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Le G7 a ses propres conceptions sur la mer de Chine du Sud

Auteur : Wayne Madsen-Traduction jj, relu par Diane-le Saker Francophone | Editeur : Walt | Mardi, 30 Juin 2015 - 19h21

Les dirigeants du G7 ont publié un communiqué, à l’issue de leur sommet dans la retraite bavaroise préféré d’Adolf Hitler de Garmisch-Partenkirchen, qui vilipende la Chine pour ses revendications sur les îles de la mer de Chine méridionale riches en énergie.

Les dirigeants du G7 ont déclaré: «Nous nous opposons fermement à l’utilisation de l’intimidation, de la coercition ou de la force, ainsi qu’à toute action unilatérale visant à changer le statu quo, comme la revendication de territoires à grande échelle.» Ce que les dirigeants du G7 ont oublié de mentionner est que quatre membres du groupe d’élite, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et le Japon, ont utilisé des auxiliaires supplétifs comme les Philippines, la Malaisie, le Vietnam, l’Indonésie, Taiwan et l’ancienne République du Vietnam (Sud Vietnam) pour fortifier leurs possessions insulaires dans la mer de Chine méridionale. La déclaration du G7 était une manifestation de plus de l’hypocrisie grossière du groupe comme on l’a déjà vu avec leurs sanctions contre la Russie, la Syrie, l’Iran et d’autres pays.

En 1973 et 1974, l’un des efforts militaires à la fin du régime sud-vietnamien pro-américain à Saïgon a été de mettre la main sur un certain nombre des îles Paracel comme tentative de la dernière chance pour les États-Unis de maintenir le contrôle sur les riches réserves de pétrole du sud de la mer de Chine et bloquer le trafic maritime vers la Chine. En 1974, la Chine a commencé un forage exploratoire dans les îles Paracel. Les États-Unis et leurs alliés sud-vietnamiens ont tenté de tracer une ligne dans la mer entre les îles déjà occupées par la Chine, y compris l’île Woody, et celles occupées par le Sud-Vietnam.

Le 16 Janvier 1974, une frégate sud-vietnamienne a été envoyée à l’île Drummond où elle a rencontré deux chalutiers de pêche chinois armés et un détachement de l’armée chinoise occupant l’île. Des navires de guerre chinois ont également été observés au large de l’île Duncan où ils soutenaient une petite force chinoise de débarquement. Le Sud-vietnamien a exigé que la Chine retire ses forces des îles revendiquées par le Sud-Vietnam. Les Chinois ont ordonné aux Sud-Vietnamiens de quitter la zone. Le lendemain, le 17 janvier, trente commandos sud-vietnamiens, dirigés par un agent de l’Agence centrale de renseignement des États-Unis affecté à l’ambassade américaine à Saïgon, a atterri sur l’île Robert et retiré un drapeau chinois. Le 19 janvier, les troupes sud-vietnamiennes ont débarqué sur l’île Duncan et un échange de tirs a eu lieu avec les troupes chinoises. Surpassés en nombre par l’Armée populaire de libération chinoise, les Vietnamiens du Sud se sont retirés. Après une courte bataille navale et aérienne, les garnisons de Marines sud-vietnamiennes sur les îles Drummond, Duncan et Robert se sont rendues aux Chinois. Quatre frégates sud-vietnamiennes ont été endommagées et une a été coulée par les Chinois.

La bataille des Paracels a affirmé le contrôle chinois sur les trois îles qui se sont rendues, ainsi que sur l’île de Triton, qui était aussi revendiquée par le Sud-Vietnam. Le gouvernement sud-vietnamien a protesté auprès des Nations Unies contre cette action et les Nord-Vietnamiens et le Vietcong sont restés de marbre à propos de la victoire chinoise. Les Sud-Vietnamiens ont perdu 53 militaires et, en plus, les Chinois ont fait 48 prisonniers, dont un ancien capitaine des Bérets Verts de l’armée US, Gerald Kosh, supposé être un conseiller régional de sécurité à l’ambassade américaine à Saïgon, mais dont on pense qu’il était un agent de la CIA. En plus de Kosh, des témoignages font état de la présence d’éléments de SEALs de l’US Navy sur les îles pour aider les Vietnamiens du Sud à affronter les Chinois.

