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L’Eurogroupe punit Alexis Tsipras pour ses mesures sociales

Auteur : Les Echos | Editeur : Walt | Mardi, 27 Déc. 2016 - 14h24

Quelques jours après la décision du gouvernement grec de distribuer un bonus aux retraités les plus modestes, ses créanciers suspendent l’allègement de la dette.

La sanction n'a pas traîné. Quelques jours à peine après la décision du premier ministre grec , Alexis Tsipras d'accroître le niveau des retraites pour 2016, le président de l'Eurogroupe, qui réunit les ministres des Finances de la zone euro, a décidé de suspendre les premières mesures d'allègement de la dette grecque, décidé lors de leur dernière réunion lundi 5 décembre.

« Les actions du gouvernement grec » -- rétablissement d'un 13e versement annuel pour les petites retraites et ajournement de la hausse de la TVA dans les îles frappées par la crise des migrants -- « ne sont pas en ligne avec nos accords », selon « quelques Etats membres », écrit mercredi dans un communiqué l'Eurogroupe, ce qui empêche la mise en place des mesures d'allègement de la dette. L'Allemagne avait clairement fait savoir que ces « mesures unilatérales » prises par Athènes n'étaient pas acceptables.

Geste social exceptionnel

Depuis que la Grèce est sous perfusion financière de ses partenaires européens et du FMI, toutes les décisions économiques et budgétaires sont passées au crible de la « troika » des créanciers. Il y a quelques jours, Alexis Tsipras s'était cru autorisé à consacrer 600 millions d'euros pour soutenir les pensions des petits retraités. Limitée à 2016, cette bonification des retraites devait représenter entre 300 et 830 euros par an et par retraités qui reçoivent moins de 850 euros de pension mensuelle, ce qui concerne 1,6 million de retraités.

Un coût de 617 millions d'euros, ou 0,35% de PIB

Au total, ce bonus de Noël, destiné aussi à faire remonter la cote de popularité du Premier ministre qui est tombée très bas, devait coûter 617 millions d'euros ou 0,35% de PIB. Il se peut aussi qu'Alexis Tsipras, las de se soumettre à toutes les exigences de ses créanciers ait en tête de provoquer dans les semaines à venir de nouvelles élections et qu'il cherche à se refaire d'ici là une image de gauche plus proche de ses promesses initiales.

Un surplus chèrement acquis

Cette dépense imprévue est largement financée, puisque le gouvernement a réussi à dégager en 2016 un excédent primaire -une fois remboursée la charge de la dette- d'environ 1,1% du PIB soit très au dessus de l'objectif de 0,75% fixé avec les créanciers européens. Alexis Tsipras a cru benoîtement qu'il pourrait utiliser à sa guise ce surplus, chèrement acquis par une réduction des dépenses publiques.

Une échappée d'Alexis Tsipras pas tolérable

Mais les dirigeants européens, certains d'entre eux en tout cas, ont jugé que cette échappée d'Alexis Tsipras n'était pas tolérable. Et en décidant de bloquer les première mesures - modestes - d'allègement de la dette, ils mettent une pression maximum sur lui pour qu'il renonce à cet exceptionnel geste social. Le Premier ministre devrait rechercher jeudi, à l'occasion du sommet européen, le soutien de la chancelière allemande, Angela Merkel, et du président français, François Hollande. Il n'est pas sûr qu'il trouve une épaule plus réconfortante.

PARIS CONTESTE LA SUSPENSION DES MESURES D'ALLÈGEMENT DE LA DETTE GRECQUE

Michel Sapin, ministre français de l'Economie et des Finances, a contesté jeudi la décision de la présidence de l'Eurogroupe de suspendre les mesures d'allègement de la dette grecque, rappelant que ces mesures avaient été adoptées « sans aucune condition ».

« Les expressions individuelles ne sont pas des expressions collectives de l'Eurogroupe », a affirmé Michel Sapin lors d'une conférence de presse, dans une allusion implicite à l'Allemagne, pays qui a demandé la suspension de ces mesures.

« Les dispositions d'allègement de la dette seront mises en oeuvre », a insisté le ministre, rappelant que cette décision était « le premier pas fait par les pays de l'Eurogroupe pour tenir leurs engagements vis-à-vis de la Grèce ».

Le Parlement grec s'apprêtait jeudi à voter dans la soirée les mesures en faveur des petites retraites décidées par Alexis Tsipras, passant précisément outre aux réticences de la zone euro.

Pour une fois, la France ne pratique pas le suivisme habituel. Serait-ce parce que les socialistes sont dans les choux et qu’il s’agit de redorer leur blason en période électorale ? (Les Brins dherbes Engagés)


- Source : Les Echos

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