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Lundi, 23 Déc. 2024

Grèce : les masques sont tombés

Auteur : Jacques Lemaire via dessousdebruxelles.ellyn.fr | Editeur : Stanislas | Mercredi, 19 Juin 2013 - 13h51

Les masques sont tombés en Grèce. A commencer par celui des économistes orthodoxes et autres idéologues à gages de la finance, dont la rhétorique n’est plus capable de justifier la catastrophe économique et sociale dans laquelle leurs bonnes potions ont plongé la Grèce. Celui des gouvernements européens et des institutions de l’Union européenne, qui ont donné au terme de « solidarité européenne » une nouvelle définition, celle d’une mise à sac brutale d’un pays.

Les masques sont tombés le jour où François Hollande est venu en Grèce le 13 juin 2012, un mois à peine après avoir déclaré que « l’austérité ne pouvait plus être une fatalité », pour inciter les grecs, dans une menace à peine voilée, à « tenir leurs engagements », c’est-à-dire à voter en faveur du conservateur pro-austérité Antonis Samaras, ou alors à se préparer à sortir à leurs frais de la zone euro [1].

Les masques sont tombés le jour où l’entourage de Georges Papandreou, premier chef d’Etat grec à négocier les conditions du « sauvetage » de la Grèce avec la Troïka, a été mis en cause pour évasion fiscale en Suisse (suite à la publication de la fameuse « liste Lagarde » qui a valu au journaliste Kostas Vaxevanis une arrestation expresse).

Et quelle surprise de constater qu’en Grèce comme en France, les plus fervents défenseurs de la rigueur sont aussi les plus corrompus (ce qui fait dire à Emmanuel Todd que « la notion même d’austérité est véhiculée par des pourris »).

Les masques sont tombés, donc… mais cela ne semble pas embarrasser davantage les gouvernements et institutions de l’Union européenne. Les créanciers européens de la Grèce – dont la brutalité et le cynisme sont à même de tirer des remords au FMI – continuent en effet d’imposer des conditions drastiques au gouvernement grec : réduction à la hussarde des effectifs de la fonction publique, taille dans les budgets, réformes antisociales…

Il faut imaginer le degré de stupéfaction dans lequel se trouve plongé le peuple grec, depuis trois ans pris dans le piège de « cette catastrophe nommée sauvetage [2] » ; confronté à un rouleau compresseur que rien ne semble être en mesure d’arrêter, ni la preuve des conséquences désastreuses de l’austérité, ni des mobilisations sociales sans précédents.

C’est que le rapport de force avec les institutions et gouvernements européens semble disproportionné. Dans un contexte où la résignation et la survie semblent les seules options possibles, l’extrême droite progresse de manière spectaculaire en désignant les immigrés comme bouc-émissaires [3]. Un récent sondage montre une progression spectaculaire du parti néo-nazi Aube dorée, donné comme troisième force politique du pays.

Dans le même temps, la mise en œuvre de l’austérité en l’absence de toute légitimité démocratique, nécessite de recourir à des méthodes autoritaires. En janvier 2013, le gouvernement grec a décrété la loi martiale et mobilisé la police anti-émeute pour briser la grève de neuf jours des employés du métro d’Athènes.

Mesure impensable il y a quelques années, les conventions collectives ont été suspendues fin mars 2013, dans l’indifférence presque totale des grandes confédérations syndicales européennes, tandis que les attaques sur les droits du travail se multiplient [4].

La récente fermeture de l’audiovisuel public grec (qui a provoqué l’émotion des médias, mais aussi une importante mobilisation populaire en Grèce) est symptomatique de la manière discrétionnaire dont le gouvernement Samaras impose l’austérité : par décret. Epiphénomène de la rigueur sauvage imposée à la Grèce, elle pourrait néanmoins constituer un symbole, et provoquer une prise de conscience de l’alternative qui se présente en Grèce et en Europe : le lent glissement vers le pire, ou la rupture avec les diktats de l’austérité.