L’incursion Sud-Vietnam / CIA dans les Paracels en 1974 n’a pas été différente de la corde raide navale et aérienne actuellement affichée par les opérations américaines dans la mer de Chine du Sud et destinées à entraîner une confrontation avec la Chine. Tout comme les États-Unis ont utilisé le supplétif sud-vietnamien en 1974 pour initier une guerre avec la Chine sur les Paracels, aujourd’hui, ils cherchent à accomplir la même chose en utilisant les Philippines, le Vietnam, la Malaisie, Brunei et Taïwan. Même si les États-Unis ont tenté d’attiser les opérations militaires anti-chinoises parmi les nations ayant des réclamations sur les îles de la mer de Chine du Sud, l’ancien Premier ministre malaisien Mahathir Mohamed a déclaré que la Chine n’est une menace pour personne et que ce sont les États-Unis qui essaient de provoquer une confrontation militaire dans la région. Le ministre de la Défense malaisien Hishamuddin Hussein a également rejeté le bellicisme américain et dit que les patrouilles navales de la Chine de la région de l’île sont justifiées. Même les médias taïwanais ont accusé les États-Unis d’être derrière les incidents vietnamo-chinois concernant des navires et des plates-formes pétrolières.

Les dirigeants du G7 ont commodément omis de commenter les réclamations latentes du Royaume-Uni et de la France sur les îles de la mer de Chine du Sud. Bien que les deux membres du G7 n’aient pas fait valoir leurs revendications, ils ne les ont pas non plus retirées. Le G7, affichant son orgueil typique, met en garde la Chine contre la consolidation de ses revendications historiques sur les îles Paracels et Spratleys, mais ne parvient pas à admettre ses propres intérêts dans la région.

Les médias américains et australiens, en particulier les médias appartenant au va-t’en-guerre néocon Rupert Murdoch, ont été abreuvés d’histoires qui prétendent que la Chine veut militariser les îles Paracels et Spratleys, y compris des articles alarmistes sur le déploiement de missiles offensifs en mer de Chine du Sud. Cependant, des rapports de renseignement de la CIA préparés dès 1974 décrivaient déjà les installations militaires chinoises sur les îles en Chine du Sud, donc les médias occidentaux utilisent de vieilles informations réchauffées dans une tentative d’attiser les tensions pour le compte du complexe militaro-industriel américain.

Woody Island, également connu sous le nom de Yongxing et situé dans le groupe Amphitrite des Paracels, était le siège civil et militaire de l’administration chinoise des Paracels en 1974, selon le propre rapport secret de la CIA intitulé Les îles contestée en Asie de l’Est et daté de février 1974. Aujourd’hui, l’île abrite le ville de Sansha City, avec une population civile et militaire de 600 personnes. Quant aux autres îles de la mer de Chine du Sud, la CIA a estimé en 1974 que beaucoup avaient des installations militaires et navales chinoises. Elles comprenaient Rocky, relié à Woody par une route construite par les Chinois : Lincoln, Pattle, Robert et Duncan. En ce qui concerne la présence de la Chine dans les Spratleys sur la région du sud de la mer de Chine du Sud, il y a des bâtiments militaires et des quais sur South Johnson Reef : un entrepôt militaire, des emplacements d’artillerie, et une station radar et radio sur Gavin Reef, un bâtiment militaire de deux étages, un phare sur Hughes Reef, et une Station d’observation marine des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), une piste d’atterrissage, et une station radar sur Fiery Croix Reef. Aucune de ces installations ne suggère une menace militaire chinoise contre l’Australie ou la Septième flotte américaine comme allégué par les médias Murdoch, pas plus que la construction d’une Grande Muraille de sable, n’est une menace militaire offensive comme la décrit hystériquement le commandant de la Flotte américaine du Pacifique, l’amiral Harry Harris.

Le Président Obama, dans son pivot vers l’Asie, semble croire qu’une augmentation de la présence militaire terrestre, navale, et aérienne des États-Unis en Asie orientale et du Sud-Est devrait passer inaperçue par les puissances régionales comme la Chine. La consolidation de la marine et de l’infrastructure modeste de la Chine sur les Paracels et Spratleys sont une réponse directe aux mouvements agressifs américains dans la région, une stratégie qui a commencé en 1974 avec l’incursion sud-vietnamienne pro-américaine dans les Paracels. Récemment, un avion de patrouille de la marine américaine P-8A Poseidon a survolé Fiery Croix Reef dans le cadre d’une politique du Pentagone prenant des mesures concrètes dans la région. Si les généraux et les amiraux amateurs en fauteuil, à Washington et Honolulu, se tourmentent sur la présence croissante de la Chine dans sa mer du Sud, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes et à leurs mesures concrètes.


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