Le chômage est un facteur de surmortalité, révèle une étude de l'Inserm. La surmortalité serait trois fois supérieure chez les personnes en recherche d'emploi. Et le chiffre serait probablement "une sous-estimation de la réalité".
Le chiffre fait froid dans le dos : le chômage tuerait "entre 10 et 20 000 personnes par an" soit au moins cinq fois plus que les accidents de la route. C'est l'estimation de Pierre Meneton, chercheur en santé publique à l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), auteur d'une étude sur la santé des chômeurs, dont les résultats ont été publiés en décembre dans la revue International Archives of Occupational and Environmental Health. Menée entre 1995 et 2007 auprès de 6000 hommes et femmes âgés de 35 à 64 ans, cette étude met en avant une "surmortalité très importante" des chômeurs, presque trois fois supérieure à celle des autres catégories de la population.
D'un côté, il y a les suicides de chômeurs -entre 2008 et 2010, 584 de ces actes pourraient être attribués à la hausse du chômage. Et de l'autre, des conséquences directes sur la santé. Pierre Meneton évoque "des effets majeurs sur la survenue d'accidents cardiovasculaires et de pathologies chroniques". Selon le chercheur, les personnes au chômage "consomment plus d'alcool, moins de fruits et légumes, et ont un apport calorique, hors alcool, très significativement plus élevé que la moyenne".
Des chiffres sans doute "sous-estimés"
Ces "comportements à risques" expliquent que "les retraités ou les personnes volontairement inactives ne sont pas touchées", précise Pierre Meneton. Le scientifique le concède : les chiffres publiés sont probablement "une sous-estimation de la réalité". L'étude a été réalisée auprès de personnes plus favorisées que la moyenne, et ne tient pas compte des effets de la récession.
Ce mercredi soir, le ministère du Travail doit diffuser le nombre d'inscrits à Pôle Emploi, pour le mois de février. Le gouvernement espère une deuxième baisse consécutive.