Même les médias commencent à reconnaître que les accords de libre-échange ne sont que de la…
Trump et Sanders ont rassemblé un fort soutien populaire en s’opposant aux traités de libre-échange.
Mais ce n’est pas que politique et populisme… Des experts médiatiques commencent à reconsidérer leur foi aveugle en un dogme voulant que plus de mondialisation et de plus larges accords de libre-échange sont toujours bénéfiques.
Le professeur d’économie à l’université de Berkeley, Robert Reich, ministre du Travail sous Bill Clinton, a écrit le mois dernier :
Imaginez que grâce à une loi spécifique nous augmentions le PIB états-unien. Mais que toute cette augmentation aille dans les poches des 1% les plus riches.
Les autres pourraient acheter quelques produits moins cher qu’avant. Mais cet avantage serait contrebalancé par la perte d’emplois et de salaires.
C’est, en gros, ce que nous a apporté le libre-échange ces vingt dernières années.
Avant, je croyais au libre-échange. C’était avant que les salaires de la majorité des américains stagnent et que seuls certains en haut de l’échelle ramassent tous les profits économiques.
Les récents accords commerciaux ont beaucoup rapporté aux multinationales et à Wall Street ainsi qu’à leurs directeurs et actionnaires.
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Mais ces accords n’ont rien rapporté à la majorité des Américains.
Le fait est que les accords commerciaux ne concernent plus vraiment le commerce.
En fait, alors qu’il est trompeusement appelé accord commercial, seuls 5 des 29 chapitres du Trans Pacific Partnership (TTP) ont quelque chose à voir avec le commerce. Et certains conservateurs soulignent le fait que même ces 5 chapitres relatifs au commerce ne promeuvent pas le libre échange.
Reich continue :
Les taxes douanières sont déjà basses. Les grosses compagnies américaines ne fabriquent plus aux États-Unis pour exporter à l’étranger.
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Google, Apple, Uber, Facebook, Walmart, McDonalds, Microsoft, et Pfizer, par exemple, font des profits immenses de par le monde.
Mais ces profits ne reposent pas sur le travail américain, sauf pour un petit groupe de directeurs, de designers et de chercheurs états-uniens.
Au point que les grosses compagnies américaines ne fabriquent plus pour l’export, elles fabriquent presque tout à l’étranger et l’exportent de là-bas pour vendre dans le monde entier et aussi pour importer aux États-Unis.
L’iPhone d’Apple est assemblé en Chine avec des composants fabriqués au Japon, à Singapour et dans une demi-douzaine d’autres endroits. Les seules choses provenant des États-Unis sont le design et les instructions produites par une poignée d’ingénieurs et de directeurs en Californie.
Apple place même la majorité des ses bénéfices en dehors des États-Unis, afin d’éviter de payer des impôts dessus.
C’est pourquoi les compagnies états-uniennes sont moins intéressées qu’avant pour faire ouvrir les frontières des autres pays aux produits exportés des États-Unis et fabriqués par les ouvriers américains.
Elles sont plus intéressées à s’assurer que les autres pays ne s’enfuient pas avec leurs patentes et droits d’auteurs ou cherchent à restreindre leurs profits et mouvements de capitaux.
En réalité, les accords commerciaux d’aujourd’hui devraient être nommés accords de management global, parce qu’ils concernent essentiellement la protection des capitaux et des profits de ces grandes compagnies plus qu’ils n’augmentent les emplois et salaires aux États-Unis. Ces accords ne protègent même pas contre les manipulations monétaires des autres nations.
Selon l’Economic Policy Institute, l’accord de libre-échange nord-américain a coûté 700 000 emplois états-uniens, poussant ainsi les salaires vers le bas.
Depuis le début de l’accord de libre-échange États-Unis–Corée, le déficit commercial avec la Corée a augmenté de plus de 80%, équivalant à la perte de plus de 70 000 emplois états-uniens.
