Dans quelles conditions cette aide peut se manifester, jusqu’où elle se déploie, quels sont ses coûts ou ses avantages non formulés ?
De nombreuse études issues de l’éthologie montrent que pour qu’un individu en aide un autre, c’est qu’il y a un bienfait à moyen ou long terme : reconnaissance par les autres membres du groupe, auto-satisfaction, retour de la faveur accordée à moyen et long termes, élévation dans la hiérarchie sociale, apaisement des tensions.
Chez les humains, ces éléments sont plus difficiles à déceler car les contextes sociaux et culturels dans lesquels nous évoluons et notre psychologie sont bien plus complexes. Mais en tant que mammifères et primates, nous sommes régis par les mêmes comportements de base, sur lesquels nous avons ajouté des couches de complexité socioculturelle et psychologique.
Attention, il ne s’agit pas de dire que certains individus seraient moins sincères que d’autres. Nous sommes des êtres complexes. Qu’une action soit bénéfique pour nous ne signifie pas qu’elle soit égoïste. Si nous voulons aider des gens dont la situation nous paraît injuste, nous satisfaisons notre idéal de justice et le sentiment d’être utile à quelque chose. Aider l’autre nous apporte chaleur, reconnaissance, affection, sentiment d’utilité, autant d’éléments qui contribuent à notre bien-être.
Tout récemment, de nouvelles études en neurologie ont permis d’identifier un autre élément de satisfaction dans l’acte généreux, bien plus détaché de considérations morales ou sociales : le ressenti de la douleur physique. Ces études permettent à la fois de faire avancer la recherche sur l’altruisme dans le comportement humain et animal, mais aussi l’étude sur la douleur et comment l’atténuer.
La toute récente étude de l’Académie des Sciences des États Unis, la PNAS, démontre que des comportements altruistes influencent la perception de la douleur immédiate. La région du cerveau qui répond à la stimulation de la douleur est désactivée lors d’un acte altruiste. Sur un échantillon de 200 personnes, les scientifiques ont mesuré la douleur physique de personnes souffrant de douleurs chroniques faisant un don de sang après un tremblement de terre, comparées à des personnes qui faisaient un test sanguin de routine avec une plus grosse seringue. Le premier groupe ressent moins la douleur.
De même, des personnes allant régulièrement aider des enfants de migrant souffrent moins du froid que ceux qui ne le font pas. Enfin, des personnes atteintes de cancer et souffrant de douleurs chroniques ressentent moins de douleurs lorsqu’elles cuisinent pour d’autres personnes que lorsqu’elles cuisinent pour elles-mêmes.
Ces études mériteraient d’être poussées car à l’heure actuelle, elles sont limitées à un petit échantillon de 200 personnes. On se serait aussi attendu, pour plus de rigueur, à une étude comparative avec d’autres occupations de l’esprit qui permettent d’atténuer les douleurs physiques, comme écouter de la musique ou se rappeler un bon souvenir. Ce qui est sûr, c’est que comme le plaisir que nous tirons de l’acte sexuel, le plaisir que nous tirons à aider les autres est utile du point de vue évolutif. À l’heure des grands bouleversements de notre monde, aider les autres n’est pas un acte d’idéaliste bisounours, mais l’un des meilleurs outils pour construire un monde que nous puissions mériter.
- Source : La Relève et la Peste