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Attentat de Boston : le mystère s'épaissit (3/3)

Auteur : Bakchich | Editeur : Stanislas | Mercredi, 22 Mai 2013 - 14h43

Tamerlan Tsarnaev est mort et enterré. Grâce aux bons offices de son oncle Ruslan qui a déclaré publiquement qu’il méritait son sort…

C’est près de Richmond en Virginie, à des centaines de kilomètres de son domicile, qu’ont été discrètement enterrés les restes de Tamerlan Tsarnaev, co-auteur présumé avec son frère cadet Dzhokhar, de l’attentat perpétré pendant le marathon de Boston du 15 avril.

Son oncle Ruslan, l’homme qui aura littéralement catalysé l’attention des médias US pendant plusieurs jours en déclarant publiquement au sujet de ses neveux « qu’ils ne méritaient pas de vivre » l’a finalement accompagné lors de son ultime voyage. Les formalités administratives et logistiques ont été rendues possibles grâce aux efforts de la modeste entreprise de pompes funèbres de Peter Stefan située à Worcester, Massachusetts, qui a assuré l’intendance et paraît avoir été rassuré par tonton Ruslan qu’il n’en serait pas de sa poche.

Une veuve très discrète

La veuve du défunt, Katherine Russell qui va élever seule leur fille de 3 ans et s’est convertie à l’islam à la demande de son mari, a sans doute pensé que la dévotion avait ses limites ; elle n’a à aucun moment manifesté le souhait de récupérer la dépouille de son défunt mari pour se charger de son inhumation. Une attitude dans laquelle elle a pu être encouragée par ses avocats du cabinet DeLuca & Weizenbaum et ses parents qui ont publié le jour de la mort du boxeur, un communiqué d’une extrême sobriété : « notre fille a perdu son mari aujourd’hui, le père de son enfant. Nous ne parvenons toujours pas à commencer à comprendre comment une telle horrible tragédie a pu survenir. Au lendemain de l’horreur du Patriot’s Day, nous découvrons que nous ne connaissions pas vraiment Tamerlan Tsarnaev ».

Ils n’étaient pas les seuls. A commencer par les agents spéciaux du FBI qui l’ont interrogé à la suite des tuyaux reçus de Moscou en 2011 et n’ont pas trouvé à redire à ce que, sans emploi, il se déplace en Mercedes, et voyage pas mal en Tchétchènie, au Daguestan et sans doute à Moscou.

Katherine Russell est – il est bien temps – sous la surveillance constante du Bureau qui n’est pas complètement convaincu de son innocence dans l’affaire, bien que son ADN n’ait été retrouvé sur aucun des éléments ayant soit disant servi à Tamerlan pour confectionner les bombes. Elle a affirmé à plusieurs reprises avoir vu son mari pour la dernière fois le 18 avril, soit 3 jours après l’attentat et ne pas avoir observé de changement d’attitude notable chez  lui entre le 15 et le 18. Un SMS bizarre, envoyé après que les frangins aient pris la fuite, semble toutefois laisser perplexe les Agents Très Spéciaux. 

C’est la veuve elle-même qui a expliqué avec candeur aux agents du FBI que Tamerlan avait acheté 3 cocottes-minute et pour 200 dollars de fusées de feu d’artifice au mois de février…Un délai un peu longuet tout de même pour confectionner, même avec des gants de boxe au mains, un engin explosif digne de ce nom…

Les bonnes affaires de Tonton Ruslan

Quant à Tonton Ruslan, ce ne sont sûrement pas les remords qui ont justifié sa compassion tardive quand bien même il aurait déclaré à l’agence Associated Press avant de se mettre à la recherche d’un croque-mort compréhensif, que « bien sûr des membres de la famille prendront possession de la dépouille. Nous le ferons. Oui, nous le ferons ; une famille est une famille et un neveu reste un neveu… ».