Le déficit commercial avec la Chine a augmenté de 23,9 milliards de dollars, l’année dernière, pour atteindre 342,6 milliards. Une fois de plus, le résultat final est une baisse des salaires américains.
Les anciens types d’accords commerciaux des années 1960 et 1970 ont augmenté la demande mondiale de produits fabriqués par des ouvriers américains et avaient donc permis une augmentation des salaires.
Les nouveaux types d’accords commerciaux ne font qu’augmenter les profits commerciaux et financiers des grosses compagnies et baisser les salaires.
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Des accords mondialistes comme le TTP vont augmenter les profits de Wall Street et des grosses compagnies et rendre les 1% de riches encore plus riches.
Mais ils vont exploser le reste de l’Amérique.
Parallèlement, le New York Times rapporte :
Les experts avaient-ils tort au sujet des bénéfices du commerce pour l’économie américaine ?
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La colère et la frustration des électeurs américains, poussée en partie par une mondialisation et des changements technologiques incessants… ont déjà un impact important sur le futur des États-Unis, bousculant un consensus autrefois solide sur le fait que le libre échange est nécessairement une bonne chose.
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La classe ouvrière en colère, si souvent considérée comme myope et incapable de comprendre les avantages du commerce libre, semble avoir saisi ce que les experts commencent à peine à réaliser : les bénéfices du commerce pour l’économie américaine n’en compensent pas toujours les coûts.
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Dans une récente étude, trois économistes, David Autor de l’Institut de technologie du Massachusetts, David Dorn de l’Université de Zurich et Gordon Hanson de l’Université de Californie, San Diego, ont lancé un défi à tous ceux qui pensent qu’une économie peut rapidement se relever de chocs commerciaux. En théorie, un pays industriel développé comme les États-Unis, s’adapte à la compétition commerciale en déplaçant les ouvriers vers des industries plus avancées ayant l’avantage dans la compétition sur les marchés mondiaux.
Ils ont étudié l’expérience d’ouvriers américains après l’apparition de la Chine sur le marché mondial, il y a vingt ans. L’adaptation prévue ne s’est pas produite, ont-ils conclu. Ou alors pas encore. Les salaires restent bas et le chômage élevé sur les marchés du travail les plus affectés. Au niveau national, on ne voit aucun signe de création d’emplois dans d’autres secteurs économiques. De plus, ils ont montré que le saccage des emplois sur les marchés du travail soumis à la compétition chinoise, réduisait les salaires de $213 par adulte et par an.
Dans une autre étude écrite avec Daron Acemoglu et Brendan Price de l’Institut de technologie du Massachusetts, ils estiment que l’augmentation des importations chinoises de 1999 à 2011 a coûté 2,4 millions d’emplois américains.
«Ces résultats devraient nous pousser à repenser les bénéfices à court et moyen terme du commerce, proposent-ils. Après avoir échoué à anticiper que les perturbations dues au commerce soient si importantes, il est du devoir des chercheurs d’estimer plus précisément les bénéfices du commerce afin que le cas du libre échange ne soit pas basé uniquement sur une théorie mais sur un ensemble de preuves qui montrent qui va en bénéficier, qui va en pâtir, de combien et dans quelles conditions.»
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L’avantage d’une mondialisation basée sur le fait qu’elle aide à augmenter le gâteau économique de 3% devient plus faible quand, par contre, elle change la distribution des parts de 50%, souligne Mr Autor.
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Ces nouvelles données sur le commerce montrent que les politiciens états-uniens ne peuvent plus continuer à en faire subir tous les inconvénients aux ouvriers du pays sans fournir de filets de sécurité plus solides.
Cela aurait pu être justifié si les coûts du commerce étaient vraiment faibles et de courte durée. Mais maintenant que nous savons qu’ils vont être importants et persistants, cela semble déraisonnable.
Traduit par Wayan, relu par Diane pour le Saker Francophone
- Source : Zero Hedge (Etats-Unis)