Dans un État totalitaire, on ne ferait pas mieux
Si nous étions dans un État communiste totalitaire comme la Corée du Nord, les choses ne seraient pas différentes de ce que nous vivons en ce moment en France. Depuis quelques semaines, l’Assemblée nationale est le lieu où la démocratie meurt un peu plus de jour en jour. Une mort autour de laquelle s’affairent les députés de tous bords pour ne rien manquer de la fête.
Commençons par l’article 49–3 : il a été sorti par le Premier ministre pour imposer à tous la loi Macron. Une espèce de caricature de démocratie pour faire croire que cette loi pouvait être discutée, puis un passage en force inutile, la droite aurait voté et pas la gauche de la gauche. Valls, très courageux, n’a pas voulu courir le risque. Une parodie, donc, de représentation nationale, avec un effet immédiat : cet article 49-3 ne peut plus être utilisé.
C’était sans compter avec le passage en force des lois par la méthode utilisée depuis. La procédure dite « accélérée », c’est-à-dire un moyen d’aller vite en supprimant tout débat. La loi Santé, passée en catimini devant une commission composée de soutien à cette dite loi, et les articles ont été votés les uns après les autres par des groupes de 25 ou 30 personnes toutes acquise à la cause ou presque.
Nous avons donc vu passer les salles de shoot, sans réaction, le tiers payant généralisé, qui ne sera pas appliqué par les médecins, la fin du secret médical, avec les applaudissements des assurances. J’en passe et des meilleures. Pendant ce temps-là, les médias nous occupaient avec les tenants et les aboutissants des querelles familiales (fictives, sans doute) du Front national. L’UMP paradant devant les écrans pour parler de leur ego, de leurs élections primaires inutiles, de leur volonté d’alternance. Je rappelle qu’en France l’alternance n’a rien à voir avec le changement, mais seulement avec un jeu de chaises musicales. Pas un élu pour se battre contre ce système totalitaire qui bafoue la représentation nationale, pas un mot, une acceptation de tous les instants.
Le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, a bien essayé de dire tout haut ces dérives, mais sans grande écoute. Il n’a pas insisté tant il est accaparé par les transactions pour les régionales, pour lesquelles la droite se plaint du mode de scrutin, oubliant qu’ils le doivent à Raffarin.
Aujourd’hui, c’est la loi liberticide sur la sécurité qui va subir le même sort. C’est même le Premier ministre en personne qui vient la défendre, de peur que son ministre ne soit pas assez « autoritaire » Une telle loi digne d’un pays dirigé par des dictateurs ne peut passer qu’en force. Alors la procédure accélérée sera de mise encore une fois, une façon de contourner l’interdiction d’utilisation du 49–3. Comme pour le reste, les députés seront absents, ils ne diront rien et se plaindront ensuite que les électeurs les boudent.
Pendant ce temps-là, les Français subissent, la Constitution est malmenée, torturée par de petits chefs sans envergure. Nous avons les élus que nous méritons.
- Source : Patrick Crasnier