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Tous drogués: Les Français consomment 48 boîtes de médicaments par an et par personne, un record

Auteur : Pierre Bienvault | Editeur : Walt | Mercredi, 23 Nov. 2016 - 09h12

Les Français consomment 48 boîtes de médicaments par an et par personne, un record. Les médecins prescrivent-ils trop de médicaments ou les patients sont-ils trop attachés à l’ordonnance ?

« On ne peut pas dire que les veinotoniques (1) n’ont aucune efficacité. Il s’agit de médicaments qui agissent sur les douleurs d’origine veino-lymphatique. Dans cette indication, beaucoup de patients disent être soulagés et il n’y a aucune raison de ne pas les croire. Le problème est surtout que ces produits ont été mal positionnés. Ils ont aussi été utilisés à titre préventif pour éviter les varices et les phlébites. Or, dans ce cas, ils n’ont aucune efficacité.

Ensuite, je ne pense pas que cela soit l’existence ou non du médicament qui incite les patients à venir consulter un médecin. C’est parce qu’ils ont mal aux jambes qu’ils vont chez leur médecin. Et si demain les veinotoniques disparaissaient, les patients continueraient à consulter, pour être soulagés.

Sinon, c’est bien sûr possible de ne rien prescrire. Simplement, cela prend du temps. Il faut pouvoir expliquer pourquoi au patient. Ce n’est pas en recevant un malade cinq minutes qu’on va le convaincre de renoncer au médicament qu’il prend depuis vingt ans. Ce qui va le plus vite, c’est de prendre son stylo et de faire une ordonnance. Et le problème est que les consultations en France, notamment celle des généralistes, ne sont pas suffisamment rémunérées pour avoir le temps de faire de l’éducation thérapeutique ».

« Longtemps, le médicament a occupé une place particulière dans la consultation médicale. Ressortir de chez le médecin avec une ordonnance était vécu comme allant de soi pour de nombreux patients en France. François Dagognet, qui était philosophe et médecin, disait que c’est le fait de se voir prescrire un médicament qui fait exister la maladie aux yeux du malade. Mais cette tradition très française est en train d’évoluer, peut-être à cause des scandales sanitaires. De plus en plus de gens savent aujourd’hui qu’un médicament n’est pas un produit de consommation comme un autre, ils s’informent sur les effets secondaires ou refusent les prescriptions à rallonge.

Il faudrait aussi que les médecins modifient leurs pratiques. Il serait ainsi intéressant qu’ils écrivent sur l’ordonnance les conseils qu’ils peuvent donner oralement au patient durant la consultation. Des conseils alimentaires ou d’activité physique par exemple. C’est important d’en parler au patient, mais la valeur symbolique de l’écrit est forte. Ce n’est pas anodin que le seul document que le patient garde de sa consultation soit l’ordonnance sur laquelle le médecin a prescrit les médicaments. Il y a une trace. C’est ce que le patient va regarder le soir après être rentré chez lui. Et la prescription médicamenteuse, du coup, a un autre statut que les simples conseils de prévention ».

Note:

(1) Complètement déremboursés en 2008.


- Source : La Croix

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