Via l’organisation Benevolence International, le fondateur du Congrès des Organisations Internationales Tchétchènes  a donc apporté comme on l’a vu, une aide active à la mouvance islamiste intégriste en Tchétchénie incarnée par Chamil Basaïev, Fathi Mohamed Habib, alias « Cheikh Fathi » décédé de mort naturelle en 1997 et surtout du redoutable Abdullah Al Suwailem alias « Ibn Omar Al-Khattab » mort armes à la main en 2002. Pas vraiment des amis de l’Oncle Sam. 

Pour autant, sorti de nulle part et devenu par magie cathodique, le chouchou des médias US qui en redemandaient, l’intransigeant oncle Ruslan n’a pas eu de mots assez durs pour ses neveux qu’il prétend ne pas avoir revu depuis 2005, avant de s’occuper discrètement de l’enterrement de l’aîné en Virginie dans le carré musulman d’un cimetière improbable.

Caucase, gros billets et intégrisme

A l’image des circonstances réelles de l’attentat, Ruslan Tsarni est une énigme. On retrouve par exemple la trace de l’éphémère gendre d’un poids lourd de la CIA, à Londres en mai 2011 à l’occasion de la vente un brin sulfureuse, de la propriété du Prince Andrew à l’oligarque Kazakhe Timur Kulibaïev, devenu « roi du pétrole » de son pays grâce à l’appui sans faille de son beau père, le président autocrate Nursultan Nazarbaïev.

Ruslan Tsarni a témoigné en décembre 2012 devant la Haute Cour de Londres, affirmant que l’achat de la propriété princière de Sunninghill a été effectué par Kulibaïev avec une centaine de millions de dollars issus d’opérations de blanchiment réalisées par une entreprise qui lui était vaguement familière avant sa faillite, à savoir Big Sky Energy Corporation. Laquelle l’avait recruté en qualité de Vice Président et Secrétaire Général le 29 mars 2005 pour booster un peu ses contacts au Kazakhstan…

Pour en revenir à Boston d’où l’affaire est partie, restent les questions sans réponse et les coïncidences troublantes : la présence d’un dispositif policier hors norme pendant la course dont la présence d’une équipe de sécurité de la société Craft International et d’un véhicule bourré d’électronique de communication que l’on voit sur de nombreuses photos issues des caméras de surveillance, qui ont disparu avec la fumée des explosions ; l’incendie qui s’est déclaré à la bibliothèque JFK toute proche du lieu de l’attentat, l’évolution suspecte des versions policières quant aux circonstances du décès d’un collègue pendant un supposé échange de coups de feu avec les frères Tsarnaev sur le campus du MIT où ils n’avaient aucune raison de se trouver ; la fable du prétendu hold up commis par les frangins dans une épicerie à l’enseigne Seven-Eleven pour se procurer du cash, dont étrangement plus personne ne semble se souvenir ; surtout, l’identité de l’homme nu et menotté que les policiers ont fait monter dans une voiture de patrouille devant les caméras de CNN opportunément présentes sur place et qui ressemble beaucoup, malgré l’obscurité ambiante, à Tamerlan Tsarnaev.

Tchètchène aux Pruneaux

Enfin, les raisons pour lesquelles la police à copieusement arrosé de projectiles de gros calibres, le bateau bâché de David Henneberry habitant de Watertown dans lequel Dzhokhar Tsarnaev avait décidé de se cacher au terme de sa cavale. Sans arme selon le témoignage du propriétaire du bateau au journal le Boston Globe, lorsqu’il a découvert le corps inanimé du cadet des frères Tsarnaev inconscient qui pissait le sang près du compartiment moteur.  

Dzhokhar a survécu. Par miracle. Il constitue la dernière chance – si l’on peut dire – d’élucider un jour, l’énigme de l’attentat de Boston attribué par leur oncle aux yeux de l’Amérique, à deux losers solitaires… 


- Source : Bakchich

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