Le député des «Républicains» à Paris a condamné mercredi l’ingérence des Etats-Unis dans tous les domaines de la vie de l’Europe et déclaré que «les Américains vont trop loin» dans «Bourdin Direct» sur BFMTV et RMC.
Dans son interview à Jean-Jacques Bourdin diffusée mercredi, l’ancien Premier ministre a été interrogé sur plusieurs questions d’actualité nationale, dont l’ aller-retour de Manuel Valls en avion militaire d’Etat pour la finale de la Ligue des Champions et la situation économique de la France. Cependant, c’est en conclusion de l’entretien que Fillon a parlé avec le plus de fermeté, lorsqu’a été évoqué le sujet du traité de libre-échange transatlantique (TTIP).
«Dans l’état actuel, je suis contre la signature de l’accord TTIP», a tranché Fillon, se déclarant «choqué» par le fait que la justice américaine «se permet d’intervenir partout dans le monde».
«La justice américaine empiète en permanence sur les justices des pays européens», a-t-il estimé au sujet de la question qui alimente le plus activement le débat sur le traité TTIP : les tribunaux privés que les opposants au traités voient comme un pied de nez à la souveraineté de l’Etat, contraint par ce mécanisme d’évaluer les risques de devoir payer une indemnisation avant de prendre toute décision qui puisse affecter les profits d’une entreprise américaine.
Les tribunaux privés sont un mécanisme d’arbitrage qui permet à une société de réclamer à un Etat une indemnisation des dommages qu’elle a subit suite à l’adoption par l’Etat de telle ou telle mesure socio-économique.
L’ancien Premier ministre a également rappelé certains cas d’abus de juridiction de la justice américaine, dont la sanction contre BNP Paribas pour des faits «qui ne concernent en rien les Etats-Unis». «C’est le fait que les Etats-Unis estiment que toute transaction en dollar ouvre droit à des contentieux pour la justice américaine qui pose problème», a-t-il souligné, notant que les faits de violation des embargos américains envers le Soudan, Cuba et l'Iran qui avaient conduit à la sanction n’ont même pas eu lieu sur le sol américain.
«Aujourd’hui, l’Europe n’est pas indépendante», a-t-il déclaré. «Les Etats-Unis font pression sur l’Allemagne pour qu’on trouve un compromis pour la Grèce. Les services de renseignement allemands espionnent la France pas pour leur propre compte, mais pour le compte des Etats-Unis. Les Etats-Unis nous embarquent dans une croisade contre la Russie qui est contre les intérêts de l’Europe. Les Etats-Unis mènent une politique au Proche-Orient qui est extraordinairement dangereuse pour nous», a rappelé le député, avant d’ajouter qu’il désirait ouvrir le débat sur la question «Comment faire que l’Europe soit indépendante ?».
«Il faut dire aux Américains qu’ils vont trop loin. On ne peut pas continuer à négocier tant qu’il n’y aura pas eu une clarification de la place des Etats-Unis en Europe», a estimé le candidat aux primaires des Républicains. «Tous les jours, on découvre une sorte d’impérialisme, […] et c’est le résultat de la puissance et du fonctionnement du système politique [des Etats-Unis]», a conclu Fillon.