www.zejournal.mobi
Mercredi, 18 Déc. 2024

Macron plonge la France dans une crise politique profonde

Auteur : Karine Bechet-Golovko | Editeur : Walt | Mardi, 17 Déc. 2024 - 15h05

Après la chute de l'éphémère gouvernement Barnier, Macron a puni les Français en nommant Bayrou, le ventre mou de la République. Pour autant, la situation n'a pas changé: le Gouvernement est objectivement en minorité à l'Assemblée, l'instabilité ne sera pas surmontée par un coup de baguette magique. Gouverner contre les peuples, ce qui est la ligne naturelle de nos élites néolibérales, ne peut durer longtemps dans un système démocratique, prévu pour la gouvernance de la majorité. Le risque est  donc que le système cesse d'être démocratique, car ces élites ne vont pas abdiquer de leur plein gré pour sauver notre pays. Pour autant, dans tout cela, Macron ne risque rien, aussi paradoxal que cela puisse paraître. Il est temps d'arrêter de faire de la comm, comme LFI, et de s'occuper du fond du problème : le renouvellement des élites.

Bayrou enchaîne les consultations, pour tenter de constituer un Gouvernement en tant soi peu viable. Le pari est osé, car il ne veut pas des députés du RN et tente de briser la faible alliance de gauche en isolant LFI. Ce matin, il a continué ses consultations vers la gauche et a également invité l'ancien LR devenu RN Eric Ciotti.

Le problème est que le Gouvernement est objectivement en minorité, il ne peut s'appuyer que sur un tiers environ des députés. Le couple Bayrou/Macron a donc deux possibilités : soit diviser les coalitions pour se maintenir face à des minorités se combattant les unes les autres et chacune plus faible que lui ; soit constituer un gouvernement de "coalition nationale", qui comprendrait des membres venus de différents partis, incompatibles. Dans les deux cas, sa situation est instable, car il y a peu de chances de pouvoir réellement gouverner.

La crise dans laquelle est plongée la France est une crise, qui ne pourra pas être dépassée par une décision technique. C'est une crise consubstantielle au système de gouvernement minoritaire, contre la majorité, institué par les élites néolibérales et qui seul permet leur pouvoir. Un système fondamentalement anti-démocratique, qui a phagocyté des institutions démocratiques.

Le système institutionnel démocratique doit garantir, en théorie, le bon fonctionnement des institutions et donc protéger la fonction présidentielle contre la volonté destructrice de minorités politiques, qui voudraient nullifier le résultat du vote populaire par des procédures de destitution trop faciles, ce qui conduirait à l'opposition de deux formes de légitimité et rendrait le pays ingouvernable. Le problème est quand le Président ne gouverne pas dans l'intérêt national, mais est protégé par le système institutionnel. Faut-il détruire un système pour tenter de se débarrasser d'un homme ? Un peu basique, le jeu politique peut exister, si les élites politiques en ont réellement le courage.

Ainsi, quand LFI fait semblant de vouloir lancer une procédure de destitution contre Macron, ils ne font que de la comm. 

"François Bayrou, c'est le continuum de la politique d'Emmanuel Macron, argumente Zahia Hamdane pour justifier la décision de LFI de boycotter les rendez-vous avec le nouveau premier ministre. Si c'est pour s'entendre dire que nous allons continuer la politique d'Emmanuel Macron, on censure [...] Si d'aventure il arrive avec des propositions du nouveau Front populaire [...] on révisera peut-être notre copie".

Ils n'ont pas pu la faire passer en septembre, ils ne le pourront pas plus maintenant. Au-delà de la résolution qu'ils peuvent déposer au Bureau de l'Assemblée, la Commission des lois examine le fondement, à savoir la possibilité de qualifier ce qui est reproché au Président de la République de "manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat", selon la nouvelle formulation de l'art. 68 de la Constitution. Et ici chaque mot a son importance, ce qui rend sa réalisation très difficile sans un consensus de toutes les forces politiques. Car seul ce consensus doit permettre de revenir sur le vote populaire. Or, il n'existe pas aujourd'hui.

Et c'est ce consensus qui doit permettre d'aboutir la procédure de destitution,  avec le vote à la majorité des deux tiers des députés et des sénateurs. Ce qui est quasiment impossible pour une incompatibilité courante politique, ce qui ne peut être possible que dans les cas graves.

Bref, même si l'alliance tactique entre le RN et la coalition de Mélanchon a permis de faire sauter le Gouvernement, nous sommes loin d'une destitution présidentielle. Et encore plus loin d'une sortie de crise. Nous n'en sommes même qu'au début.


- Source : Russie politics

Cela peut vous intéresser

Commentaires

Envoyer votre commentaire avec :



Fermé

Recherche
Vous aimez notre site ?
(230 K)
Derniers Articles
Articles les plus lus
Loading...
Loading...
Loading...