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Mercredi, 25 Déc. 2024

Le syndrome Ruggiéri ou du déni de soi

Auteur : Françoise Compoint | Editeur : Walt | Jeudi, 16 Avr. 2015 - 00h34

La récente bourde de la journaliste Marion Ruggiéri avait indigné le monde catholique et les Français respectueux d'une religion qui a fait de la France ce qu'elle est : la France de Clovis et de Sainte-Clotilde, de Louis XIV et du Général plus que celle de Voltaire, de Foucault, de BHL ou de Bergé.

Selon Mme Ruggiéri, ce sont les chrétiens qui ont inventé la lapidation. La lapidation est « une vieille tradition chrétienne » ce qui laisse supposer qu'Homère était chrétien… lui qui décrit avec tant d'éloquence cette pratique.

Il ne s'agit pas de faire un procès à cette journaliste qui n'a pas lu le Nouveau Testament, surtout Saint-Jean avec l'épisode de la femme coupable d'adultère que Jésus sauve du supplice par lapidation mais de constater une fois de plus que cette aberration culturelle vient peaufiner la mise en forme d'un tableau très peu rassurant. Souvenons-nous du dérapage dégoûtant de la RATP que même Manuel Valls, allant cette fois à contre-courant de son je-m-en-foutisme envers la cause chrétienne, a fermement dénoncé en pointant du doigt un manque de sensibilité « inapprorié » vis-à-vis des martyrs chrétiens du Moyen-Orient ce qui a poussé in fine la RATP et Métrobus a rétropédaler. Néanmoins, l'action en justice revendiquée par l'avocate de la Chredo (Coordination des chrétiens d'Orient), Me Samia Maktouf, a été rejetée lundi.

Si ce n'étaient les lames de fond écumantes qui avaient secoué le cocotier « de la neutralité du service public » en France, nous en serions toujours à considérer que les victimes chrétiennes d'Irak et de Syrie, avant tout, participent aux conflits interconfessionnels et intercommunautaires régionaux au même titre que les forces armées en confrontation. Kafka aurait fait chapeau bas!

En réalité, peut-on sérieusement accuser le service public quand le Président de la République oublie de souhaiter un joyeux Noël et, plus récemment, une joyeuse Pâques à son propre peuple (le pourcentage de catholiques, pratiquants et non partiquants tous confondus, oscille entre 60% 65% selon l'institut de sondage)? Cela étant, il n'oublie pas de souhaiter une bonne fin de Ramadan aux musulmans de France, non pas par solidarité réelle ou parce qu'il se serait converti en cachette mais bien parce que l'islam sait se faire respecter et réclamer ses droits. Hélas, ce n'est pas le cas des chrétiens occidentaux qui ont trop tendance à tendre l'autre joue. Que ne sont-ils pas descendus dans les rues pour demander la révision d'une facette très importante de la loi Macron qui autorise le remplacement des fêtes chrétiennes (Pâques et Assomption y compris) « à l'appréciation du préfet » mais pas les fêtes républicaines?

Le romancier et essayiste Pascal Bruckner s'est rendu il y a peu à Erbil où il a rencontré un grand nombre de réfugiés, chrétiens y compris. Chassés de chez eux, persécutés, Daesh en a fait des « nazaréens » promis, dans le meilleur des cas, à l'exil… quand ce n'est pas à la liquidation pure et simple. Mais ces gens-là tiennent bon: comment quitter une terre qui a d'abord été la leure, il y a deux mille ans, avant de devenir, progressivement, musulmane? Certains n'hésitent pas à prendre les armes en rejoignant les pechmergas, d'autres prient en attendant, le coeur en peine, la libération de Mossoul. Ce qui m'a frappé dans l'intervention de M. Bruckner, c'est la réaction de certains de ses amis qui ont tourné son départ en dérision y voyant la défense d'une cause de droite. N'est-il pas effrayant de constater que des Français catégorisent ainsi le soutien des chrétiens moyen-orientaux en percevant le soutien qui leur est apporté à travers le prisme d'un combat politique en l'occurence fondé sur le clivage gauche/droite? Seraient-ils dans le même registre si Daesh se défoulait sur eux en plein Paris, car, dans l'esprit du Frankenstein islamiste, un Européen est forcément chrétien ou de culture chrétienne. Ceux qui ricanent sont le pur produit d'une idéologie anti-française et déracinante qui a pris forme sous Mitterrand.

Le problème, c'est que le déni de soi finit toujours par des séances de sismothérapie de différentes amplitudes selon la gravité du cas. J'espère qu'il ne sera pas trop tard pour combler le Vide… et pas avec les caillous de Mme Ruggiéri.


- Source : Françoise Compoint

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