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Plan Marshall de la Chine en Amérique du Sud et en Amérique Centrale

Auteur : Valentin Vasilescu | Editeur : Walt | Samedi, 20 Juin 2015 - 18h46

La visite du Premier ministre chinois Li Keqiang au Brésil a débouché sur la signature d’importants accords économiques dans des domaines tels que l’agriculture, l’énergie et les transports, d’une valeur de 53 milliards USD.

Le Brésil livrera à la compagnie aérienne Tianjin Airlines 22 avions de ligne Embraer E-170/175/190/195. La Chine finance à hauteur de 7 milliards de dollars la principale société d’état dans le domaine de l’énergie Petroleo Brasileiro. La Chine achète chaque année plus de 60% du minerai de fer extrait dans le monde entier. C’est pourquoi elle a accordé un prêt de 5 milliards de dollars à la principale compagnie minière brésilienne, Vale, qui exploite les 34 plus grands navires minéraliers du monde (Valemax), construits en Chine.

La société, ayant comme actionnaire majeur la société chinoise MMG (Chinese Min Metals), a commencé le processus d’ouverture de nouvelles exploitations de minerai de fer, nécessitant un investissement supplémentaire de 16 milliards USD. À la suite de ces investissements, la production actuelle de 330 millions de tonnes, va croître en 2018 jusqu’à 450 millions de tonnes, soit plus que les deux concurrents australiens réunis, BHP Billiton et Rio Tinto. Cette étape est prise en main par un autre groupe chinois, Wuhan, qui a construit le nouveau port brésilien Açu, avec une superficie de 90 kilomètres carrés.

La société chinoise Three Gorges Corp. va construire le barrage et la centrale hydroélectrique de Tapajos dans la jungle amazonienne, dont les coûts sont estimés à 5,9 milliards USD. Un autre projet d’accord est celui d’un chemin de fer transcontinental de 3500 kilomètres qui reliera le port brésilien de Santos sur la côte Atlantique au port péruvien de Ilo, sur l’océan Pacifique. Le coût de ce projet est estimé à 30 milliards de dollars.

Après le Brésil, le Premier ministre chinois avait poursuivi sa visite du continent sud-américain en se rendant en Colombie, au Pérou, au Chili et enfin en Argentine. La visite a coïncidé avec la prise de contrôle par la MMG (Chinese Min Metals) de la zone d’exploitation minière de Las Bambas au Pérou pour plus de 6 milliards de dollars. En Argentine, les Chinois vont investir 4,7 milliards USD dans la construction de deux grandes centrales hydroélectriques et 11 milliards de dollars dans la construction de quatre réacteurs nucléaires.

La Chine, par le biais de la compagnie HKND de Hong Kong a obtenu la concession de terrains pour la construction d’un nouveau canal, parallèle à celui de Panama, situé à 600 km de là. Le nouveau canal sera situé sur le territoire nicaraguayen et aura une longueur de 278 km, partant de l’embouchure de la rivière Brito dans le Pacifique et se terminant à l’embouchure de la rivière Punta Gorda dans l’océan Atlantique. Le coût du projet est estimé à 40 milliards de dollars, montant dépassant deux fois le PIB annuel du Nicaragua. Le Canal de Panama permet le passage de tankers d’une capacité allant jusqu’à 80 000 tonnes, tandis que le canal du Nicaragua peut assurer le passage de tankers d’une capacité de 330 00 tonnes. La Chine vise à accroître les livraisons de pétrole du Venezuela jusqu’à 1 milliard de barils par jour.

Les relations commerciales de la Chine avec l’Amérique Centrale et du Sud ont presque explosé au cours des 15 dernières années, faisant un bond de 10 milliards de dollars en 2000 à 255,5 milliards USD en 2012. Un nouvel outil créé par la Chine pour soutenir les économies des pays membres du BRICS est la banque AIIB (Asian Infrastructure Investment Bank), où le Brésil (dont l’économie est au sixième rang mondial) est un membre fondateur aux côtés de l’Inde (troisième) et la Russie. Fondamentalement, la Chine applique un « plan Marshall » en Amérique du Sud et en Amérique Centrale similaire à celui entrepris par les Etats-Unis immédiatement après la guerre en Europe occidentale pour contrer l’influence soviétique.

Pourquoi la Chine ne s’est-elle pas précipitée pour investir dans les pays d’Europe de l’Est avec lesquels elle avaient des relations fraternelles jusqu’en 1989 ? La Chine a comme principaux concurrents économiques les Etats-Unis et ses satellites (Japon, Corée du Sud et l’UE). Comme les anciens pays communistes d’Europe sont membres de l’UE et de l’OTAN, la Chine n’y a pas investi d’argent, puisque les investissements chinois sont un levier par lequel ils défendent les intérêts politiques de la Chine dans certaines régions du monde. Cela se traduit par la suppression définitive de l’influence américaine, en particulier politique et militaire, dans les zones où la Chine dirige ses investissements.


- Source : Valentin Vasilescu

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