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La Chine devient un poumon vert de la planète

Auteur : Karel Vereycken | Editeur : Walt | Lundi, 30 Mars 2015 - 13h34

Contrairement aux idées reçues d’une Chine qui pollue à tout va, il s’avère que sur le « front de la sylviculture », la Chine est à la pointe. Les chiffres de la FAO démontrent qu’avec un accroissement de 2,5 millions d’hectares de ses zones boisées entre 1990 et 2010, la Chine s’est hissée au cinquième rang mondial pour sa superficie forestière, après la Russie, le Brésil, le Canada et les États-Unis. Et en couvrant 500 000 kilomètres carrés de sa surface de forêts, portant sa couverture forestière de 12 % à 18 %, la Chine abrite depuis 2009 la plus grande forêt artificielle au monde !

Depuis 1978, la Chine a pris très au sérieux la lutte contre la désertification. Et pour cause. Déjà frappé d’une mauvaise qualité de l’air de par sa dépendance au charbon, le pays doit aussi confronter des tempêtes de poussière telle que le « dragon jaune » qui se fait sentir jusqu’en Corée et au Japon. Fréquentes et massives, ces tempêtes tirent leur origine du désert de Gobi, une zone aride d’une superficie équivalente à la moitié de celle du désert d’Arabie, qui ne cesse de grandir.

En général, à l’échelle de la planète, avec la progression des déserts, l’humanité se confronte à la réduction des espaces utilisables pour son activité. A l’heure actuelle, 40 % des terres émergées sont menacés par la désertification. En Australie, le pourcentage de sols couverts de déserts atteint les 75 % de sa superficie et le pays subit depuis trois ans une sécheresse d’une sévérité inédite.

Aux États-Unis, les gouvernements sous la coupe de Wall Street ont pris l’habitude de faire l’impasse sur ce genre de problème. Depuis sa conception dans les années 1960, le grand projet de transfert hydrique NAWAPA, dont l’objectif est de transférer de l’eau du grand nord vers les zones arides du sud, est en panne de financement.

Ce qui fait qu’en Californie, sur plus de 80 % du territoire, c’est la tension hydrique qui prime avec des nappes phréatiques, des rivières et des lacs au plus bas ou carrément en voie de disparition. Résultat ? Alors qu’il s’agit de l’Etat le plus riche des Etats-Unis, des milliers d’hectares de terres agricoles sont en jachère et, à part quelques privilégiés, des millions d’Américains sont rationnés en eau.

Le volontarisme chinois

En Chine, les autorités font plus attention. En premier lieu parce que la sécheresse chronique dont souffre le nord se traduit directement en pénuries d’eau pour Beijing, la capitale du pays, peuplée de 20 millions habitants. Et la progression du désert dans son flanc nord-ouest est vécue comme une menace très réelle.

Pour relever le défi, le gouvernement chinois a opté pour un volontarisme exemplaire : en premier lieu un grand projet de transfert hydrique du sud vers le nord et un grand programme visant à planter pas moins d’une centaine de milliards d’arbres !

Lancé en 1978, le projet de la « grande muraille verte » est un projet gargantuesque à l’image du grand canal reliant Hangzhou à Beijing.

A l’horizon 2074, cette barrière verte de 35 millions d’hectares sur 4500 km s’étendant du Xinjiang à l’est jusqu’à Heilongjiang à l’ouest, serait couverte de 100 milliards d’arbres dont la moitié a déjà été plantée à ce jour. Au programme, une augmentation de la surface boisée du pays de 15 % d’ici à 2050.

La quatrième phase du projet, lancé en 2003, comprend l’ensemencement aérien pour couvrir de larges étendues de terres où le sol est moins aride et la rétribution des agriculteurs pour la plantation d’arbres et d’arbustes dans les zones les plus arides.

Évidemment, ce projet de dimension « pharaonique » donne des cauchemars aux cost-killers et à certains écologistes pour qui toute intervention de l’homme sur la nature, par essence, sera forcément nuisible.

Bien que de nombreuses difficultés restent à surmonter, ce qui est certain, c’est que le projet fait des émules en Afrique avec le lancement d’une autre « grande muraille verte » à la limite du Sahel sur le modèle du projet chinois et avec l’expertise de la Chine populaire.


- Source : Karel Vereycken

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