Si les tenants du néolibéralisme affirmaient en 1975 qu’il y avait « des limites désirables à l’extension de la démocratie politique [5] », il est désormais certain que la politique imposée à la Grèce et la démocratie ne sont plus compatibles.

Les masques sont tombés en Grèce. A commencer par celui des économistes orthodoxes et autres idéologues à gages de la finance, dont la rhétorique n’est plus capable de justifier la catastrophe économique et sociale dans laquelle leurs bonnes potions ont plongé la Grèce. Celui des gouvernements européens et des institutions de l’Union européenne, qui ont donné au terme de « solidarité européenne » une nouvelle définition, celle d’une mise à sac brutale d’un pays.

Les masques sont tombés le jour où François Hollande est venu en Grèce le 13 juin 2012, un mois à peine après avoir déclaré que « l’austérité ne pouvait plus être une fatalité », pour inciter les grecs, dans une menace à peine voilée, à « tenir leurs engagements », c’est-à-dire à voter en faveur du conservateur pro-austérité Antonis Samaras, ou alors à se préparer à sortir à leurs frais de la zone euro [1].

Les masques sont tombés le jour où l’entourage de Georges Papandreou, premier chef d’Etat grec à négocier les conditions du « sauvetage » de la Grèce avec la Troïka, a été mis en cause pour évasion fiscale en Suisse (suite à la publication de la fameuse « liste Lagarde » qui a valu au journaliste Kostas Vaxevanis une arrestation expresse).

Et quelle surprise de constater qu’en Grèce comme en France, les plus fervents défenseurs de la rigueur sont aussi les plus corrompus (ce qui fait dire à Emmanuel Todd que « la notion même d’austérité est véhiculée par des pourris »).

Les masques sont tombés, donc… mais cela ne semble pas embarrasser davantage les gouvernements et institutions de l’Union européenne. Les créanciers européens de la Grèce – dont la brutalité et le cynisme sont à même de tirer des remords au FMI – continuent en effet d’imposer des conditions drastiques au gouvernement grec : réduction à la hussarde des effectifs de la fonction publique, taille dans les budgets, réformes antisociales…

Il faut imaginer le degré de stupéfaction dans lequel se trouve plongé le peuple grec, depuis trois ans pris dans le piège de « cette catastrophe nommée sauvetage [2] » ; confronté à un rouleau compresseur que rien ne semble être en mesure d’arrêter, ni la preuve des conséquences désastreuses de l’austérité, ni des mobilisations sociales sans précédents.

C’est que le rapport de force avec les institutions et gouvernements européens semble disproportionné. Dans un contexte où la résignation et la survie semblent les seules options possibles, l’extrême droite progresse de manière spectaculaire en désignant les immigrés comme bouc-émissaires [3]. Un récent sondage montre une progression spectaculaire du parti néo-nazi Aube dorée, donné comme troisième force politique du pays.

Dans le même temps, la mise en œuvre de l’austérité en l’absence de toute légitimité démocratique, nécessite de recourir à des méthodes autoritaires. En janvier 2013, le gouvernement grec a décrété la loi martiale et mobilisé la police anti-émeute pour briser la grève de neuf jours des employés du métro d’Athènes.

Mesure impensable il y a quelques années, les conventions collectives ont été suspendues fin mars 2013, dans l’indifférence presque totale des grandes confédérations syndicales européennes, tandis que les attaques sur les droits du travail se multiplient [4].

La récente fermeture de l’audiovisuel public grec (qui a provoqué l’émotion des médias, mais aussi une importante mobilisation populaire en Grèce) est symptomatique de la manière discrétionnaire dont le gouvernement Samaras impose l’austérité : par décret. Epiphénomène de la rigueur sauvage imposée à la Grèce, elle pourrait néanmoins constituer un symbole, et provoquer une prise de conscience de l’alternative qui se présente en Grèce et en Europe : le lent glissement vers le pire, ou la rupture avec les diktats de l’austérité.

Si les tenants du néolibéralisme affirmaient en 1975 qu’il y avait « des limites désirables à l’extension de la démocratie politique [5] », il est désormais certain que la politique imposée à la Grèce et la démocratie ne sont plus compatibles.


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