La Suède rejoint l'Otan en échange d'avions de combat américains pour la Turquie et la Grèce
Les États-Unis cherchent à équilibrer leurs relations avec la Turquie et la Grèce afin de les utiliser dans leur jeu contre la Russie et l'Iran.
Le département d'État américain a pratiquement en un jour approuvé la vente d'avions F-16 à la Turquie et de F-35 à la Grèce voisine. Deux notifications ont été envoyées pour approbation au Congrès.
La diplomatie américaine est prête à vendre à Ankara 40 chasseurs multirôles de quatrième génération F-16 et des kits de modernisation pour 79 autres avions déjà en service, ainsi que l'équipement associé. Le montant du contrat prévu s'élève à 23 milliards de dollars. Cette décision de Washington fait suite à l'accord du président turc Recep Tayyip Erdogan d'approuver la demande d'adhésion de la Suède à l'Otan.
En même temps, le département d'État a autorisé la vente d'avions de combat à la Grèce, dont les relations avec la Turquie sont historiquement très complexes. Il est proposé à Athènes de transférer 40 chasseurs de cinquième génération F-35 et l'équipement associé pour 8,6 milliards de dollars.
En annonçant les livraisons d'avions militaires à la Turquie et à la Grèce, les États-Unis espèrent résoudre plusieurs problèmes à la fois.
Avant tout, ils veulent équilibrer leurs relations avec Ankara et Athènes, qui ont été clairement déséquilibrées en faveur des Grecs au cours des cinq dernières années. Le refus de vendre à la Turquie des systèmes de missiles antiaériens Patriot et des chasseurs F-16, la tutelle des Américains sur les unités kurdes en Syrie et en Irak ainsi que les divergences de position sur le secteur de Gaza ont éloigné les États-Unis et la Turquie l'un de l'autre. Maintenant, en promettant des avions à Athènes et à Ankara, les Américains commencent à rétablir l'équilibre dans leur coopération avec ces deux alliés de l'Otan.
En outre, grâce à la Turquie, les États-Unis cherchent à renforcer le flanc oriental de l'Alliance contre la Russie et l'Iran. Washington s'efforcera de faire en sorte qu'Ankara s'éloigne de Moscou et de Téhéran et se retourne contre eux sur les fronts ukrainien, caucasien et moyen-oriental.
Enfin, dans le contexte du prochain transfert gratuit de F-16 à l'Ukraine, il serait très difficile pour Washington d'expliquer à la Turquie, membre de l'Otan, pourquoi elle ne pourrait pas avoir les mêmes avions, même pour de l'argent.
L'approbation des livraisons de F-35 américains à la Grèce devrait inciter cette dernière à soutenir encore plus activement l'Ukraine militairement. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken a déjà appelé le gouvernement grec à transférer ou vendre à Kiev des armes russes, promettant en échange d'"examiner la possibilité" d'allouer jusqu'à 200 millions de dollars. De plus, Athènes s'est vu promettre un lot gratuit d'équipement militaire, comprenant des frégates LCS obsolètes, des patrouilleurs, des avions de transport C-130 et des véhicules blindés.
Le Congrès américain ne devrait pas rencontrer de problème pour approuver les livraisons d'avions à la Grèce et à la Turquie. Dans les deux cas, il s'agit d'une acquisition de matériel pour de l'argent, et les acheteurs sont des alliés de l'Otan qu'il est prévu d'utiliser dans l'intérêt de l'Occident.
- Source : Observateur Continental