Russie: confirmation de la reprise de la production intérieure
La politique de sanctions économiques initiée par les Etats Unis et reprise par l’UE a réussi là où les différents gouvernements nationaux avaient jusqu’alors échoué: relancer la production intérieure. Jusqu’à 150% de bénéfices dans certains secteurs, par rapport à 2014.
Après la chute de l’Union Soviétique, la Russie est fortement attirée vers les activités économiques « propres », « décharnées », qui ne nécessitent pas trop de sueurs. Par ailleurs, les champs industriels, les usines rappellent trop le monde de l’ouvrier soviétique. Les usines doivent déménager. Par ailleurs, pourquoi se fatiguer à produire ce que l’on peut acheter avec de l’argent gagné facilement – sur les marchés, par les nouvelles technologies, avec le gaz et le pétrole etc. La Russie se veut post-moderne.
Pourtant, il faut bien réaliser que la Russie est un territoire très étendu, à la population disparate, avec des villes qui n’existent que par l’activité d’une industrie, des régions qui ne fonctionnent que sur la production agricole, des zones prises dans les glaces plusieurs mois dans l’année.
Oublier le développement industriel et agricole du pays, le troquer pour le rêve mythique d’une grande city recouvrant le monde développé est une utopie meurtrière. Pas uniquement pour la Russie, mais particulièrement pour la Russie.
N’ayant plus le choix, il a bien fallu tourner les yeux vers chez soi, non seulement permettre le développement de la production nationale, mais donner également accès aux points de vente. Et nous avons pu voir dans les magasins arriver des produits dont l’existence était alors insoupçonnée. Tout d’un coup, il se trouve que la Russie produit également des canards et des lapins, et qu’ils sont délicieux. La production de fromages peine plus, mais un effort notoire a été fait sur le fameux camembert, dont l’un d’entre eux ressemble même … à un camembert. Quant au poisson, nous avons découvert qu’il ne se présentait pas uniquement surgelé avec une glaçure étrange le recouvrant, mais pouvait être frais.
Et ces impressions sont confirmées par un rapport que vient de rendre le groupe Deloitte, publié par le journal Kommersant.
Ainsi la production nationale se développe et devient rentable. Dans le poisson, par rapport à 2014, les profits ont augmenté de 150%, dans l’agriculture l’augmentation est de 69%, dans les transports de 42,9%, en ce qui concerne les minéraux de 9,7%.
Cela s’explique tout autant par l’augmentation de la demande qui se reporte sur la production nationale, que sur le cours du rouble, qui rend la production nationale plus compétitive.
Comme l’affirmait le Gouvernement, la Russie est sortie de la crise, le pire est passé. Maintenant, il faut que les sanctions durent encore quelques années, pour stabiliser la restructuration du tissu productif national russe. Ensuite, alors, les PMI et PME russes pourront assumer la concurrence avec les entreprises étrangères. Le jeu, justement pour les entreprises étrangères, sera cette fois différent de celui des années 90, où elles avaient toutes les cartes en main.
- Source : Karine Bechet-Golovko