Guerre en Syrie, immixtions et désinformation
On parle beaucoup de l’intervention du Hezbollah, du soutien russo-iranien à l’Etat syrien, du soutien des monarchies du golfe à l’opposition djihadiste syrienne ou du rôle de la Turquie, mais on oublie que la guerre concerne aussi directement l’état d’Israël, qui espère qu’une chute d’Assad permettra l’affaiblissement voir la disparition du Hezbollah. Depuis le début de cette année 2013, l’Etat Hébreu était ainsi déjà intervenu militairement au moins trois fois en Syrie. En janvier tout d’abord, pour détruire un convoi d'armes destinées au Hezbollah puis par deux fois en mai contre un centre de recherches scientifiques, un dépôt de munitions et une unité de la défense anti-aérienne.
Au sein de cette guerre totale de l’information, certains nouvelles passent relativement inaperçues alors qu’elles sont sans doute d’une importance capitale puisqu’il semblerait qu’Israël ait frappé une quatrième fois la Syrie.
Le 5 juillet, une série de fortes explosions sont entendues par les résidents de la ville d’Eilat, en Israël. Les forces de sécurité dépêchées sur place ne vont pourtant trouver aucune trace de missiles ou roquettes. Quelques heures plus tard, de nouvelles explosions sont entendues autour des bases militaires de Qassi et Samiya, situées à proximité de la ville côtière de Lattaquié, en Syrie.
Le lendemain, soit le 6 juillet, la radio israélienne annonce qu’un de ses F-16I s’est abîmé en mer méditerranée suite à une défaillance technique du moteur mais que le pilote et son navigateur ont été secourus. Le Commandeur de la force israélienne, le général Amir Eshel a alors annoncé l’immobilisation au sol de tous les F-16I et Boeing F-15I jusqu’à ce que les circonstances entourant la perte de ce F-16I soient éclaircies.
Selon CNN, l’opération a été menée par Israël pour détruire des installations contenant une cinquantaine de missiles antinavires Iakhont P800 de fabrication russe. Toujours selon la presse américaine, l’attaque aurait bien été menée par Israël (qui dément) via un raid aérien pendant que la presse britannique affirme au contraire que l'attaque aurait été menée par un sous-marin israélien de la classe Dolphin, tandis que des sources proches de la chaîne Russia-Today affirment elles que l’attaque aurait eu lieu via l’utilisation de bases turques, ce qui a été démenti par Ankara.
Le 14 juillet 2013, la presse syrienne affirme détenir des informations prouvant que le F-16I israélien n’a pas été victime d’un dysfonctionnement mais aurait bel et bien été abattu par la défense syrienne. Pour les analystes syriens, cette attaque israélienne serait en fait une réponse à la destruction par de missiles franchement livrés à Israël et stockés non loin de la ville d’Eilat par l’axe Syrie-Hezbollah.
Cette opaque affaire n’est pas sans rappeler la très étrange histoire de la cargaison du porte-conteneur japonais Mol Comfort, suspecté de transporter des armes à destination de l’opposition à l'armée Syrienne et qui a mystérieusement coulé le 17 juin 2013, alors qu’il était en provenance de Singapour et à destination de Jeddah, en Arabie Saoudite.
Alors que l’opposition syrienne semble plus divisée que jamais, les combats entre rebelles et islamistes s’intensifient et les Talibans pakistanais viennent d’annoncer l’envoi de centaines de supplétifs pour combattre Assad, devenant ainsi, dans un retournement historique et politique sans doute sans précédent, les alliés directs de l’Occident dans la guerre contre la Syrie d’Assad.
Alors que l’Armée syrienne semble reprendre du terrain, il semble de moins en moins probable que le régime syrien s’effondre, surtout maintenant que l’Occident (Amérique et Angleterre en tête) semble refuser définitivement l’armement des « rebelles ». Des « rebelles » dont du reste plus personne ne pense aujourd’hui qu’ils puissent ni renverser Assad, ni faire face a la colonne Islamiste radicale qui vient de leur déclarer la guerre.
A n’en pas douter, la guerre de l’information va fortement s’accentuer en Syrie dans les prochains mois.